le Niger a célébré la 62e année de son accession à l’indépendance. Les manifestations officielles de cette célébration se sont déroulées dans la région de Tillabéry, en présence du chef de l’État et des membres du Gouvernement. À Niamey, elle est marquée par la tradition de plantation d’arbres, instaurée par l’ancien président Seyni Kountché. À cette occasion, nous avons tendu notre micro à certains citoyens pour recueillir leur avis sur la fête de l’indépendance qui cristallise les attentions chaque année.
Dans la matinée du 03 août 2022, le jardin botanique de Niamey est pris d’assaut par plusieurs Nigériens venus, non seulement, sacrifier à la tradition, mais aussi poser un acte citoyen fort en faveur de la préservation de l’écosystème dans un pays durement touché la sècheresse due au changement climatique. Après avoir planté un arbre, Abdou Dourba Mamane Sani accepte de répondre à notre question sur sa perception de l’indépendance du Niger. Selon lui, « le Niger n’est pas un pays indépendant ».
« Un pays indépendant doit être en mesure d’assurer sa propre sécurité, très malheureusement aujourd’hui au Niger depuis la crise malienne ; la force Barkhane s’est installée sur notre territoire alors que les nigériens sont contre cette décision du gouvernement. Nous avons refusé l’aide des français parce que nous pouvons garantir notre sécurité. Mais la preuve, depuis leur arrivée à aujourd’hui, plusieurs innocents perdent la vie », s’est-il indigné.
Une indignation que ne partage pas un autre citoyen qui estime que le Niger remplis toutes les conditions d’un Etat souverain. « Dans les textes et les règlements, le Niger est un pays indépendant d’où la commémoration de la date du 03 août. Nous disposons d’un drapeau et d’une hymne nationale comme tout pays souverain, cela implique les principes fondamentaux de l’indépendance d’un Etat », explique-t-il.
Pour Saadou Sawani Ibrahim, « on ne peut pas parler d’indépendance [au Niger] du moment où c’est toujours le pouvoir colonial qui décide de comment doit être notre politique éducative, économique, notre gestion administrative et la langue même. Il n y’a pas de souveraineté au Niger, nous sommes toujours dans le système néocolonialisme ».
« Le Niger ne peut pas être considéré comme un pays indépendant, dans le cas où il signe des accords de partenariats économiques contre son développement », explique un autre citoyen qui a requis l’anonymat. « Hier, aujourd’hui ou demain, toute ma vie, je n’ai jamais fêté le 03 août comme jour d’indépendance. C’est un sentiment de tristesse, d’angoisse qui m’anime. Celui de voir un peuple qui ne décide pas lui-même. La seule chose qu’il faut encourager, c’est la plantation d’arbres », renchérit Abedi, un citoyen nigérien.