Depuis l’annonce du gouvernement, par la voix de son ministre du Commerce, de la hausse du prix du gasoil, que d’agitations peut-on observer ici et là dans le pays ; des voix indignées qui crient leur incompréhension, leurs colères lorsqu’un parti socialiste peut tant manquer de compassion pour un peuple qui souffre et qui gémit au coeur de l’étau de mille et un problèmes pour lesquels son socialisme n’a pas de réponses, laissant les populations patauger dans la galère et le désespoir. Pourquoi ces hommes, prétendument de Gauche, peuvent-ils tant manquer de coeur à écouter les colères, à comprendre les cris de douleurs des hommes, à entendre les besoins de vie de populations que leur politique condamne à l’enfer de leur mal gouvernance ? Pourtant, ce PNDS qui gouverne depuis plus de dix ans pouvait comprendre que l’accalmie fragile qui lui fait croire que son peuple a abdiqué et a renoncé à ses luttes, n’est qu’un signe trompeur qui cache mal les malaises et les douleurs que son socialisme contrefait vient allumer dans le corps social que la pénibilité de la vie violente et rabaisse pour le déshabiller presque de son humanité. Au Niger, depuis dix ans, les hommes ne sont plus des hommes ; ils sont réduits à une inhumanité qui les rabaisse au rang d’instruments aux mains d’un socialisme prédateur qui pouvait avertir sur sa nature, sans qu’on ne le sache, depuis que, pour se représenter sur le champ politique, la symbolisation animale, léonine – Zaki – lui permettait de s’affirmer sur l’échiquier pour incarner les méchancetés et la nature prédatrice de la bête.
Pour les Nigériens, il est clair que l’on ne saurait s’attendre à mieux de la part de ces hommes, de ces socialistes de pacotilles qu’un certain hasard de l’histoire et une cruauté du destin imposent aux Nigériens, se lamentant tous les jours, sans que jamais, leur pouvoir ne daigne entendre les cris de coeur de populations dont ils prétendent porter la légitimité et la confiance pour gouverner et répondre à leurs attentes. Cela fait des années que par la gouvernance des socialistes faite de mépris à l’endroit du peuple, les colères se sont tassées, que les rancoeurs se sont accumulées sans que jamais, des socialistes gonflés de vanité ne puissent comprendre l’urgence à apaiser pour soigner les douleurs endurées pendant des années. Peuvent-ils avoir cru qu’ils avaient ainsi réussi à mettre à genoux les Nigériens pour se jouer tant de leur vie, de la fierté dont ils se revendiquent ?
La goutte d’eau qui fait déborder le vase ?
Alors qu’il y a pire dans le Niger actuel avec ces injustices et ces impunités, avec ces détournements massifs, avec cette corruption à grande échelle, presque industrialisée, avec ces enrichissements illicites outrageants qui ne peuvent plus permettre à un peuple si triste de se réveiller et de se battre, il a fallu de peu pour que les citoyens et certains leaders d’organisation syndicales et de la société civile lèvent le ton et la tête, pour crier leur ras-le-bol, exprimant des colères légitimes, largement partagées dans une société désormais fondées sur l’injustice et l’ostracisme. Avec la nouvelle brutale dans une société où chaque matin, le pouvoir d’achat du Nigérien prend un grand coup du fait de la hausse incontrôlée des prix sur les marchés, on ne peut que comprendre la vie difficile des populations vivant dans la tourmente de l’insécurité, d’une pauvreté endémique que des campagnes agricoles aléatoires sont venues aggraver. Quel produit, depuis l’arrivée au pouvoir de Bazoum Mohamed n’a pas connu un renchérissement de son prix sur les marchés ? Du riz à toutes les autres céréales de grande consommation dans le contexte nigérien en passant par le sucre, l’huile, les légumes et tous les autres produits qui rentrent dans la consommation courante, tout a connu une hausse, et jamais les mesures annoncées par le gouvernement pour y faire face n’ont eu d’impact même lorsqu’elles ont été mises en oeuvre. L’électricité et l’eau, depuis Issoufou avaient également connu des hausses à travers des lois de finances décriées et une taxation, une fiscalité qui ont éprouvé la qualité de vie des Nigériens de laquelle le socialisme nigérien s’en fout. L’ITN, puis d’autres syndicats, et regroupements de commerçants et de transporteurs, après un nouvel mouvement en gestation depuis une époque – le M62 – et des acteurs de la société civile du pays ont donné de la voix, mêlant leurs colères à celles plus vives du citoyen lambda qui ne sait plus où mettre de la tête depuis qu’il peut comprendre qu’il ne saurait compter sur un socialisme de cet acabit pour améliorer ses conditions d’existence que onze années d’amateurisme socialiste ont ruinées et dégradées. Les Nigériens, après Issoufou, pendant dix ans, et depuis plus d’un an, avec Bazoum Mohamed ont fini par comprendre que le « changement » prôné par ses nouveaux discours n’est qu’un leurre et que les deux, parce que peut-être faits du même bois socialiste, ne devraient pas être si différents. Le deuxième pourrait seulement comprendre les fragilités de son pouvoir pour surfer sur ces espiègleries qui lui permettent de tromper sur son agenda, en donnant justement l’impression qu’il est acquis au changement. Après plus d’un an, les Nigériens ne voient rien venir de cette