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Travail parlementaire : L’école buissonnière des parlementaires nigériens

Publié le lundi 4 juillet 2022  |  nigerdiaspora.net
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© Autre presse par DR
Assemblée Nationale
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L’Assemblée Nationale est, dans l’ordonnancement constitutionnel du partage des pouvoirs dans la République, une institution primordiale car, symboliquement, elle est la représentation miniaturisée du peuple qui est censé siéger là pour décider pour la Nation. C’est dire à quel point cette Chambre est importante pour incarner un peuple et surtout des valeurs identificatoires d’une société, toutes choses qu’on ne fait pas aujourd’hui avec l’assemblée que l’on a pour le Niger avec un directoire étranglée dans sa responsabilité et des députés majoritaires peu conscients de leurs charges.

Après l’Assemblée nationale de la troisième République où siégeaient des hommes comme Sanoussi Tambari Jackou, Mohamed Bazoum, Hama Amadou, et d’autres grands animateurs, l’on n’avait plus eu de débats de bonne facture, de haut niveau qui prouvent la qualité des hommes devant réfléchir et décider pour la nation. Puis, à la suite, dans la nostalgie de cette assemblée de la première heure, l’on ne devrait se contenter que d’assemblées tantôt dites «assemblée balsa», tantôt d’assemblée chambre d’enregistrement ainsi que les nigériens pouvaient s’en moquer de par le comportement de ceux qui devraient y siéger plus pour leurs vanités que pour le peuple.

L’Assemblée nationale de cette 7e République, dans sa troisième législature issue d’élections controversées, pourrait être considérée comme une autre assemblée Balsa quand on sait les conditions dans lesquelles le PNDS et Issoufou Mahamadou en tête, se sont arrangés à se donner une majorité que rien ne peut justifier. La majorité qu’il convoyait à l’assemblée pour un agenda que tout le monde peut comprendre aujourd’hui, est une majorité trafiquée qui ne reflète nullement la configuration politique du pays. Personne ne peut comprendre, même le plus nul en politique, qu’un parti ait un tel nombre de députés sans pouvoir gagner seul une présidentielle dès le premier tout. Et quand on sait la multitude inutile qui a soutenu au second tour, il a fallu le système D pour s’en sortir et là même, avec une courte tête, non sans litiges et contestations.

Il est normal que de tels députés qui, majoritairement, avaient eu leur «élection» à la chambre par un tel bricolage, ne puissent jamais avoir de la fierté pour leur sacre et la conscience de leur mission pour savoir s’en acquitter avec honneur ainsi que cela est attendu de leur part. On sait que depuis l’avènement de la 7e République, après l’épisode pendant lequel Hama Amadou avait géré l’Institution au tout début de la mandature d’Issoufou Mahamadou où la gestion fut marquée par le sceau de la rigueur de celui qu’une presse appelle affectueusement «l’Enfant Terrible de Youri», l’assemblée sombra tantôt avec des dirigeants qui n’ont pas le niveau, tantôt avec des responsables mercantiles qui peuvent confondre leur travail de parlementaire à de l’affairisme, manquant autant de poigne que de charisme. Mais ce qui est choquant et notamment avec l’actuelle législature, est le comportement même du député vis-à-vis de son rôle pourtant si noble et si exigeant.

Aujourd’hui, l’Assemblée nationale n’est que l’ombre d’ellemême avec une présidence totalement effacée d’un homme traqué qui ne peut avoir, alliance oblige, la plénitude de ses pouvoirs pour diriger la chambre au mieux de ses compétences et de ses ambitions, obligé de se laisser manipuler pour avoir trôner au perchoir du parlement godillot à la tête duquel des commerces politiques l’ont porté.

