Du 05 au 13 mai 2022, la Plateforme Paysanne du Niger (PFPN), en collaboration avec la Banque Agricole du Niger (Bagri), a organisé une série de missions dans les huit (8) régions du Niger pour faire la promotion de l’initiative ‘‘Malafaré’’ ou ‘‘Tabatcche’’ en Zarma et en Haoussa. A cette occasion des rencontres ont été organisées pour mobiliser les principaux acteurs des chaines de valeur de toutes ces régions sur la nécessité de fédérer les efforts, pour un développement plus inclusif du secteur rural en général et des chaines de valeur agricoles à avantage comparatif en particulier.
De manière spécifique cette démarche vise à sensibiliser et conscientiser les exploitations familiales et leurs organisations pour une mobilisation de l’épargne locale à placer auprès de la BAGRI ; de mobiliser les exploitations familiales dans la constitution des capitaux afin qu’elles soient les actionnaires importants au niveau de la BAGRI et influencer les décisions stratégiques, sensibiliser et conscientiser les Organisations Paysannes (OP) et les autres acteurs du secteur agricole pour le remboursement des crédits contractés auprès de la BAGRI. La PFPN a organisé, hier mercredi 18 mai 2022, une conférence de presse, en vue d’informer le public sur les résultats de ces missions.
Selon M. Djibo Bagna, président de la PFPN, l’accès des exploitations familiales pour financer les activités sur toutes les chaines de valeurs végétales, animales et des autres activités du secteur rural, a toujours fait partie des préoccupations des responsables de la Plateforme Paysanne. «Aussi, depuis 2008, lors de la 1ère édition de la Journée du Paysan, notre structure a plaidé pour la création d’une banque agricole, qui a vu le jour en 2010 avec un capital initial de 10 milliards alimentée par l’État du Niger. La Banque Agricole du Niger (BAGRI) ainsi créée est donc actuellement, la seule et unique banque nationale du Niger. Il est important de souligner cela, pour que l’opinion nationale nigérienne comprenne que la BAGRI est ‘‘leur banque’’, pour ne pas dire ‘‘leur propriété’’», a indiqué M. Bagna.
C’est pour cela, selon lui, que la Plateforme Paysanne, acteur clé de la création de la BAGRI, se mobilise et se bat, au quotidien, pour que cette banque reste et demeure nationale et pour qu’elle ne soit pas cédée à des privés.
Le président de la PFPN a déclaré que, suite à des réflexions paysannes entamées entre 2014-2015 et des études commanditées en 2020, le constat fait par la PFPN et les organisations paysannes membres est que, le financement de la BAGRI dédié au secteur rural est très insuffisant dans son ensemble et ceci suite à l’absence des ressources adaptées aux besoins de développement des chaines de valeurs à avantage comparatif du Niger. «Les réflexions, dont les conclusions ont été présentées au Président de la République, Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, lors de la 2ème édition de la semaine du Paysan tenue à Margou-Béné, le 25 novembre 2022, ont amené les responsables de la Plateforme Paysanne du Niger à proposer le rachat des parts de l’État, selon la démarche de l’actionnariat paysanne et populaire. Ainsi, il a été proposé que le paysannat devienne actionnaire majoritaire et oriente les décisions vers plus de financement des exploitations agricoles, des unités d’élevage, des unités de transformation et des unités de commercialisation; que le taux de bancarisation agricole atteigne 60% des exploitants agricoles, des unités d’élevage, des unités de transformation et des unités de commercialisation et que les dépôts à vue et les dépôts à terme (DAT) font de la BAGRI un puissant outil de sécurisation financière et de financement du secteur agricole et agroindustriel», a rappelé M. Djibo Bagna.
«Ce sont ces propositions et cette volonté que nous avons partagé à toutes les catégories d’acteurs intervenant sur les chaines de valeurs végétales et animales afin de recueillir leurs perceptions et obtenir leurs adhésions et leurs engagement à cette initiative de mobilisation de l’épargne populaire et de fonds pour l’acquisition d’actions auprès de la BAGRI», a-t-il estimé. «Suite aux concertations tenues dans les différentes régions, nous pouvons vous rassurer du soutien et de l’engagement des acteurs pour la mobilisation des fonds afin que la BAGRI soit réellement ‘‘la banque nationale agricole’’», a déduit le président Djibo Bagna.