Amélioration du Système de vulgarisation agricole au Niger: des résultats probants mis en évidence à l’occasion de la première journée portes ouvertes SHEP
Le site maraicher du la Société Coopérative Djamou de Nogaré, dans l'arrondissement communal V de Niamey, a servi de cadre, ce 05 juillet 2022 à la première journée portes ouvertes sur l'approche SHEP (Smallholder Horticulture Empowerment and Promotion) ou Autonomisation des Petits Exploitants Horticoles. L'initiative entre dans le cadre de la mise en œuvre des activités du Projet d'Amélioration du Système de Vulgarisation Agricole au Niger (PASVA), financé par l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) et qui a comme objectif, de permettre aux autres producteurs et aux partenaires de s'enquérir des résultats satisfaisants enregistrés lors de la phase pilote en vue de leur permettre de s'approprier et d'institutionnaliser cette approche de vulgarisation qui promeut l'augmentation des revenus des producteurs et qui a déjà fait ses preuves dans d'autres pays africains comme le Sénégal ou le Kenya.
Cette première édition de la Journée Portes Ouvertes SHEP au Niger a été lancée par une cérémonie solennelle qui a été rehaussée par la présence du Directeur général de l'Agriculture, M. Yacouba Bouda, du Représentant de la JICA, M. Yamamoto Chikara, du Maire du 5e Arrondissement communal de Niamey, M. Mamadou Moutari Harouna ainsi que des cadres centraux et régionaux du ministère de l'Agriculture. On notait également la présence à l'évènement, des Représentants des institutions partenaires, les experts et consultants du PASVA, les responsables des associations des producteurs ainsi que des représentants des structures et autres acteurs du secteur ainsi que de nombreux invités.
Une approche orientée vers le marché pour l'autonomisation des petits producteurs à travers l'augmentation de leur revenu
Dans l'allocution de bienvenue qu'il a prononcée à cette occasion, le maire de la commune V de Niamey s'est félicité de cette initiative ainsi que la présence massive des invités, ce qui témoigne de l'intérêt qu'ils accordent à la vulgarisation agricole au Niger. Comme vous le savez, a souligné M. Mamadou Moutari Harouna, " le sous-secteur horticole est en constante progression notamment pour les légumes de grande consommation avec des résultats notoires dans la région de Niamey et particulièrement dans l’arrondissement communal Niamey V ". En effet, a-t-il fait remarqué, la contribution des producteurs horticoles de l’arrondissement communal Niamey V est très importante dans l’approvisionnement de la ville de Niamey en légumes frais, feuilles et fruits. Cependant, devrait-il par la suite déploré, en période favorable de production horticole c'est à dire de septembre à mars, " tous les produits locaux arrivent en même temps sur les marchés de la ville de Niamey et sont sujets de la concurrence pure et dure car cette période coïncide avec l’arrivée des mêmes produits sur les marchés de la ville de Niamey de l’intérieur du pays et la sous-région, ce qui entraine une baisse considérable des prix en défaveur de nos laborieux producteurs qui peinent à rentabiliser leurs investissements et leurs efforts ".
Selon les explications du Maire Moutari Harouna, depuis 2019, le Projet d’Amélioration du Système de vulgarisation Agricole au Niger (PASVA), fruit de la coopération japonaise, a démarré dans les cinq (5) arrondissements communaux de la région de Niamey. Dans l’arrondissement communal Niamey V, ces sont quatre (4) groupes de producteurs qui ont bénéficié de l’encadrement sur l’approche SHEP. " L’approche SHEP promue par le Projet PASVA, est une approche qui vise l’autonomisation des petits producteurs horticoles à travers une démarche participative qui va de l’enquête de base à l’élaboration et à la mise en œuvre du plan d’action par les producteurs eux-mêmes en se basant sur les résultats de l’étude du marché, déterminants sur le choix de la culture et les périodes de semis et de récoltes", a expliqué le Maire de la commune 5 de Niamey, pour qui, "dans l’approche SHEP, c’est le marché qui détermine les cultures et les périodes de récoltes ". Par conséquent, a-t-il indiqué, avant toute production, la destination est connue d’avance d’où le changement de paradigme induit chez les producteurs de la posture « produire et vendre » à celle de « produire pour vendre ».
