Au mois de janvier dernier, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a sanctionné le Mali en raison du refus des autorités de la transition de respecter le calendrier électoral. Le premier gouvernement de la transition dirigé alors par Moctar Ouane, avait fixé la date des élections législatives et de la présidentielle au 27 février. Les nouvelles autorités maliennes issues du deuxième coup d’Etat de mai 2021 ont qualifié ces sanctions qui isolent leur pays, d’ « inhumaines ». Mais en dépit des discours radicaux, des efforts sont déployés de part et d’autre pour un retour à la normale.
C’est à cet égard que le médiateur de la Cedeao qui a récemment séjourné à Bamako y est attendu de nouveau ce 18 mars. Il essaiera d’obtenir des autorités de la transition au moins une promesse d’organisation d’élections dans un délai acceptable.
En prélude de cette visite, le chef de l’État du Sénégal, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine a eu un entretien téléphonique avec le colonel Assimi Goita. Macky Sall s’est prononcé en faveur de « la reprise du dialogue pour une solution négociée de la crise au Mali ». C’est le moment choisi par Emmanuel Macron pour mettre les pieds dans le plat.
En réaction à la suspension de RFI et de France24 au Mali suite à une série de reportages sur des exactions supposées des forces armées maliennes et de leurs partenaires russes de Wagner contre des civils dans le Centre, le président français a invité la Cedeao et l’Union africaine à « prendre les décisions qui conviennent ». « Des décisions que la France appuiera pour qu’à la fois, les violences, le déni de l’information et le droit des journalistes à librement informer, puissent cesser », justifie-t-il sur les antennes de BFM TV. Sauf que son propos risque de « décrédibiliser » davantage la Cedeao et par extension la disqualifie dans la recherche de solution dans cette crise.
Répondant à l’embargo décidé par l’institution sous-régionale, les autorités maliennes l’accusaient d’être « instrumentalisée par des puissances extrarégionales ».
Cette présentation de l’organisation sous-régionale a donné une certaine crédibilité à la junte auprès d’une bonne partie du peuple malien pour ne pas dire de l’opinion ouest-africaine.
Cette perception évoluera selon l’importance que les dirigeants africains donneront aux « injonctions » d’Emmanuel Macron qui, actuellement en campagne électorale, n’en est pas à sa dernière déclaration maladroite.