La détérioration de la sécurité dans la zone du Liptako Gourma a poussé 2.602 familles à chercher refuge dans les communes rurales de Makalondi et Torodi, situées respectivement à 96 kms et 60km à l’Ouest de la capitale Niamey. Dans cette zone les groupes terroristes ont abattu il y’a quelques semaines, de sang-froid de paisibles agriculteurs. Le vendredi 3 juin dernier, SEM Mohamed Bazoum, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Armées, s’est déplacé sur le terrain pour s’enquérir des préoccupations des déplacés et les informer de la mise en place d’un dispositif sécuritaire exceptionnel pour faciliter leur retour chez eux.
Le département de Torodi couvre une superficie de 7.000km2, avec une population de 182.612 habitants. Situé dans le Liptako Gourma et partageant une très longue frontière avec le Burkina Faso, ce département, surtout Makalondi, faisait déjà face, bien avant l’avènement du terrorisme dans la zone, «au banditisme armé lié aux braquages, aux attaques à domicile et aux vols de toutes formes suivis des assassinats», comme l’a rappelé M. Ounteni Teribaga, maire de la commune rurale de Makalondi. Ce qui a facilité la transition de certains jeunes du terroir, bien que moins nombreux qui, ont basculé du côté obscure en s’alliant à des groupes terroristes.
Après une nette amélioration de la situation grâce à de nombreuses opérations militaires dans la zone du Liptako Gourma, la situation sécuritaire s’est brusquement dégradée en début du mois de Mai dernier où des terroristes se sont pris à des populations civiles désarmées, abattant froidement quelques personnes et demandant aux autres de quitter leurs villages. A la date du 28 mai dernier et selon les statistiques fournies par M. Youro Dia, préfet du département de Torodi, la commune rurale de Makolondi a recensé 1.117 ménages déplacés contre 1.538 pour la commune de Torodi, soit un total de 2.602 ménages touchés dans l’ensemble du département. Ce qui correspond aux 16.193 personnes enregistrées comme déplacées internes dans ces deux communes.
Depuis l’afflux de ces personnes, devenues des déplacés internes au niveau du département de Torodi, précisément dans les communes rurales de Torodi et Makalondi, une solidarité locale s’est manifestée pour la prise en charge de ces personnes à travers plusieurs initiatives des habitants et de leurs leaders coutumiers, administratifs et politiques. La plupart des déplacés sont hébergés, pour les nuits, dans les concessions de bonnes volontés qui les acceptent aux côtés de leurs familles. Selon le préfet, l’Etat, à travers les instructions données par le Président Mohamed Bazoum, a apporté quelques 160 tonnes de vivres pour les populations déplacées de Torodi et Makalondi et 3.000 litres d’huile de cuisine. En plus de ces appuis, plusieurs personnes en dehors du département ont suivi l’exemple des autochtones et ont apportée de l’aide.
Fort engouement des déplacés pour retourner dans leurs villages d’origine
En dépit de l’aide qu’ils reçoivent, les déplacés internes du département de Torodi demandent à retourner chez eux afin de procéder aux travaux champêtres et sauver la campagne agricole qui a commencé depuis les premières grandes pluies dans la zone. «D’ores et déjà, le samedi 28 mai dernier, les déplacés des villages Kakou et Deba ont repris le chemin de leurs villages et ce, à leur propres frais. Parce que tout simplement nous leur avons dit que l’Etat est en train de prendre des dispositions pour sécuriser la zone afin qu’ils retournent dans leurs terroirs et s’adonner aux travaux champêtres», a confirmé le préfet du département de Torodi.
A Makalondi, une des porte-paroles des déplacés internes s’est justement prononcée sur la sécurisation des villages et le retour des déplacés chez eux. Pour elle, il faut une présence permanente des Forces de Défense et de Sécurité pour assurer la sécurité dans ces villages qui ont désormais peur d’être la cible de représailles terroristes. L’idéal pour les déplacés, a-t-elle également ajouté, est d’être rapidement de retour dans leurs villages et procéder à la culture de leurs champs. «Car, aujourd’hui, rester dans le chef-lieu de la commune nous met très mal à l’aise. Nous manquons de place pour nous abriter et quand il pleut nous sommes chez des bonnes volontés», fait-elle savoir.
Les déplacés justifient cet empressement à rejoindre leurs villages d’origine par le fait que la plupart d’entre eux sont soit des agriculteurs, soit des bergers, sans compter les femmes qui cultivent de petites parcelles de gombo ou de condiment et pratiquent aussi l’embouche des ruminants. A l’Etape de Torodi, leur président, M. Tiagou Pana, a réaffirmé au Président Mohamed Bazoum et aux autorités qui l’accompagnaient, cette volonté fortement ancrée dans l’esprit des déplacés internes du département de Torodi. «Ce que nous voulons, c’est de nous assurer la sécurité. Aussitôt qu’elle est assurée, nous retournerons chez nous car nous affectionnons nos villages», a-t-il dit.
M. Idrissa Yoro, chef de canton de Torodi, a profité du rassemblement pour demander aux déplacés de se préparer à rejoindre leurs villages respectifs aussitôt que les autorités le leur demanderont. «Je prie pour que vous retourniez sains et saufs dans vos villages et vous adonner librement à vos travaux champêtres car, seul le travail libère. Certains d’entre vous sont déjà repartis dans leurs villages par leurs propres moyens», a-t-il indiqué. M. Idrissa Yoro qui s’exprimait en langue nationale Djerma pour s’adresser directement à la population, a pris les exemples de Diffa, de Banibangou et d’Anzouro où le Président de la République s’est personnellement déplacé pour superviser la réinstallation de déplacés qui fuyaient la violence terroriste dans leurs villages. «Ce qui démontre qu’il se souci des citoyens, surtout les plus vulnérables qui sont au centre de son action», s’est-il réjoui.