Redémarrée depuis mars 2019, la construction du Barrage de Kandadji se poursuit normalement avec un taux d’exécution de 24% des travaux de génie civil, à la date du 30 juillet 2022, a indiqué le Directeur Général de l’Agence du Barrage de Kandadji (ABK), M. Amadou Harouna dans un entretien accordé à une équipe de l’Agence Nigérienne de Presse (ANP).
Le projet de construction du Barrage de Kandadji (189 km au nord-ouest de la capitale du Niger) a pour objectif d’accroître la production de denrées alimentaires et d’électricité, de stimuler les emplois et ouvrir des perspectives économiques au profit des familles et des communautés du Sahel.
Les travaux, note-t-on, sont opérés par l’entreprise chinoise Gezhouba Group Company Limited sur financement de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Agence française de développement.
Ce projet de 740 milliards de francs CFA, avec sa digue de 28 mètres de haut et ses 8,5 km de long, aura une capacité de retenue de près d’un 1,5 milliard de mètres cubes et une production annuelle moyenne d’électricité de 617 GWh qui va permettre au Niger d’améliorer sa sécurité énergétique et de s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis du Nigeria voisin.
A cela s’ajoute l’installation d’une centrale solaire de 70 MW, l’aménagement de 20 000 hectares de périmètres hydroagricoles pour la production de riz et d’autres spéculations.
Sur le plan environnemental, le programme Kandadji permettra également de garantir un débit écologique d’étiage de 120 m3/s à Niamey et servira à la recharge constante des nappes alluviales en aval du barrage, la recharge des nappes souterraines, la création des sites de nidification sur le barrage et les ouvrages annexes ainsi que la prolifération de certaines espèces d’oiseaux.
Il permet aussi l’accroissement de la productivité piscicole en amont, la conservation de la diversité biologique en aval, une amélioration de la structure des sols en amont du réservoir et une régénération des écosystèmes naturels.
Le barrage de Kandadji, c’est également la création d’une aire protégée qui vise à conserver la biodiversité y compris les espèces migratrices, la sauvegarde des espèces intégralement protégés (Hippopotames, lamantins, loutres etc.), ainsi que la promotion des services écosystémiques.
Notons également que la Réserve Naturelle Nationale de Kandadji (RNNK) a déjà été érigée en aire protégée par décret.
Selon le Directeur Général de l’Agence du Barrage de Kandadji, ‘’le taux d’exécution des travaux intègre plusieurs activités, à savoir les travaux de sécurisation de la cité du maître d’ouvrage et des chantiers déjà achevés, la mise en place des installations du chantier aujourd’hui achevée, ainsi que le bétonnage de la fondation du barrage ‘’.
Aussi, a ajouté M. Amadou Harouna, « l’ABK vient d’atteindre une période cruciale de ces travaux de génie civil prévus pour se faire en 3 phases, avec le début des travaux de basculement de l’écoulement du fleuve Niger du bras rive droite au bras rive gauche, qui marque la fin de la phase 1 de ces travaux ».
Ainsi, la phase 2 des travaux du barrage, débutée le 20 août dernier, consiste à la construction de la partie du barrage constituant la centrale et l’usine hydroélectrique en même temps que la digue en terre sur les deux rives, et des équipes travaillent H24 et 7jours/7 afin de réussir cette étape cruciale de la construction du Barrage.
Il ressort également d’un communiqué rendu public, le 22 août 2022 par l’Agence du Barrage de Kandadji que « l’écoulement du fleuve de la rive droite vers la rive gauche est un évènement très attendu tant par l’Agence que ses partenaires. Le respect des délais convenus pour cette étape importante est en effet un signe qui matérialise la marche vers l’atteinte de l’objectif 2025 ».
Par ailleurs, a précisé le Directeur Général de l’ABK, « le taux d’exécution des travaux du barrage est jugé aujourd’hui en deçà des prévisions, étant donné que depuis le début de l’année 2020, la cadence des travaux a été affectée négativement par plusieurs contraintes ».
