On dit souvent qu’une démocratie n’a pas souvent besoin d’une majorité pour gouverner que d’une opposition pour se renforcer et se vivifier auprès du public. En effet, l’essence même de la démocratie réside dans la contradiction, dans la dialectique du multiple de possibles qu’il peut avoir autour d’une idée, d’un concept, voire d’une proposition donnés. C’est-là, assurément, tout le contraire de la dictature où seule la volonté d’une seule personne ou groupe de personnes décide de la conduite à tenir. L’expression démocratique a revêtu plusieurs formes dans l’Histoire, mais la forme qui nous intéresse est celle de la démocratie représentative, celle qui fait apparaître le dualisme entre la majorité et l’opposition. Comme vous le savez déjà, depuis l’avènement de la Septième République, la vie politique nationale est dominée, régulièrement, par la permanence au pouvoir de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), depuis 2011, et une opposition en perpétuel changement de composition et de recomposition d’alliances politiques. On fera, ici, l’économie à nos chers lecteurs de toutes les dénominations que ces différentes coalitions de l’opposition aura eues pour nous pencher sur le triste sort actuel de l’opposition politique nigérienne, aux abonnés absents, dont la voix sera devenue inaudible et manquant, par-dessus le marché, de leaders charismatiques, crédibles et pleinement engagés dans le combat citoyen. On dit souvent que l’opposition doit être une alternative crédible et susceptible d’alterner à la majorité au pouvoir. Or, que constatons-nous, aujourd’hui, parlant de l’opposition politique nigérienne, portée disparue à un moment important, précisément, à une période d’incertitudes politiques, économiques et sociales comme cette montée vertigineuse du coût de la vie, de cette politique inflationniste inique élaborée par le régime de la renaissance qui aura lamentablement échoué dans tous ses projets structurants ? En réalité, il ne faudrait point se tromper, la hausse spectaculaire actuelle du prix du gas-oil n’a aucune explication tangible que celle d’éviter à la SONIDEP de mettre la clé sous le paillasson, suite à la mauvaise gestion pratiquée dans cette boîte sous les deux quinquennats d’Issoufou Mahamadou et de son clan politique. Il en est ainsi, d’ailleurs, de toutes les autres institutions de l’Etat lourdement épinglées par la Cour des Comptes dans son Rapport Général Public 2021. C’est à l’heure de la montée vertigineuse des périls sécuritaires que l’opposition politique nigérienne choisit d’abdiquer, de rendre les armes et de capituler sans gloire devant le régime impopulaire de la renaissance. Hama Amadou en exil forcé, le Lumana/FA est démobilisé, faute de relève compétente pour incarner la lutte. Les militants du parti s’interrogent et se posent des questions légitimes au sujet de leurs responsables actuels sur lesquels ils ont cessé, depuis belles lurettes, de compter pour sonner la révolte. Ils attendent en vain des mots d’ordre de remobilisation des troupes qui ne viennent jamais. Du côté du RDR-Tchandji de Mahamane Ousmane, c’est la grosse confusion qui y règne, entre ceux qui souhaiteraient rejoindre la mangeoire de la majorité au pouvoir et ceux qui voudraient rester à l’opposition. Le sulfureux Doudou Rahama, un fidèle de Nafarko, incarne le mieux les hésitations actuelles de ce parti. Il ne reste, dans cela, que le brave Ladan Tchiana, le président d’AMEN-AMIN, seul, au milieu de ces décombres, à élever le ton, à vociférer à coups de déclaration publique, pour faire entendre un autre son de cloche face au tintamarre d’un pouvoir prêt à tout pour se maintenir. Le ‘’Muezzin de Kollo’’ apparaît, aujourd’hui, comme le seul D’Artagnan face au rouleau compresseur du régime de la renaissance qui cherche à réduire au silence toutes formes d’opposition dans le pays. Malheureusement, le leader d’AMEN-AMIN semble trop isolé pour espérer ébranler sérieusement le régime actuel. Quant à la Société civile, elle paraît plus que jamais désunie et surtout groupusculaire, du fait sans doute du jeu néfaste du pouvoir actuel de l’infiltrer pour mieux la phagocyter, à défaut de la domestiquer ! En dépit d’un terrain favorable, ces organisations de la Société peinent à mobiliser les citoyens nigériens désabusés désormais face à la versatilité de ses animateurs.
Le résultat final, c’est qu’aujourd’hui, le peuple nigérien est abandonné à son triste sort, pris en otage, d’un côté, entre un pouvoir inique, et une opposition politique de façade, de l’autre côté. Et c’est bien dommage pour le Niger et son peuple qui mériteraient mieux que ce triste spectacle auquel se livre l’opposition politique nigérienne actuelle !