Issoufou Mahamadou a tout tenté, et réussi diront certains au point de se croire invincible. Il a tout fait. Tout ou presque. Malheureusement souvent, pas toujours dans le bon sens. Il a cru, misant sans doute sur une puissance qu’il se serait donnée, qu’il pouvait tout se permettre avec les Nigériens pour agir comme bon lui semble, sans jamais rendre compte aux Nigériens. On sait que l’homme, pendant ses dix ans de règne, « jalonnés d’injustice » dira l’autre, s’éloignant de ses discours pour gérer, n’a fait que le mal – en tout cas plus le mal, pour s’affirmer comme dirigeant. Combien d’hommes et de femmes, combiens d’enfants, du fait de ses rancunes, avaient été envoyés en prison, trouvant du plaisir à inventer par le système qu’il mettait en place des accusations fallacieuses pour emprisonner, souvent sans la manière, d’honnêtes citoyens quand les voleurs patentés de la République circulent, intouchables ? On en avait tellement connu sous son magistère qu’embarrassés certains juges, peuvent ne pas vouloir de certains dossiers judiciairement peu banquables que son régime manigance pour créer des ennuis à des hommes qui le gênent ou gênent son système. qui n’a pas de scrupule à trouver noise même à des familles, « fabriquant » des dossiers pour régler des comptes à des adversaires, faisant payer à d’autres familles la reconnaissance de leurs enfants, dans le seul et cynique but de rendre crédible son « machin » mais épargnant les siens quand on peut entendre la puanteur venant encore de son système autour d’une succession qui a fait jaser la presse et une famille vivant un drame autour d’une fortune héritée.
Les Nigériens n’oublieront jamais le dirigeant qu’il a été, un homme qui peut, différemment, traiter les régions du pays dans sa gestion, privilégiant plus la sienne pour laquelle il pouvait donner de moyens et lui consentir plus d’investissements ainsi qu’on l’a vu lors de la fête tournante où pour le tour de Tahoua, le budget alloué n’a jamais été accordé à aucune autre région, sans que rien ne puisse le justifier si ce n’est de dire que le président de l’époque vient de cette région. Dans le domaine de l’hydraulique et des infrastructures routières, l’essentiel des investissements consentis revenait à la région choyée. C’est à croire que l’homme venait au pouvoir pour gouverner pour les siens au lieu que ce soit pour le Niger, pour la nation, structure politique fondée sur la justice mais que lui peut regarder dans ses différences.
Mais les Nigériens et la presse nationale ont beau dénoncer de tels actes incompatibles avec la gestion de l’Etat, et peu recommandables pour un homme d’Etat accompli, l’homme n’en a cure et peut continuer à le faire, comme il en donne la preuve le 27 août dernier, où, théâtralisant un départ en vacances qui ne rime à rien, en tout cas pour le chômeur qu’il est désormais dans son pays. Partant dans sa région natale, il vient presque justifier que son pays, c’est sa région et qu’il peut se pavaner là en empereur pour assouvir ses vanités. Peut-il ne pas prendre exemple sur ses prédécesseurs qui, après avoir occupé les hautes fonctions de l’Etat, ont toujours gardé de la hauteur, pour s’élever au dessus de la ʺrégionalitéʺ et atteindre les hauteurs de la République et de la Nation auxquelles l’élève la loi fondamentale.
Mais revenons à plus grave.
L’insatiable désir de pouvoir d’Issoufou s’est manifesté au-delà de ce qu’il s’est imposé, sans élégance, notamment de faire tout ce qu’il veut, y compris à brutaliser ceux qui peuvent ne pas penser comme lui. Et voici qu’aspirant à s’imposer dans le pays et dans la capitale pour tout ramener presque autour de sa personne et de sa famille ou du moins de son clan, certains espaces publics, hier biens de l’Etat, ont progressivement disparu du domaine public dans des conditions assez troubles, revenant à des privés sans qu’on ne sache trop les condition des transactions et précisément quand on sait que, selon certains spécialistes, la démarche est formellement interdite par les textes de la République pour ne pas créer les condition d’une spoliation de l’Etat et donc du peuple à qui appartient exclusivement les biens de l’Etat qu’un autre, fut-il le président de la République, ne peut s’autoriser à gérer à sa convenance, pour en céder des parties à des hommes d’affaires qui pourraient être ses amis, où, comme le soupçonnent certains observateurs, jusque des société-écrans derrière lesquelles pourraient se cacher les siens, notamment l’ensemble de ces hommes et de ces familles que son système a enrichis aux milliards.
