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Réconciliation nationale : À l’air des temps où se situe la Renaissance ?

Publié le lundi 18 juillet 2022  |  nigerdiaspora
61ème
© Présidence par DR
61ème Sommet ordinaire des Chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO
Le Président de la République S.E.M Mohamed Bazoum participe, ce Dimanche 03 juillet 2022 à Accra, au 61ème Sommet ordinaire des Chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO.
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Niger, pendant dix années de socialisme sous Issoufou, a vécu dans une tension extrême qui a profondément impacté la cohésion nationale, dévoyé la démocratie et déréglé l’économie. Les Nigériens devraient traverser cette période dans la division et le régime ne fit aucun effort pour apaiser et créer les conditions minimales d’une existence pacifique dans laquelle les Nigériens pouvaient s’accepter dans leurs différences, dans leurs contradictions. Le régime les forçait à être radicalement différents, à être surtout fondamentalement opposés pour ne jamais se faire quelques concessions même autour du minimum. Ceux qui gouvernent devenaient – sans l’être – les meilleurs quand les autres, bannis de la démocratie et de la nation, devraient être les citoyens de seconde zone et qui ne devraient avoir droit à rien. On n’a jamais connu d’exclusion sauvage que sous ce règne ! En dix années de gouvernance, le système Issoufou entretenait la tension dans le pays, et il fut des moments où l’on redoutait le pire pour le pays tant les haines étaient profondes, les animosités politiques fortes. Ce fut une rupture totale et les nigériens ne se parlaient plus. Le dialogue politique est rompu car ceux qui ont le pouvoir croyaient qu’ils pouvaient tout faire, comme si la République devenait leur jardin privé et qu’ils pouvaient y plantaient les graines qu’ils veulent, y compris celles de la déchirure et de la médiocrité. Toute chose pour laquelle, le compatriote vivant au Canada, dans un poste écrivait, « Certains ont pu croire, d’autres croient encore que ce terroir est leur bien immeuble. Ce n’est que vanité vite battue en brèche par leur propre finitude. Il n’appartient à personne parce qu’il appartient à tous. Sa propriété est collective, transitoire, nécessairement transmissible dans le continuum générationnel ». Le PNDS ne pouvait pas le comprendre d’autant qu’il ne regardait Issoufou que comme un empereur, non un démocrate, comme un conquérant, non un serviteur de la nation. Il partit à la fin de ses deux mandats dans le même esprit aux élections devant consacrer l’alternance politique pacifique attendue après des années d’atermoiement, et il finit, même sortant, par ne trouver que la petite porte, les choix qu’il fit ne pouvant pas lui permettre de partir par la grande. Bazoum à qui il arrangea une succession, tombe dans le chienlit qu’il lui laisse en héritage mais alors qu’il aspirait à marquer sa différence et sa personnalité politique, son prédécesseur ne lui donne aucune chance de s’émanciper et d’émerger, lui cernant les talons pour l’étouffer dans sa gestion. Ses premiers pas dans le pouvoir, faits d’élégance, avaient séduit et les Nigériens commençaient alors à apprécier son tempo, son style, ce qui, ne manqua pas d’agacer ceux qui ont cru leur champion mis en veilleuse incomparable et pour ce, ils pouvaient tout faire pour le récupérer et l’amener à gouverner dans la même médiocrité dont il s’écartait pour être en phase avec un peuple qui aspirait au changement, pas à la continuité qui le rebutait.


Contexte inconfortable…

Cette situation se passe dans un contexte qui ne s’y prête plus. Tout le Sahel est harcelé par le terrorisme à un moment où, à l’intérieur des Etats, de piètres gouvernances et de minables dirigeants imposaient aux peuples une médiocratie qui a tout détruit dans les Etats, y compris les bases fragiles des fondations sur lesquelles reposent les nations en construction. Lorsqu’on gère mal, lorsqu’on ne gouverne que dans l’injustice, lorsqu’on trafique des élections pour imposer des dirigeants avec la bénédiction de partenaires fourbes, ajouté à ce contexte d’insécurité grandissante, l’on ne peut que s’attendre à une explosion dont la déflagration pouvait souffler la démocratie et une cohésion nationale mise à mal. La peur de la contagion…