Quel spectacle pitoyable offre cette assemblée lors de ses plénières et notamment lorsqu’il s’agit de sujets importants pour la nation notamment lorsqu’il s’était agi de discuter sur l’installation controversée de Barkhane et Takuba au Niger, et ce après que le Mali l’ait décrétée persona non grata sur son territoire. Alors que l’on discute de choses sérieuses qui déterminent l’avenir du pays, des députés peuvent dormir dans la salle, «gueule» ouverte à savourer un sommeil péché qui dénote de la légèreté avec laquelle ils appréhendent leur mission qu’une élection bancale leur aura conférée. Quand on sait que la télévision nationale est sur satellite comment ne pas s’en offusquer avec ces députés-dormeurs que des applaudissements peuvent réveiller pour faire autant mécaniquement, et lever une main, quand on leur demandera de voter, ignorant tout des enjeux, mais «formatés» à ne savoir voter qu’en faveur d’un camp, l’exécutif en l’occurrence dont ils sont les ouvriers obligés, sans jamais jauger de la portée de leurs choix pour un pays pour lequel ils sont censés faire toujours les meilleurs choix. L’homme nigérien, du moins, le responsable nigérien, ne devrait- il plus porter des valeurs pour être dans de tels comportements qui le rabaissent ? C’est à croire qu’une génération a mérité ses aînés, ses pères. Mais ce qu’on ne peut pas comprendre est la célérité et la méchanceté qu’on peut avoir à sévir pour sanctionner des comportements des fils et des filles», d’enfants alors qu’on ne peut pas avoir la même rigueur contre les «pères» qui trichent aussi, volent et pillent. Pourquoi un enfant qui casse des tables-bancs, triche à un examen mérite-t-il la prison, plus qu’un père qui trafique une élection pour détourner le choix souverain d’un peuple, vole pour s’enrichir de manière inconsidérée et ce quand même le délit d’apparence pouvait les compromettre ? Et l’on peut dès lors se demander si nous avons eu les enfants que nous méritons quand on sait que les aînés ne se comportent pas mieux, incapables de donner le meilleur exemple à suivre à une génération qui vient pour perpétuer ce qu’elle a vu faire.

Les images de plénières que l’on voit à la télé et dans le quotidien gouvernemental n’honorent pas les représentants de la nation. Qu’ont-ils de mieux à faire ailleurs pour vider la salle, laissant un président qui préside avec sa foule maigre, souvent dormeuse et peu intéressée, ne rêvant peut-être que des fonds à capter à la faveur de la session qu’ils peuvent pourtant à loisir déserter, incapables alors d’assumer le mandat dont les charge le peuple ?

Cette «école buissonnière» des députés fait la honte de notre société et de notre démocratie avec ces hommes qui ne peuvent pas saisir toute la portée de leur rôle pour la démocratie et pour la nation. Peuvent-ils savoir qu’ils ont, avec le peuple dont ils sont partis quérir les suffrages, un contrat à remplir, un contrat qui, s’il n’est pas assumé, ne serait pas moins qu’une trahison faite à l’endroit d’électeurs qui auront alors tort d’avoir fait confiance pour confier leur destin à de tels hommes.

Se ressaisir…

L’Assemblée, travaillant avec ses services de communication, doit travailler à soigner son image visà- vis d’un peuple qui s’est dégoûté de ses représentants qui ne pensent qu’à leurs intérêts mesquins, égoïstes. Mais c’est d’abord au président de l’Institution qu’il revient de jouer pleinement son rôle car pourquoi devrait-il continuer à exercer une fonction dont il ne peut pas avoir la plénitude des prérogatives, d’autres pouvant lui mettre les bâtons dans les roues pour ne pas agir en toute responsabilité ? Il y a à faire des choix pour la dignité car, même sans s’aliéner, l’on peut vivre ainsi que le montrent ceux qui, depuis plus de dix ans de résistance, ont refusé le suivisme aveugle contre lequel on leur demande de vendre leur âme pour quelques strapontins pour lesquels on voudrait les confiner pour les asservir à la tutelle politique des régnants depuis que, par quelques calculs erronés, Seini Oumarou peut faire le choix de l’opportunisme pour quémander dans un pouvoir contesté une part de gâteau à laquelle, par principe moral, au regard de sa ligne de conduite après le second tour, il ne devrait pas avoir droit.

Quant aux députés affichés aux abonnés absents, il urge de se ressaisir tant pour leur image, pour l’image de leurs partis politiques que pour celle de la République qu’ils déshonorent ainsi alors même que l’on pourrait croire c’est, investis d’une certaine confiance, dans le parti d’abord et auprès de l’électorat ensuite, qu’ils viennent à prendre place dans le parlement. Franchement, le Niger mérite mieux.

A.I
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