Sur ces espaces, il va sans dire qu’il y a à donner des explications aux Nigériens. Comment comprendre par exemple qu’un hôtel – oui un hôtel – qui appartiendrait à un privé étranger, turc notamment, puisse-t-il venir déloger une administration nationale aussi importante que la douane, pour la laisser tout démolir pour s’y installer ? Pour qui donc roule cette entreprise hôtelière ? Aucun bon sens ne saurait faire comprendre cela dans un pays souverain qui sait se respecter et respecter le patrimoine de l’Etat. Et c’est d’autant grave que personne, ne peut dire, ce qu’une telle transaction mafieuse peut avoir apporté à l’Etat, au trésor public. Et pour le plaisir des clients, la morgue peut même être fermée pour ne pas les gêner dans leurs extravagances et leurs mondanités, quand au passage, le lieu pourrait rappeler à chacun, par-delà ses avanies, qu’un jour ou l’autre, lui aussi, forcément, y passera. D’autres cas, et toujours pour des hôtels sont aussi à tenir dans la liste : l’hôtel à côté de la SONIDEP qui semble avoir une histoire rocambolesque et l’hôtel construit dans l’espace des cases allemandes. Dans quelles conditions ces espaces ont-ils été acquis et par qui ? A qui appartiennent ces hôtels luxueux voulus aussi pour détruire un autre dans le paysage de la capitale, à savoir l’Hôtel Sofitel Gawèye, une fierté nationale ?
Alors que le Centre de Conférences qui détruisait un autre centre national de santé dédié à la drépanocytose, vient trôner majestueusement sur les lieus, l’on peut mieux comprendre l’usurpation de l’Etat à l’Etat quand, apprend-on, l’édifice serait un « cadeau » de l’Inde au Niger, et donc désormais versé dans le patrimoine de l’Etat.
Plus choquant…
Les Nigériens étaient abasourdis quand, usant de bulldozers, ils voient des gens venir démolir le vieux et solide bâtiment de l’OPVN en face de la mairie centrale, pour faire de cette structure nationale d’importance capitale et stratégique, un SDF. Mais on le fit pour deux raisons : d’une part, l’OPVN doit aller louer et donc lui imposer des charges nouvelles qui n’étaient pas nécessaires, et d’autre part enrichir les siens dont il occupera les immeubles, suivez mon regard. Comment ne pas s’en offusquer quand, sur l’espace ainsi saccagé, démoli, l’on ne trouve qu’une ruine, ne pouvant voir aucun signe de reconstruction, et à quel fin ? Un tel acte n’est pas une forme de trahison ?
Tout au long du Gounti Yéna, l’on voit également de part et d’autres, sortir de terre du béton, là également, sans qu’on ne sache trop comment et au profit de qui.
Il y a aussi cette autre affaire de l’achat controversé d’un terrain qui appartenait à une société nationale d’Etat – la SNTN – à Tahoua, terrain qu’un autre pouvait récupérer dans des conditions opaques pour en faire son bled, arraché à l’Etat pour servir des intérêts privés. Là même, qui peut dire les conditions d’acquisition du terrain ? Il y a beaucoup d’autres notamment cette école primaire au quartier Terminus. On sait également que l’ancien bâtiment des Finances était dans le viseur des démolisseurs tout comme l’espace du petit marché que la mairie voulait construire pour décongestionner les rues-marchandes de la capitale qui obstruent la circulation autour du grand marché.
Vérité…
De tels crimes, assurément, sont passibles de poursuites judiciaire et peut-être que cela fait partie des raisons pour lesquelles le M62, dans ses points de revendication, demande la mise en accusation de l’ancien chef de l’Etat.
ISAK