Le Secrétaire général du ministère de la Justice, Ibrahim Jean Etienne, a animé une conférence de presse, hier samedi 26 mars 2021, sur la situation générale des établissements pénitentiaires au Niger et particulièrement au niveau de la Prison de haute sécurité de Koutoukalé. A cette occasion, il a annoncé que plusieurs mesures destinées à assouplir les conditions de détention ont été prises spécifiquement au niveau de cette prison où des cas de dénis des droits de l’homme ont été rapportés ces derniers temps.
A l'entame de ses propos face à la presse, le SG du ministère de la Justice a indiqué que suite aux faits de maltraitance et de dénis de droits humains à la Prison centrale de Koutoukalé qui ont défrayé la chronique, une mission de l'administration pénitentiaire a été dépêchée pour constater de visu la situation de détention des prisonniers.
C'est sur la base de ces constats que, "des propositions de solutions visant à assouplir le régime carcéral ont été faites par cette mission", a souligné Ibrahim Jean Etienne qui a ajouté que la question a été immédiatement prise en charge et des mesures destinées à assouplir les conditions des détentions ont été prises. Il s’agit, a-t-il souligné, "de l’autorisation de visite des familles des détenus; de l’autorisation d’apport alimentaire et des produits de soins et de l’amélioration des conditions d’alimentation des détenus qui séjournent dans cet établissement".
Le Secrétaire général du ministère de la Justice a ajouté qu'au-delà de ces mesures qui concernent la prison de haute sécurité de Koutoukalé, une politique sectorielle est en train d'être mise en œuvre à travers plusieurs composantes, pénales, pénitentiaires et de droit de l’homme. Cette politique, a-t-il précisé, est assortie d’un plan décennal de mise en œuvre 2016 – 2025 duquel a été extrait un plan annuel de travail qui repose sur plusieurs axes et qui vient conforter tous les engagements pris en termes d’humanisation du milieu carcéral. Selon Ibrahim Jean Etienne, dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan, "nous avons identifié un certain nombre de mesures qui ont consisté à accroitre considérablement les ressources qui sont destinées à la prise en charge sanitaire et alimentaire des détenus ainsi que le désengorgement des établissements pénitentiaires". Les objectifs visés à ce niveau, a poursuivi le SG, sont relatifs à la réduction de la population carcérale au titre de l’année 2022 et que pour l’atteindre, il est envisagé d’arriver à un plan de tenue des audiences qui soit régulier et soutenu; l’interconnexion et la mise en réseau des différents parquets avec les cabinets d’instruction et les établissements pénitentiaires ainsi que des stratégies de réinsertion des détenus.
Amélioration des conditions des détenus
Dans son exposé, le Secrétaire général du ministère de la Justice a insisté sur le fait "qu'il y’a beaucoup d’efforts qui sont consentis par le gouvernement et la composante 3 du budget programme du ministère de la justice, qui concerne l’humanisation du milieu carcéral, consacre de ressources financières assez importantes pour la prise en charge des détenus, aussi bien sur le plan alimentaire que sur le plan des soins de santé".
L'un des volets envisagés est l’accélération des jugements pour diminuer le nombre des prévenus. A la date d’aujourd’hui, a-t-il indiqué à titre d'exemple, la Prison civile accueille 1579 prévenus sur un total de 1979 détenus. Avec seulement 355 condamnés, le taux de détention est de 400% dans cette prison de haute sécurité et c'est pourquoi, a indiqué Ibrahim Jean Etienne, la question de la réduction de la population carcérale figure sur l’agenda du ministère de la justice au cours de cette année 2022. "L’objectif à ce niveau est d’inverser la tendance en créant les conditions d’accélération des procès au niveau des juridictions", a expliqué le SG qui a toutefois, reconnu que cela va nécessiter des moyens colossaux que le ministère est s'est engagé à fournir, avec l'appui de plusieurs partenaires avec qui les concertations sont en cours. Il a aussi indiqué que des mesures concrètes vont être prises pour le suivi post carcéral des anciens détenus avec, à ce niveau, l'opérationnalisation prochaine d’une véritable stratégie d’insertion des détenus et leur reclassement social afin d’agir sur la récidive car a estimé Ibrahim Jean Etienne, "l’autonomisation des anciens détenus aura beaucoup d’effets dans la réduction des cas de récidive", ce qui permettra de réduire la population carcérale.