Les médias nigériens, forcément, avaient été marqués par des figures de proue qui laissent aux Nigériens le beau souvenir de la place qu’occupaient les médias et notamment la radio dans la vie des populations. Elles n’eurent pas de comparables si bien qu’on aurait cru qu’elles partaient, en prenant leur retraite, avec toute la belle réputation de la radio et, avec elle, les liens affectifs qu’elle a tissés avec les populations nigériennes. L’une de ces figures qui a marqué la radio et sa culture au Niger est incontestablement Soumana Zataou, connu par le public sous l’appellation affectueuse et déférente de Alpha Zazi. Depuis qu’il fit valoir ses droits à la retraite alors méritée, il a laissé presque un vide, lorsque personne ne peut occuper la place qu’il y laissait, tellement l’homme est un monument de la parole qui laisse aux Nigériens le beau souvenir d’une époque, aujourd’hui évoquée par tous avec nostalgie.
L’on ne peut pas comprendre cette mythification de son passage à « Radio Niger » sans saisir ce qu’est l’homme. Soumana Zataou dit Alpha Zazi est d’abord un homme total qui a l’avantage de maitriser parfaitement les deux langues fondamentales du pays, le haoussa et le Djerma. A l’aise dans la parole, toujours belle chez lui, il pouvait sans rien forcer, séduire les auditeurs, ces nombreux Nigériens qui, des quatre coins du pays, l’écoutaient toujours avec un intérêt particulier.
Qui, au Niger, d’une certaine génération, ne connait pas l’homme, celui-là que tous appelaient Alpha Zazi ? Il a imposé son image de journaliste animateur autodidacte à la radio par sa culture riche, sa connaissance immense du Niger, le tout versé dans son savoir coranique et la sagesse qu’il avait pour savoir parler aux hommes, éduquant et amusant, non sans cet humour dont il avait la maîtrise pour fidéliser les auditeurs à ses différentes émissions dont la plus emblématique est la « Boîte aux Questions » du mercredi soir et ses commentaires époustouflants, teintés de plaisanteries innocentes et amusantes. Ce fut avec les mêmes talents qu’il décrivait en direct les combats de lutte que sa parole mesurée savait tellement rendre présente au point où personne ne voulait manquer ses commentaires à un moment où, la télévision et la fréquence de modulation (FM) n’étaient pas encore très développées pour donner la meilleure écoute de cette voix imposante, longtemps « invisible », presque mystérieuse. Qui ne se rappelle, avec quel entrain, dans les villages et les quartiers du pays, des hommes et des femmes, des enfants et des jeunes, se retrouvaient autour d’un poste radio pour vivre la chaleur des combats de lutte, par les commentaires de cet homme qui a convaincu qu’il est le meilleur ?
Son verbe confortable, par le talent épique de sa parole, donnait vie aux combats, et aux scènes de l’arène « envoutée » l’illusion de la présence du climat festif de l’événement.
Je tenais – pour des raisons très personnelles – pour cet homme qui a marqué la vie du pays et des médias, et aussi une part de ma vie par sa voix entendue sur la Voix du Sahel, et ce comme une dette morale, à lui rendre cet hommage – et de son vivant – quand, par des tentatives infructueuses, je ne réussis par à lui arracher une interview. Je sais que cette belle et grande voix qui nous à jamais pénétrés est aujourd’hui terrassée par l’âge après une vie accomplie et une excellente carrière. Il a eu la vie professionnelle la plus accomplie, dédiée à la nation qui doit lui en être forcément reconnaissante.
Depuis, tu nous as manqué Papa Alpha Zazi. Tu nous as fait vivre et vivre des moments heureux de la vie nationale. Tu nous as fait nous sentir Nigériens, nous communiquant une certaine fierté de l’être.
Que Dieu pour lequel tu as tant prié et ce peuple pour lequel tu t’es tant voué ne manquant aucun rendez-vous, te donnent des jours heureux à venir.