La ministre de l’Environnement et de la lutte contre la désertification, Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa a présidé, hier matin à Niamey, la cérémonie d’ouverture du Forum National sur les feux de brousse. Organisé par le ministère de l’Environnement, ce forum a pour thème «problématique des feux de brousse au Niger : quelle stratégie pour une gestion durable des écosystèmes agrosylvopastoraux». Parti pour se tenir sur deux jours, le forum permettra aux participants de se pencher sur les avancées et expériences vécues en matière de lutte contre les feux de brousse aux fins d’élaborer une stratégie Nationale et son plan d’action pour une meilleure prise en charge de ce phénomène au Niger.
L’objectif de ce Forum est de permettre à terme, l’élaboration d’un Programme structurant utilisant les innovations technologiques, dédiées à la prévention et à la lutte contre les feux de brousse.
A l’ouverture du forum, la ministre de l’Environnement et de la lutte contre la désertification Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa a rappelé que depuis des années, les feux anthropiques provoqués par l’homme, croissent en nombre fréquence et étendue, menaçant la conservation des écosystèmes agrosylvopastoraux et compromettant les moyens d’existence durables des communautés locales au Niger. Les données statistiques tenues par le ministère font ressortir que de 2010 à 2021, il a été enregistré au plan national, 1.273 cas de feux de brousse ayant consumé 1.675.157 ha de pâturage; soit 139.596 ha en moyenne, par an. Pratiquement toutes les régions du Niger, a-t-elle précisé, sont concernées et affectées par ce fléau. Toutefois, la ministre a souligné que les régions d’Agadez, de Maradi, de Tahoua et Zinder, se partagent l’espace qu’il convient d’appeler le «triangle du feu».
Pour Mme Garama Saratou, les questions de lutte contre les feux de brousse doivent être abordées dans le même registre que les inondations et les sécheresses, considérées à raison, comme des véritables catastrophes naturelles. «En effet, au-delà des pertes en biodiversité, en fourrage pour un pays d’élevage comme le Niger et parfois malheureusement en vies humaines comme ce fut le cas en 2021 à Tanout, le passage des feux de brousse est synonyme aussi de cortège d’impacts indirects négatifs, notamment l’appauvrissement des sols, l’accélération du processus de désertification, et l’aggravation du ruissellement, pour ne citer que ceux-là. Bref, autant de maux qui affectent directement les populations locales, en quête perpétuelle de subsistance», a-t-elle déploré.
La lutte contre les feux de brousse est donc une préoccupation de portée nationale, qui requiert une réponse inclusive, coordonnée, rapide et efficace. «Nous devons de ce fait changer de paradigme sur nos approches, stratégies et méthodes de lutte contre les feux de brousse, pour les adapter au contexte de la décentralisation, du changement climatique et des innovations technologiques», a-t-elle relevé.
Ce thème sera appréhendé à travers, entre autres, des présentations liminaires, des contributions issues des consultations régionales sur les feux de brousse, et de diverses communications sur des thématiques portant sur les instruments modernes et innovations en matière de gestion et lutte contre les feux de brousse etc. Outre ces présentations et communications qui seront faites en plénière par d’éminents experts, les participants auront à échanger sur la cartographie des acteurs dans la lutte contre les feux de brousse ; la stratégie de communication pour la mobilisation sociale dans la lutte contre les feux de brousse ; les approches novatrices de prévention et de gestion des feux de brousse dans un contexte de changement climatique ; et la stratégie de mobilisation des ressources pour la lutte contre les feux de brousse.
Le représentant pays du PAM Jean-Noel Gentile, a quant à lui indiqué que le PAM inclut
la prévention des feux de brousse dans son arsenal d’interventions, en coordination et soutien aux priorités du gouvernement du Niger. Pour la lutte contre les feux de brousse, les interventions du PAM consistent au financement d’activités d’information-sensibilisation et la création de bandes pare feux, notamment dans les zones pastorales des régions de Tahoua et de Maradi jadis considérées comme zones phares du “triangle des feux” de brousse au Niger. L’appui institutionnel du PAM en renforcement des capacités techniques et logistiques du ministère de l’Environnement et de la lutte contre la désertification s’élève à près de 2 milliards de FCFA pour ces trois (3) dernières années (2020-2022). En 2022, a annoncé M. Jean-Noël Gentile, le PAM planifie la réalisation de 7.680 km de bandes pare feux dans les zones les plus exposées.
Aminatou Seydou Harouna et Farida Maman Keita(Stagiaire)