La région du Sahel couvre une superficie de 3 millions de km² mais compte peu de cours d’eau et de lacs et dépend essentiellement des réserves d’eau contenues en sous-sol. Leur exploitation est un enjeu crucial pour couvrir les besoins de cette région abritant plus de 135 millions d’habitants.
Pour cela, il faut dépasser les approches traditionnelles et prendre en compte les eaux souterraines profondes et peu profondes, les rivières permanentes et saisonnières.
C’est dans cet esprit que de nombreuses organisations, comme le comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des agences de développement internationales, interviennent dans pratiquement tous les pays du Sahel pour favoriser l’accès à l’eau. Ces acteurs ont notamment participé à la mise en place et la réhabilitation d’infrastructures liées à l’accès à l’eau, tels que des forages, des puits, des châteaux d’eau ou encore des barrages.
Toutefois ces réalisations peuvent être réalisées uniquement dans un environnement propice au développement, c’est-à-dire hors des zones d’évolution des groupes terroristes.
L’insécurité régnant dans les zones sous leur contrôle ne permet pas de réaliser les installations nécessaires pour la population.
Actuellement, plusieurs pays d’Afrique de l’ouest se retrouvent confrontés à la destruction méthodique des infrastructures installées depuis plusieurs années, au fur et à mesure de l’avancée des terroristes. Ces actions provoquent des déplacements de population et une grave crise humanitaire se dessine. La raréfaction des pâturages et la pénurie d’eau poussent les éleveurs à migrer vers les zones agricoles, souvent situées le long des cours d’eau permanents, créant des tensions avec les agriculteurs. Plus grave encore, cette situation les pousse dans les rangs des groupes terroristes pour aller piller à leur tour leurs concitoyens et entretenir une spirale de la violence.
Au Burkina Faso, plus de 300 000 personnes sont touchées par la destruction de camions citernes et d’attaques de points d’eau voire même la « contamination délibérée de ressources en eau au sabotage des générateurs du réseau public d’eau. » selon Norwegian Refugee Council (NRC).
L’ONG indique que la plupart des destructions ont eu lieu dans la cité de Djibo, accueillant des milliers de réfugiés. Chaque personne y a le droit à 3 litres d’eau par jour pour couvrir tous ses besoins, que ce soit pour l’hygiène, pour la boisson ou pour la cuisine, soit moins de la moitié de ce dont ils disposaient avant l’attaque. L’OMS considère quant à elle que « l’allocation de survie minimale » viable est de sept litres pendant quelques jours.
Un malheur n’arrivant jamais seul, les changements climatiques, le développement urbain et industriel accentuent les effets néfastes agissant sur les réserves d’eau en BSS. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les précipitations sont plus abondantes sur une période plus réduite. Elles limitent la recharge des nappes phréatiques, augmentent la fréquence des inondations et aggravent la contamination des eaux souterraines.
Il apparaît dès lors crucial que les pays reprennent le contrôle de leur territoire pour garantir la sécurité de leur population et des organisations qui veulent les aider à se développer. Le Niger reprend ainsi progressivement son destin en main et permet aux acteurs du domaine aquifère de réaliser les projets qui permettent l’accès à l’eau aux populations. Ce pays montre ainsi à ses voisins la voie qui doit permettre l’accès à l’eau tout en enrayant la spirale de la violence pour vivre en sécurité.