Pour le Maire de la commune V de Niamey, " à travers cette approche, le projet PASVA touche du doigt la lancinante problématique de commercialisation des produits horticoles dans la région de Niamey". En effet, a-t-il rappelé à titre d'exemple, pour le mois de Ramadan passé, les producteurs membres du groupe SHEP hôte de la présente rencontre ont pu produire avec l’appui de leur encadreur, de la laitue et la menthe, malgré les hautes chaleurs et les difficultés d’exhaure d’eau et avaient vendu à des prix très rémunérateur aux commerçants rencontrés à l’étude de marché et au voyage d’affaires. " Ces derniers viennent sur le site pour négocier le prix avec les producteurs, ce qui a permis à ces derniers d’écouler toute la production et d’augmenter leur revenu ", a indiqué M. Mamoudou Moutari Harouna qui n'a pas manqué de préciser qu'en plus des commerçants, le projet PASVA a mis en relation les producteurs membres du groupe SHEP avec les entreprises semencières agréées, les institutions de Micro-finance, les projets, les fournisseurs agréés de matériels et autres intrants agricoles de qualité à travers le voyage d’affaires.
Pour toutes ces raisons et au regard des résultats satisfaisants enregistrés, le maire de l'Arrondissement communal 5 de la ville de Niamey a tenu à adresser tous ses remerciements et la gratitude des bénéficiaires à l'ensemble des acteurs engagés dans la mise en œuvre du PASVA ainsi qu'au principal partenaire, notamment la JICA, pour cet important appui aux producteurs horticoles de la commune mais aussi du pays en général.
L'approche SHEP pour améliorer le système de vulgarisation agricole au Niger
Le Représentant de la JICA au Niger a, de son coté, rappelé que cette journée porte ouverte entre dans le cadre de l’institutionnalisation de l’approche SHEP, un des objectifs visés par le Projet d’Amélioration du Système de Vulgarisation Agricole au Niger (PASVA). Le projets PASVA, a aussi rappelé M. Yamamoto Chikara, a pour objectif global, " l’amélioration du système de vulgarisation agricole avec un accent particulier sur l’autonomisation des petits producteurs par un changement de comportement, gage d’un progrès durable ". C'est ainsi, a-t-il indiqué, que cette journée porte ouverte vise entre autres objectifs, des échanges d’expériences entre producteurs des plusieurs régions et partenaires du projet. " Je ne doute pas un seul instant qu’au regard de la qualité des participants que les objectifs visés à travers cette cérémonie seront atteints", a déclaré M. Chikara qui a aussi émis l'espoir que cette journée portes ouvertes sert de point de démarrage de l’institutionnalisation de l'approche SHEP au Niger pour le grand bonheur des petits exploitants horticoles. " La JICA par ma voix tient à vous assurer de son entière disponibilité à continuer son appui à l’endroit des autorités nigériennes pour le bonheur des populations ", a réaffirmer le Représentant de la JICA qui a saisi l'occasion pour remercier, au nom de l'Agence Japonaise de la Coopération Internationale, les Autorités nigériennes en général et plus particulièrement les responsables du Ministère de l’Agriculture pour leur soutien aux activités entreprises par l'Agence au Niger.
Des résultats satisfaisants qui cadrent avec " l'initiative 3N " des autorités nigériennes
En procédant à l'ouverture officielle de la Journée portes ouvertes, le Directeur général de l'Agriculture, a tenu à remercier tous les participants pour leur présence massive à cet évènement initié par le Projet d’Amélioration du Système de Vulgarisation Agricole au Niger (PASVA) dont il a aussi félicité, au passage, les experts, les responsables et les cadres pour cette belle initiative, et également pour la parfaite organisation des activités. Le PASVA, a rappelé M. Yacouba Bouda, est programmé pour une période de cinq (5) ans, de mars 2019 à mars 2024, est financé par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) et mis en œuvre par le Ministère de l’Agriculture à travers la Direction générale de l’Agriculture (DGA) et ses démembrements et l’Institut Pratique de Développement Rural (IPDR) de Kollo. "L’objectif visé à travers la mise en œuvre de ce projet est l’appropriation du SHEP par les agents d’encadrement et les producteurs en vue d’une amélioration des revenus de ces derniers, mais aussi de contribuer à l’élaboration et la prise en compte dans le curricula de formation, d’un module sur l’approche SHEP destiné aux élèves de l’IPDR", a-t-il indiqué.