Renaissance acte III qui ressemblerait à un changement, à un vent nouveau, frais, qui soufflerait sur le pays et ses blessures. Las d’attente, les Nigériens ne croient plus au nouveau pouvoir et à ses paroles, et depuis qu’ils ont commencé à douter, à la suite de sa première année d’inertie et de surplace, d’impuissance et de doute, ils n’expriment aujourd’hui que de l’indifférence face à ses discours démagogiques. Et il y a de quoi car ce PNDS, depuis qu’il vint au pouvoir n’a excellé que dans la parole, pouvant croire que ses discours seuls peuvent lui permettre d’arranger la perception de sa gouvernance auprès des Nigériens qu’il peut croire incapables de jugement. Ainsi, Issoufou – comme Bazoum aujourd’hui marchant dans ses pas avec aussi ses écrits placardés dans la ville – pouvait avec cette phrase magique, « Promesses tenues » peu vraie portée sur des posters géants dans la ville, faire croire que c’est le peuple, non lui-même trop fier de lui-même, qui pouvait aimer tant se flatter de paroles qui ne sont que des vues de son esprit, donnant l’illusion d’avoir répondu aux attentes des Nigériens. Si, jouant plus avec autorité, sinon avec autoritarisme et dans le mépris de ce que peuvent penser les Nigériens de la gestion de leur pays, pour tout faire dans le forcing, Bazoum, peut, lui, avoir une démarche différente, prenant ses décisions unilatéralement, pour vouloir ensuite les faire passer en jouant sur des parodies de concertation et on peut alors entendre des éditorialistes réduits souvent au griotisme intéressé, crier que l’homme est différent et qu’il sait mieux parler aux autres acteurs qu’il a en face de lui. En vérité, il n’en est rien et, il le sait, du reste. Ceux qui sont allés à son invitation – en tout cas pour ceux qui ont eu la gentillesse d’y répondre car certains ne l’ont pas jugé nécessaire - il ne s’agit pas de négociations ouvertes mais juste d’une séance d’explication pour faire endosser à tous, une décision à tout le moins irrévocable dans l’entendement des princes roses, mais inacceptables pour les autres. Dès lors, il est impossible avec un tel esprit, comme il en a toujours été ainsi dans les différends que les socialistes ont à chaque fois à gérer avec les Nigériens, de trouver le moindre compromis sur des sujets qui divisent.
Attention à la main manipulatrice…
Dans la gestion de tels problèmes, le PNDS, fidèle à ses stratégies, joue sur trois paliers. Le premier consiste à miser sur la division, en tentant de faire croire que ceux qui protestent sont acquis à la cause d’un camp politique et cette stratégie a souvent payé car, après avoir diabolisé certains camps politiques, il est arrivé que souvent, personne, même lorsque le combat est noble et justifié, ne peuvent pas s’engager à ses côtés de peur d’être marginalisés, voire stigmatisés ; attitude pourtant dangereuse pour la cohésion sociale d’un pays que le socialisme a fragilisé. L’autre stratégie consiste à instrumentaliser des acteurs supposés être de la société civile et des syndicats, pour les pousser à contester la démarche des autres, parlant sans qu’on ne les entende, du nonfondé des luttes engagées contre le pouvoir, contre leur pouvoir. Or, aujourd’hui, quand on écoute les réseaux sociaux, on se rend compte que bien de personnes commencent à comprendre qu’on les a bernés, notamment avec ces voix qui viendraient du fief des Roses et qui disent aujourd’hui toutes leurs déceptions et leurs remords. La dernière stratégie est dans l’ADN même du socialiste nigériens, elle est de tenter de corrompre certains acteurs pour les « démobiliser », ou même pour les opposer à leurs camarades engagés dans la lutte.
Des voix qui rassurent…. On peut enfin apprendre que des acteurs ont compris tout cela et se disent prêts à tout endosser, à tout assumer, à tout entendre et que jamais, face à cette lutte, ile ne baisseront pas les bras, convaincus de la noblesse de la cause qu’ils défendent et qui les mobilise, non pour un camp, ni pour un clan, mais pour le Niger, le seul intérêt qu’ils ont à défendre, s’il le faut, au prix de leur vie. On aura compris quand on peut entendre ce que peuvent continuer à dire certains acteurs, après les rounds de négociation autour de ministres puis autour du président de la République en personne, que sur ce point de la vie chère, du nouveau tarif du gasoil et de la présence militaire française, les acteurs en place ne peuvent plus s’entendre et qu’il y a entre les deux, un dialogue des sourds. On aura compris que les Nigériens ne sauront pas, ad vitam aeternam, continuer à endurer cette vie de merde, et qu’ils devront, pour leur dignité et pour leur pays, se battre comme d’autres peuples l’ont fait pour être fiers de leur histoire. Et ainsi que le disait, en d’autres temps l’actuel président, la vérité, sera une affaire de rapport de force à imposer. Ceux qui, aujourd’hui, prétendent avoir compris les explications du gouvernement, peuvent-ils demain, mobiliser les Nigériens autour de l’objet à savoir ces augmentations souvent irréfléchies qui leur compliquent la vie ? « La viande est là, le couteau aussi », alerte un adage populaire haoussa.
Demain, peut-être, chaque camp devra faire appel au peuple pour le mobiliser autour de son choix : gare à celui qu’on n’entendra pas dans le peuple !