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Mendicité transfrontalière : Volonté du Niger d’y mettre fin

Publié le vendredi 24 juin 2022  |  Le Sahel
Niger
© Autre presse par DR
Niger : pourquoi le Sénégal renvoie un millier de "mendiants" nigériens
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Sous le fallacieux prétexte de fuir l’insécurité alimentaire, la pauvreté et d’autres problèmes imaginaires ou réels, non content d’envahir les ronds-points des localités, les autres grands centres du pays, les marchés, les auto-gares, les administrations, les lieux de culte, les stations-services, les restaurants, bistrots, etc. Ce fléau de la société, qu’est la mendicité, qui embarque enfants, femmes, vieillards et même des bras valides, désormais s’exporte au-delà de nos frontières. En décembre 2017 déjà, plus de 120 mendiants nigériens qui jalonnaient les rues de Cotonou, la capitale béninoise ont été rapatriés, par bus, sous haute escorte à Niamey. Les 25 et 26 mars 2022, c’est au tour du Sénégal de rapatrier, à travers deux vols charters, 1.063 mendiants nigériens, (478 enfants, 413 femmes et 162 hommes), en collaboration avec les autorités du Niger. Depuis cette affaire, le gouvernement du Niger, sous la conduite du Président de la République Mohamed Bazoum, a organisé une réunion sur la question de la mendicité dans le pays. Faisant le point de cette réunion, le porte-parole du gouvernement, M. Tidjani Abdoulkadri, a indiqué que « la présence de ses personnes dans des contrées aussi lointaines n’a aucun rapport avec la situation d’insécurité liée au terrorisme ou au déficit alimentaire ». Il s’agit, selon le ministre Abdoulkadri, ‘‘d’un trafic illicite de migrants et de la traite de personnes organisés par des groupes criminels en direction de certains pays voisins et même au-delà’’. En effet, les autorités du Niger estiment que ce fléau de mendicité, même hors du pays, souille l’honneur et la dignité du Niger et travestissent les préceptes de la religion, au nom de laquelle ils prétendent agir. Notons que tous ces mendiants rapatriés sont originaires de la région de Zinder, plus précisément des départements de Kantché, Magaria, Mirriah et Tanout. Après le Sénégal, le Niger a affrété des vols spéciaux, en provenance du Ghana, pour rapatrier des centaines de ressortissants nigériens, qui n’ont d’autres activités que la mendicité dans ce pays. C’est surtout des femmes et des enfants qui se recrutent dans les contingents de ces mendiants, que les autorités estiment ternir l’image du Niger à l’extérieur. En effet, le premier vol spécial de mendiants nigériens rapatriés du Ghana a atterri le 8 juin 2022. À son bord : 558 personnes. Selon les officiels, tout a été mis en place pour leur accueil : identification biométrique et répartition dans les bus qui vont les ramener dans leur région. « C’est un groupe qui (avait) l’habitude d’aller en Algérie par le passé, mais qui, depuis un certain temps, ne part plus du côté de l’Algérie en raison du refoulement intempestif qu’ils reçoivent là-bas », explique de son côté le ministre de l’Action humanitaire, Laouan Magagi. La mendicité et le trafic d’enfants sont interdits au Niger. Cette fois-ci, près de 356 mineurs étaient du voyage, parrainés par 202 adultes. «Malheureusement, il y a du trafic, des gens prennent des enfants en location – et paient les parents – pour (aller) mendier », ajoute Laouan Magagi. Habsou Sani, une des rapatriés du Sénégal, traînant ces deux enfants, témoigne : « Nous sommes partis mendier à Dakar pour chercher de quoi manger. C’est donc la famine qui nous a poussées à quitter le pays. Personnellement, je ne compte pas retourner au Sénégal mais pour les enfants, je ne sais pas », tranche-t-elle. Habiba Abdou, sa fille entre sa main et un bébé en califourchon, descendant de l’avion, se justifie : «Personne ne veut quitter son pays pour aller mendier. C’est parce qu’ici ça ne va pas que nous sommes partis. Nous savons que ce n’est pas bon. Mais est-ce-que nous pouvons faire autrement ; nous avons des bouches à nourrir, nous n’avons pas d’occupation au village, Mon mari aussi mendie comme moi pour survivre. Alors quoi faire ? » Selon un communiqué, publié en début avril 2022, le gouvernement a indiqué que : ‘‘Face au phénomène grandissant de la mendicité qui dégrade l’image de notre pays (…) et hypothèque l’avenir des enfants innocents, le gouvernement a décidé de prendre des dispositions fortes pour y mettre fin ».


Le communiqué ajoute que le gouvernement compte ‘‘poursuivre devant les juridictions compétentes » tous ‘‘ceux qui entretiennent ce réseau criminel » et « d’autres opérations de rapatriement de Nigériens ‘‘qui pratiquent la mendicité à l’étranger » seront lancées, ajoute la source. Dans la région de Zinder, les autorités locales ont pour leur part ouvert ‘‘une enquête » en vue de démanteler « les réseaux » qui convoient les mendiants à l’étranger. Rappelons que, le Droit international s’est intéressé aux mouvements de populations et les a encadrés, en fonction de leur nature, à travers des traités et conventions auxquels ont adhéré la plupart des pays au monde, afin de mieux protéger leurs droits. On peut citer à titre d’exemple: la Convention des Nations pour la Protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille qui impose aux pays de destination que le rapatriement de travailleurs migrants et de leur famille doit intervenir sur décision judiciaire avec l’information et l’implication des services consulaires des Etats dont sont originaires les migrants mis en cause. Il y a aussi la convention des Nations-Unies relative au statut des réfugiés, la Convention de Kampala sur les déplacés internes et les demandeurs d’asile, le traité de la CEDEAO sur la libre circulation et l’établissement dans les pays de l’espace. Le Niger est partie à tous ces traités et conventions de même que la plupart des pays où nos compatriotes émigrent. En plus de ces textes, notre pays a signé des accords bilatéraux avec certains pays d’accueil, aux termes desquels une concertation doit se faire entre les deux parties sur les moyens logistiques du retour des migrants ainsi que l’aéroport ou autre lieu de débarquement. Hélas, Il faut constater, avec beaucoup de regrets, que nos compatriotes sont refoulés, sans respect du minimum de leur dignité humaine et dans des conditions mettant en péril leur vie. N’oublions pas le dicton qui dit ; ‘‘On est toujours mieux chez soi’’. Jeudi 16 juin 2022 a été célébré la Journée de l’Enfant Africain (JEA 2022), sous le thème national de « L’élimination des pratiques néfastes affectant les enfants » avec, au Niger, un focus sur la lutte contre la mendicité.


Par Mahamadou Diallo
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