Cet objectif, a poursuivi le Directeur général de l'Agriculture, cadre parfaitement avec l’initiative 3 N « les Nigériens nourrissent les Nigériens », un engagement politique fort des plus hautes autorités du pays qui prévoit à son Axe 2 qui vise l’approvisionnement régulier des marchés ruraux et urbains en produits agricoles et agroalimentaires. A l’heure actuelle, a déclaré M. Yacouba Bouda, " nous pouvons aisément l’affirmer, les résultats enregistrés par le PASVA dans le cadre de l’autonomisation des petits horticoles sont très satisfaisants ". Ainsi, a-t-il fait remarquer, " grâce à l’effort de tous, nous sommes parvenus à des résultats appréciables que nous sommes venus ici partager avec vous, à travers des témoignages qui vous seront faits par les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’approche dans cinq (5) régions du pays, à savoir Niamey, Dosso, Maradi, Tillabéri et Tahoua ".
Le Directeur général de l'Agriculture a, au nom du ministre de l'Agriculture et des plus hautes Autorités, transmis les remerciements des principaux bénéficiaires à la JICA pour son appui et a invité les producteurs ainsi que les autres partenaires à s'approprier l'approche SHEP qui a donné des résultats probants pour sa phase pilote afin de l'institutionnaliser dans le cadre de sa généralisation conformément au plan d'actions et aux objectifs visés par le Projet d’Amélioration du Système de Vulgarisation Agricole au Niger (PASVA).
Il faut noter que peu après l'ouverture officielle de la journée porte ouverte, la cérémonie s'est poursuivie avec la remise des attestations aux producteurs bénéficiaires puis s'en est suivie une visite guidée sur le site qui a permis de mieux apprécier les résultats enregistrés à travers cette phase pilote qui va se généraliser sur l'ensemble du pays ou le besoin est immense et le potentiel confirmé pour faire de l'approche SHEP, un véritable levier de l'autonomisation des petits producteurs horticoles et par la même occasion contribuer sensiblement à la sécurité alimentaire au Niger.
Témoignages et retour d'expérience de quelques producteurs bénéficiaires de la phase pilote de la mise en œuvre de l'approche SHEP à travers le PASVA, financé par l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA)
Issoufou Arzika "Dan Jarida", producteur à Tibiri (Région Dosso) : « Avant l’arrivée du projet, nous n’étions pas organisés. Nous pratiquons la culture de contre-saison mais nous ignorons beaucoup de choses. Avec l'avènement du PASVA et après des échanges avec les responsables et experts, nous avons été édifiés sur notre activité et même après leur passage et la fin du Projet, nous allons pouvoir continuer les échanges avec l’agent d’agriculture du village en cas de besoin ou pour l'amélioration de nos activités. Nous sommes trente-quatre (34) producteurs qui travaillons dans le cadre de ce projet et comme c’est un travail collectif, nous travaillons dans un champ communautaire. Le moniteur de l’agriculture nous a montré comment améliorer notre activité et rehausser nos revenus. C'est ainsi qu'après avoir défriché nos lopins de terre, les agents du projet nous ont conduit chez des vendeurs de semences ainsi qu'une banque de la place. Nous avons interrogé le personnel du projet s’il y aura réellement des débouchés pour écouler les produits qui seront issus de notre travail, car nous étions un peu inquiets et c’est là qu’ils ont initié l’idée d’un voyage d’étude et d'affaires qui a concerné quatre (4) des 34 producteurs concernés par le projet. Nous étions partis à Tibiri (Doutchi) auprès des agents de la banque qui nous ont édifié sur les taux d’intérêt en cas de prêt. A Aholé, nous avons échangé avec les potentiels acheteurs de notre production. A Doutchi, qui est le chef lieu du département, nous avons échangé avec les vendeurs de la semence de la pomme de terre mais malheureusement avec eux, nous nous sommes séparés en queue de poisson mais l'avantage c'est que nous avons déjà appris à négocier. A Dosso, le chef-lieu de région, nous avons eu à visiter et à rencontrer les responsables de plusieurs institutions notamment le CEDERMA pour ce qui de la disponibilité du