C’est peut-être le tube estival au Niger, en matière de scandale politico-financier, avec cette histoire rocambolesque de détournement de la pension de retraite de l’ancien président, Mamadou Tandja, disparu en novembre 2020. A vrai dire, cette histoire paraît, de prime à bord, faire dormir débout, en ce vingtième-unième siècle, avec tous les moyens modernes de contrôle des procédures administratives et financières, des moyens si éprouvés qu’il serait impossible à un individu malveillant de se faufiler sous les mailles caudines du système de vérification des opérations financières. On avait pensé la même chose, à l’occasion de la fameuse affaire dite celle ‘’d’Ibou Karadjé’’, du nom de ce chef de service transport de la Présidence qui avait réussi l’exploit de soustraire des caisses du Trésor public plusieurs milliards de francs CFA. Chose curieuse, il avait commis ses forfaits par le biais des LAP, qui sont, en général, des procédures de décaissement dérogatoires au droit commun budgétaire, et qui doivent être régularisées dans les plus brefs délais ! On s’était alors étonné qu’un simple chef de service, même pas un divisionnaire, pût réussir à user et à abuser de telles procédures particulières qui requièrent, pour leur autorisation, un très haut niveau de responsabilité administrative et politique. On s’était demandé comment, pendant cinq (5) ans, ce lampiste de la Présidence avait pu gruger l’Etat, sans que cela eût suscité des soupçons de fraudes de la part des services compétents de toute la chaîne de la dépense publique. Dans un premier temps, on nous avait comprendre qu’Ibou Karadjé était un ‘’faussaire’’ qui disposait de plusieurs cachets des personnes habilitées à viser les documents en question. Mais, comment, dans un système informatisé, une simple signature matérielle aurait-elle pu passer inaperçue dans la base de données de ces services de la dépense publique ? Ensuite, on découvrit que toutes les LAP en question n’étaient pas toutes fausses, car émises en toute régularité par la procédure appropriée. En réalité, Ibou Karadjé avait pu bénéficier de grandes complicités au sein de la chaîne de dépense publique qui s’étend de la Présidence, au Ministère des Finances en finissant par le Trésor Public et de la Comptabilité Publique. Ainsi, plusieurs cadres techniques et administratifs, impliqués dans l’affaire, avaient été et placés en détention provisoire par la Justice. Mais, le dossier s’était arrêté là, sans remonter jusqu’au sommet pour rechercher, ne serait-ce qu’une responsabilité morale, les causes de cette défaillance inadmissible de la part de l’administration de la Présidence, qui était, à l’époque, dirigée par l’actuel Premier Ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, Directeur de Cabinet du Président de la république, au moment des faits. Quelques seize mois se sont écoulés, seuls Ibou Karadjé et quelques cadres administratifs et techniques croupissent toujours en prison, pendant que l’imputabilité politique aura été noyée dans l’impunité généralisée qui caractérise très souvent le régime de la renaissance. Car, aller au-delà aurait, très certainement, abouti à beaucoup de remises en cause de la part du pouvoir actuel.
Voilà que cette affaire n’a pas été éclaircie totalement par la Justice, en surgit une autre, avec le même épicentre, à savoir, la Présidence de la république ! En effet, depuis quelques temps, la nouvelle enfle et fait l’objet de buzz médiatique, la pension de retraite du président Tandja aurait été, tout simplement, détournée par un agent des services financiers de la Présidence. Comment cela a-t-il pu être possible pour une pension de nature particulière et de titulaire particulier ? Mystère et boule de gomme ! Une chose demeure certaine, dans cette histoire, c’est que, comme dans l’affaire d’Ibou Karadjé, ce détournement n’a pu être organisé qu’avec la complicité active de certains cadres des services financiers de la Présidence. Pour le moment, l’on ignore le montant du forfait commis par cet agent de la Présidence, qui, d’après certaines sources, n’aurait même pas été inquiété. Mieux, il semblerait qu’il aurait demandé de retourné à son ministère d’origine. Alors, la question que l’on serait tenté de se poser est la suivante : qui protège cet agent indélicat ? Car, manifestement, l’individu en question ne serait pas n’importe quel quidam et disposerait d’une forte couverture au plus haut sommet de l’Etat. En tout état de cause, les autorités compétentes devraient prendre toutes les décisions qui s’imposent pour faire toute la lumière sur cette scabreuse affaire.
Sanda