Il s’agit selon M. Amadou Harouna, « des évènements sécuritaires survenus dans la zone et ayant occasionné le départ du Bureau d’études français, TRACTEBEL maître d’ouvrages, chargé du contrôle et la supervision des travaux, des lots 1 et 2, de la propagation de la Covid 19, ainsi que du retard dans la mobilisation de recrutement du nouveau maître d’ouvrage ».
« Les retards de paiement des décomptes de l’entreprise par l’Etat et les partenaires ont également impacté ces travaux », a-t-il fait savoir, avant de notifier quelques difficultés liées à l’ancienne direction des travaux de l’entreprise où sa manière de manager n’était pas du tout à la hauteur de des attentes de l’Agence.
M. Amadou Harouna a, par la suite, indiqué que Kandadji, c’est aussi d’autres activités très importantes, à savoir la réinstallation des populations, pas seulement le génie civil.
Dans ce domaine, nous confie, le Directeur Général de l’ABK, « nous avions aménagé des sites pour reloger plus de 10.000 personnes et réalisé des aménagements hydro-agricoles de 2000 hectares afin de pouvoir récompenser ses populations ».
Il faut également noter « la construction de routes, le raccordement à l’électricité et à l’eau potable et le déploiement d’infrastructures et de services collectifs comme les écoles, les dispensaires et les marchés, et aussi la création des centres pour les jeunes afin de permettre à ses populations réinstallées d’être dans des très bonnes conditions ».
Aussi, a-t-il ajouté, « un aménagement hydro-agricole de 300 ha à Bonféba a été réhabilité conforment aux missions et des micro-projets ont également été réalisés avec les communes, pour un montant total d’environ 3 milliards de FCFA ».
Une étude importante a aussi été réalisée sur le schéma de développement de la vallée du Niger ou on a identifié un potentiel de 720.000 hectares et des études sont en cours pour les faisabilités.
Selon le planning actuel tous les grands travaux du barrage devraient être finis en 2025, car selon le dernier chronogramme l’objectif c’est octobre 2025 et évidemment si tout se passe comme prévu puisque les défis persistent et restent encore à relever.
Pour le Directeur Général de l’ABK, « il y a un engagement très fort pour tous les acteurs pour qu’en octobre 2025, nous puissions réaliser les travaux de génie civil ainsi que les autres infrastructures du barrage ».
Il a également soulevé la question de la réinstallation des populations présentes dans la retenue parce que le barrage ne peut pas être mis en eau, si toutes les populations ne sont pas réinstallées dans les conditions qu’il faut et conformément aux procédures des bailleurs de fonds.
« La ville d’Ayérou ainsi que 26 autres villages font partie de cette retenue, et nous avons également des personnes qui seront impactées au Mali, à peu près 3000 personnes à réinstaller » a-t-il précisé.
Alors, cette question de réinstallation, a poursuivi le Directeur général, est « une question extrêmement importante, et notre défi est de pouvoir réinstaller ses populations, mais toutes les dispositions sont en train d’être prises pour essayer d’accélérer cette réinstallation et dans des très bonnes conditions ».
Monsieur Amadou Harouna n’a pas manqué de saluer « l’engagement des plus hautes autorités de ce pays dans la réalisation de ce programme et de dire oui, 2025 pour la finition des infrastructures ».
«Mais les défis et la condition, c’est la réinstallation des populations » a conclu M. Amadou Harouna.
Rappelons que le rêve de ce barrage de Kandadji sur le fleuve Niger date des années 1970, suite à une terrible famine où le Général Seyni Kountché, Président de la République à l’époque, avait envisagé de doter le pays d’un barrage hydroélectrique de grande envergure. Et tous les chefs d’Etat qui lui ont succédé ont fait de cette infrastructure une priorité.