matériel agricole, puis à la BAGRI, la Banque agricole du Niger, pour avoir des informations sur les prêts qu’ils peuvent nous octroyer en tant qu’agriculteurs. Et par la suite, une fois à Niamey, la capitale, nous avons rencontré les éventuels acheteurs qui nous ont dit que leur demande sera trop forte et ils veulent savoir si réellement nous pouvons satisfaire à leur demande. Nous avons donc contracté un prêt de 3 millions CFA auprès d’une banque, puisque la demande est là et nous avons scindé notre groupe en trois sous-groupes : le premier pour se charger de la culture du poivron, le second pour le Moringa et, enfin, le dernier pour la culture de la tomate. Nous avons payé les semences et moi personnellement, j’ai cultivé la tomate alors que d’autres ont cultivé le Moringa. Je peux vous dire aujourd'hui que l'expérience s'est avérée très concluante et nous sommes très satisfait puisque pour mon cas par exemple, je vendais avant pour juste 80.000 FCFA les tomates que je produisais mais avec l’assistance du projet PASVA je vends aujourd'hui jusqu’à pour 800.000FCFA et d’autres ont vendu du Moringa pour plus de 600.000 F CFA, ce qu'il ne pouvait jamais s'imaginer avant l'avènement de ce projet financé par la JICA. Il est important de préciser que nous avons déjà remboursé les 3 millions FCFA de prêts que nous avons contractés et aujourd’hui, nous avons emprunté 9 millions de francs CFA au prêt de la banque, ce qui veut dire que les affaires marchent maintenant très bien pour nous et cela c'est grâce au PASVA et à l'approche SEPH à laquelle nous avons été initiée. »
Abdoulkarim Amadou, Président du groupe SHEP Djamou de Nagoré : « Au début, quand le Projet PASVA est arrivé, nous avons été d'abord sensibilisés sur notre site. Nous étions une dizaine de producteurs à être sensibilisés et qui étions au départ intéressé et nous avons suivis des formations en rapport à nos activités. Nous plantons de la salade, de la tomate et le Projet s'est intéressé aux difficultés que nous rencontrons pour écouler nos produits. C'est ainsi que, sur la base de nos doléances car des difficultés il y en a beaucoup, nous avons été accompagnés pour des études de marchés. Pour ce faire, trois (3) personnes de notre groupement de producteurs ont été désignées pour faire cette étude de marché et c’est grâce à cette étude que les commerçants nous ont expliqué leurs besoins des produits qu’ils veulent en fonction des périodes de l’année. Par la suite, nous avons expliqué aux autres membres du groupement nos échanges avec les commerçants et nous avons été formés pour répondre aux attentes du marché. En cette période de chaleur et avec l’étiage de l’eau du fleuve, nous avons besoin des motos-pompes, des tuyaux et autres notamment les insecticides. Prenant connaissance de nos difficultés, le PASVA nous a proposé un voyage d’affaires qui nous a conduits premièrement au niveau de la Banque Kokari et PIMALA, qui sont toutes des institutions de micro-finance qui appuient les producteurs. Ces deux banques nous ont expliqué les conditions d’accès au crédit. Nous étions par la suite à SOGEBA, une structure qui vend des semences de qualité ainsi qu'à AGRIMEX où les experts et responsables nous ont montré les différents poisons ou insecticides qui traitent les produits contre les attaques des insectes et autres ennemis de la culture. Après ce voyage d’affaire, nous avons suivis une formation sur la manière de préparer son jardin et comment semer les graines et en prendre soin jusqu’au repiquage et la récolte. Aujourd'hui, c'est la satisfaction totale car avant cette expérience avec le PASVA, nous revendons un plant de la salade à 2.500 F, mais avec l’arrivée de SHEP, nous avons compris qu’il y a des semis qui doivent être plantés pendant une période donnée de l’année au moment où le produit aura plus de valeur, une fois mis sur le marché. Avant la formation, nous ne gagnons pas plus de 2.500 francs CFA par plat, mais maintenant nous gagnons souvent 10.000 jusqu’à 15.000 francs Cfa pour vous donner une idée de ce que le Projet nous a apporté en terme de bénéfices, d'augmentation de revenus et donc d'amélioration de nos conditions de vie»