Avec 116.934 cas de paludisme confirmé pour 185 décès enregistrés à la date du 10 août 2022, contre 149.084 pour 199 décès à la même période de l’année 2021, le paludisme continue au fur et à mesure de l’évolution de la saison des pluies, de faire des victimes au sein de la population de la capitale de l’Ader et dans tout le reste du pays. En dépit de la baisse des cas de paludisme, il n’en demeure pas moins que cette maladie est toujours une préoccupation pour les autorités sanitaires. En atteste, le fort taux de mortalité chez les couches les plus vulnérables que constituent particulièrement les femmes et les enfants.
Le constat est fait et il est amer. Les nombreux efforts déployés par l’État et ses partenaires pour protéger l’ensemble de la population de cette dangereuse maladie, semblent insuffisants. Le paludisme est bien là, surtout avec son lot de décès. D’où le cri du cœur lancé par le docteur Issoufou Boubé, Directeur régional de la Santé publique, de la Population et des Affaires Sociales de Tahoua.
« Les cas de paludisme sont encore présents et continuent encore à faire des ravages avec le nombre élevé de décès », déclare le docteur Boubé. En effet, rien que pour les huit premiers de cette année, il a été dénombré 116.934 cas de paludisme confirmés qui ont entraîné 185 décès. Ce qui est très préoccupant. Aussi, poursuit le Directeur régional de la Santé publique, de la Population et des Affaires Sociales de Tahoua, les efforts doivent être accentués. « Nous avons beaucoup de choses à faire pour pouvoir minimiser la survenue de ces cas et réduire le nombre de décès », a-t-il poursuivi.
Pour se faire, Dr Issoufou Boubé pense qu’il faut actionner deux leviers importants. Il s’agit de « la prise en charge des cas confirmés pour les amener à la guérison et l'application des différents modes de prévention pour minimiser la prévalence, minimiser la survenue de ces cas au niveau de la population ».
C’est ainsi que toutes les structures de santé ont été dotés en médicaments pour assurer la prise en charge des cas de paludisme. Le volet prévention n’est pas non plus en reste. Avec l’appui des partenaires, l’Etat nigérien s’est lancé, dans la chimio prévention du paludisme saisonnier. Rien que pour cette année sur les 13 districts, ceux de Keta, de Bouza, de Bagaroua et de Tahoua commune, ont déjà bénéficié de cette campagne ; huit autres l’ont été l’année dernière.
Le second levier sur lequel s’appuient l’Etat et ses partenaires, pour lutter contre cette maladie, est celui de la distribution et de la promotion de moustiquaires imprégnées à longue durée d'action (MILDA). Elle vise les cibles les plus vulnérables que sont les enfants et les femmes en âge de procréer. Dr Issoufou Boubé fait le point sur la distribution : « Nous avons eu pour cette distribution une cible de 1.478.926 personnes à couvrir et nous avons atteint un taux de 102% pour un objectif de 85%. C'est dire que les gens se sont déployés, les partenaires ont mis les moyens pour que notre cible soit couverte. 102%, nous estimons que notre population vulnérable est à l'abri de cette maladie autant que faire se peut. Je dois noter au passage que pour la campagne CPS, nous avons couvert la cible à 110%, nous avons pu traiter 770.447 personnes ».
Aussi, poursuit-il, « c'est pour vous dire que, en termes de prévention, nous estimons que nous sommes plus ou moins confiants puisque partout, les cibles ont été largement couvertes. Il y a en plus la politique de la gratuité de la prise en charge du paludisme ».
Là où le bât blesse dans cette politique de prévention, c’est dans le milieu scolaire où on est dans une phase d’expérimentation. C’est dans ce milieu que se trouve la plus importante cible surtout pour le chimio prévention.
APPEL DU DOCTEUR ISOOUFOU BOUBE EN DIRECTION DE POPULATION
« Nous nous sommes engagés, avec l'appui de nos partenaires et de l'État, à protéger notre communauté par rapport au paludisme et de façon générale à toutes les maladies. L'appel que je lance aux parents, c'est de nous soutenir, de nous aider à les aider. Quand on fait les campagnes, ce qu'on veut, c'est avoir les enfants, avoir la compréhension des parents par rapport à tout ce qu'ils doivent faire en lien avec les produits qu'on leur donne. Le deuxième élément c'est que quand un enfant ou une personne est malade, nous demandons que cette personne soit rapidement conduite dans un centre de santé, pour pouvoir bénéficier d’un diagnostic clair et précis et avoir le traitement idoine. Mais malheureusement, vous allez voir un malade qui va traîner en milieu communautaire et c'est au dernier stade qu'on l'amène au niveau d'une structure de santé et en ce moment, la personne n'a plus les signes de la maladie initiale, d'autres maladies se sont greffées et ça nous donne des complications pour pouvoir le prendre en charge. Donc l'appel c'est de fréquenter régulièrement les structures de santé dès qu'il ya un problème et de soutenir les actions des services de santé dans le cadre des préventions et de la prise en charge des cas ».
Partenaire de première ligne de l'État du Niger depuis plusieurs années dans le cadre de la lutte contre cette maladie face à laquelle les femmes et les enfants se trouvent être les plus vulnérables, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance, UNICEF, conscient que le paludisme n'épargne pas le milieu scolaire, notamment en milieu rural, va procéder à travers le Programme National de Lutte Contre le Paludisme, ces 12 et 13 août 2022, à une campagne de distribution de 190.000 moustiquaires imprégnées d'insecticide, dans 1.086 écoles des districts sanitaires d'Agadez Commune, Tchirozerine, Illela, et Madaoua dans les régions d'Agadez et de Tahoua.
À Tahoua, ces activités toucheront 128.000 élèves du préscolaire et du primaire des départements d'Illela et de Madaoua, à titre pilote. Cette activité rentre dans le cadre du projet de réduction des vulnérabilités du Système éducatif face aux crises (REVE), financé par le Partenariat Mondial pour l'Education (PME). Dans le cadre de la mise en œuvre de l'axe 2 du projet, centré sur l'appui à la santé et au bien-être des enfants, que l'UNICEF, s'est proposé en collaboration avec les Ministères de l'Éducation et de la Santé Publique à travers le Programme National de Lutte Contre le Paludisme, de mener ces interventions en milieu scolaire. Une innovation qui vise à la longue de faire des enfants, notamment en milieu scolaire, des acteurs clefs dans la lutte contre cette maladie.