Il y a à craindre que cette situation ne dégénère pas et qu’elle ne s’étende pour déborder du Sahel surtout quand, dans toute l’Afrique de l’Ouest – en tout cas francophone – le dénominateur commun reste la mal gouvernance, et la tenue d’élections controversées. Beaucoup de pays l’ont compris et jouent à ne pas prêter le flanc pour que leurs pays ne basculent pas dans des turbulences inutiles. Au Mali, malgré quelques voix discordantes inaudibles et vite mises en marge, la junte se bat à rassembler et concilier, voulant d’un Mali unifié qui aspire à prendre en main son destin. Le grave basculement du pays dans la violence donnait ces lucidités aux nouvelles autorités du pays, lucidités que ne pouvaient avoir la France et « sa » CEDEAO, acculées à la sanction aveugle et à la marginalisation d’un pays qui ne demandait pourtant, face au contexte délicat qu’il traverse, qu’un peu de compréhension et de bon sens de la part de ses partenaires. IBK l’avait lui-même compris pour refuser de s’inscrire dans le tiraillement auquel le poussaient ses pairs de la CEDEAO pour consentir à démissionner pour l’intérêt de son pays, lui qui pouvait comprendre que sa personne ne pouvait pas seule compter pour le Mali. Au Benin où, par les ardeurs de Patrice Talon et son désir morbide de détruire ses adversaires, la brillante démocratie du Benin commençait par s’effilocher, perdant de son goût et de sa belle réputation. A côté du Sahel, le Benin devenait ainsi une autre bombe prête à exploser. Le Sénégal, avec l’affaire d’Ousmane Sanko, et les velléités autocratiques de Macky Sall, tombait aussi dans le rabaissement de sa démocratie, et une population en veille dont les premiers soulèvements firent comprendre que la démocratie est un bien du peuple non d’un dirigeant, finit par se rétracter pour adopter une attitude conciliante. Le problème n’étant toujours pas réglé avec le rejet de certaines candidatures qui dérangent, le pays reste dans l’expectative, mais le président sénégalais sait bien qu’il n’a pas d’autres choix que de jouer à l’apaisement. En Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara a le mauvais souvenir des turbulences et des violences qui l’ont installé au pouvoir mais aussi, la conscience de ses fragilités depuis la controverse de sa dernière élection pour comprendre lui aussi que l’heure est à l’apaisement surtout que le contexte régional sur fond de menaces terroristes ne lui donne pas d’autres choix. Il mène depuis des jours des concertations avec les leaders politiques du pays, afin que son pays ne sombre pas par des égoïsmes d’hommes politiques qui ne peuvent que regarder leur personne.

Au Burkina voisin, l’heure est aussi à l’apaisement même si cela se fait dans l’incompréhension lorsque Blaise Campaoré pouvait être invité dans le processus de réconciliation de son pays. Le pays, depuis des jours, face à une insécurité grandissante qui menace jusqu’à l’existence de l’Etat, cherche sa voie, tentant de taire les malentendus afin de pouvoir aller ensemble dans la paix.

Et au Niger ?

Le Niger qui est l’un des pays les plus fracturés, ne donne officiellement aucun signe de détente, et aucune volonté politique d’aller dans le pardon et la réconciliation. En lieu et place des canaux officiels pour traduire une telle volonté de construire la paix, l’on laisse la rumeur qui se sert des réseaux sociaux pour entretenir le flou sur le sujet avec des publications anonymes qui racontent ici que Hama Amadou serait rétabli dans ses droits civiques, où qu’il rentrerait sous peu pour fumer le calumet de la paix avec le nouveau régime afin que le Niger sorte de cette longue décennie de haine et de tension et pouvoir capitaliser les atouts que le pays a aujourd’hui d’amorcer son progrès. S’il est vrai que Bazoum, depuis qu’il est au pouvoir, et sur ce plan, pour qui connait les discours qu’il pouvait tenir en d’autres temps, il n’a que trop surpris, car il ne dérange plus personne, ne persécute personne, ni un adversaire politique, ni un journaliste, ni un acteur de la société civile, du moins, si l’on considère ce que l’on avait connu sous Issoufou, le grande démocrate socialiste – entendez, Lecteur, l’ironie.

Mais alors qu’est-ce qui fait piétiner le processus d’apaisement dans le pays pour amener les acteurs en conflit à se parler enfin ?


Faut-il croire que Bazoum Mohamed n’a pas les moyens de cette ambition somme toute noble ? Ils sont nombreux en effet à croire que quand même il pouvait rêver de cette approche pour le pays, il reste que son entourage qui a d’autres intérêts à défendre, ne peut pas lui faciliter la chose car tout le monde sait les bases sur lesquelles, ils pouvait fonder leur pouvoir pour le gérer de la manière que l’on sait. Aussi, jusqu’à quand, cette situation va-t-elle perdurer ? Le Niger, peut-il supporter plus longtemps ces caprices d’ « enfants » sans soucis ?

D’ailleurs quand on voit partout, des gouvernements faire ce choix de la détente dans la sous-région, pour décider enfin de parler avec des adversaires, est-ce de la seule volonté de ces dirigeants ? L’on a vu, il y a quelques, les Etats-Unis se désolidariser du mouvement que la France conduisait contre le Mali pour annoncer officiellement qu’ils soutiennent le processus en cours au Mali. Tous les partenaires ne devraient plus être dans la même posture française pour condamner sans aucun effort d’analyse qui peut permettre de comprendre ce qui a pu conduire à des coups d’Etat et à des violences qui n’en finissent pas. Au commencement de tout ce désordre qu’il y a au Sahel et qui risque de s’installer partout en Afrique de l’Ouest, il y avait la mauvaise gouvernance et la promotion d’une démocratie au rabais. Tant que nos démocraties ne s’approprient pas des valeurs, alors, nos démocraties ne sauront s’épargner ces désordres et ces remises en cause incessantes. Ceux qui nous aident doivent le comprendre et on peut croire que nombre de partenaires sont dans cette dynamique.

On vient d’apprendre avec la visite au Niger de deux ministre Français alors que leur pays fêtait la grande fête du 14 juillet que la France, elle aussi, « promet qu’elle a changé » ainsi qu’on peut le litre chez Médiapart.

C’est, peut-être, dans l’air des temps…
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