Agé seulement de 17 ans, Mohamed Shérif Ibrahim Ousmane a remporté le 2ème prix de la première édition du concours d’écriture «Plumes utiles» organisée par l’Université Swiss Umef de Niamey pour sa nouvelle intitulée ‘’L’écume des flammes’’. Ce jeune écrivain ressent une sensation de joie immense de remporter ce deuxième prix où il y’avait des candidats de taille. Il se réjouit également que ce prix lui soit décerné dans une grande école de la place ou la rigueur est de mise.
A l’issue de cette première édition du concours littéraire ‘’Plumes utiles’’ avec pour thème «le Niger que nous voulons», le jury très enthousiaste a attribué le deuxième prix à ce jeune nouvelliste. Le vernissage de l’ouvrage a eu lieu le 29 Janvier 2022 à Africa Hall de Niamey. Elève en seconde scientifique au Lycée Tayamana, ainé d’une fratrie de cinq enfants et amoureux de la lecture depuis qu’il avait neuf ans, Mohamed Shérif Ibrahim Ousmane confie que les éléments déclencheurs qui l’ont motivé à écrire sont les inégalités, les injustices et la corruption qui sévissent presque un peu partout y compris dans les établissements scolaires.
Dans cette nouvelle qui émerveilla plus d’un, il raconte la vie à l’école, dénonçant des inégalités sociales entre les enfants des riches et ceux des pauvres, avec comme titre ‘’Misère héréditaire’’. Tout en détaillant un aspect lié à l’injustice et la corruption à
outrance qui sévit dans certains établissements scolaires. Bénéficiaire de plusieurs bourses de formations et des stages de perfectionnement en leadership, en art oratoire, en écrit professionnel et une participation à un atelier d’écriture avec la maison d’éditions ‘’Plumes au Service de la Société’ ont forgé ce jeune écrivain.
‘’Tout se trouve dans la lecture» aimait–il dire. Il ne peut pas y être autrement avec des bibliothèques bien fournies au lycée Tayamana qu’il fréquente. Ce très jeune écrivain vit de cet amour qu’il voue à la lecture et à la littérature africaine en générale et la littérature nigérienne en particulier. Tout petit, il lisait des livres de Boubou Hama, Camara Laye, Léopold Sedar Senghor, Nazi Boni, etc.
Son premier ouvrage ‘’L’écume des flammes’’ est tiré d’une histoire réelle. «J’ai juste changé les noms avec l’accord du principal acteur, qui est un ami à moi, il était très brillant à l’époque, mais il n’a pas pu terminer ses études par négligence. Au collège, il était beau, fils à papa et faisait l’objet de convoitises, tout le monde l’aimait, naturellement les filles lui déclaraient leur amour. Je l’ai nommé Faade et sa petite amie Fadila. Ils étaient presque tout le temps ensemble, un amour idyllique qu’on ne voit que dans les films alors que la réalité est toute autre dans notre pays. Lorsque les responsables de l’établissement l’ont su ils ont convoqué les parents de ces derniers et d’avertissement en avertissement, ils ont fini par les renvoyer. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, mon ami a perdu son papa qui lui payait les frais de scolarité. Par négligence et par ignorance, mon ami se retrouva au chômage», explique Mohamed. Cet ouvrage, c’est pour interpeller ses jeunes frères et sœurs à étudier et à donner le meilleur d’eux-mêmes. «Il y’a un temps pour tout dans la vie. L’amour scolaire, il faut l’éviter au maximum parce qui’il a des conséquences négatives sur les études», estime-t-il.
En s’adonnant à l’écriture, plusieurs raisons le guidaient notamment l’amour pour l’art, faire la fierté de ses parents et de sa Nation selon ses propres mots. Ses moments de détente sont les seuls moments où il écrit pour libérer ses passions. «J’ose dire ce que j’inhume en mon fort intérieur. Les difficultés j’en ai eu beaucoup et bizarrement ça m’a aidé à donner le meilleur de moi et à me surpasser. Et je continuerai parce que je me fie à mon instinct. J’ai l’intuition pour la chose», a laissé entendre le jeune écrivain.
L’âge bonifie certes le talent de surcroît avec un travail. Le talent n’est pas fonction de l’âge. De nombreux écrivains sont très jeunes : Jean Batiste Poquelin dit Molière, Camus en sont des belles illustrations. Les obstacles, selon Mohamed Chérif, on en rencontre presque chaque jour. «Rien n’est facile dans la vie. Il faut d’abord connaitre ses réalités du terrain, le milieu du circuit littéraire, avoir des gens qui sont dans le domaine. Mais tout le problème réside dans l’Edition. Les coûts d’éditions sont souvent exorbitants. La maison d’édition Plume au Service de la Société (PSS) a été là pour nous, nous les jeunes écrivains. Elle a beaucoup fait pour moi, l’infographie, la maquette. Elle a pris tout cela en charge. Je ne cesse de les remercier», affirme Mohamed Chérif.
Pour ce jeune écrivain, la littérature nigérienne se porte bien. Il faut, estime-t-il, croire aux jeunes talents qui émergent et qui seront, sous peu, aguerris à l’exemple de Boubou Hama, Abdoulaye Mamani, Adamou Idé, Idé Oumarou, Amadou Ousmane, André Salifou. Mohamed Chérif envisage de produire davantage des textes d’expression poétique et de mettre en place des projets concrets qui concernent la jeunesse.