Des chansons aux contenus subtils mais pleins d’enseignements pou qui sait écouter, des menaces à peine voilées, des actes qui parlent plus que les mots, la campagne pour la présidence du Pnds Tarayya, déjà ouverte, s’assimile pratiquement à une guerre larvée contre le Président Bazoum. C’est visiblement lui, la cible principale de tant d’attaques insidieuses. Selon des sources crédibles, c’est le prochain congrès du Pnds Tarayya qui explique tout ce charivari politique rose. L’enjeu est de taille pour le clan Issoufou. Il faut reprendre le contrôle entier du parti en positionnant des hommes acquis à l’agenda de l’ancien président. L’agenda d’Issoufou Mahamadou, selon des sources internes au Pnds Tarayya, c’est de propulser son fils à la tête de l’État. Vrai ou faux, l’ancien président intrigue. Son retour annoncé en politique à partir d’août 2022 n’a rien de surprenant. Il est, selon l’avis de nombreux internautes, est acté de longue date, bien avant l’épilogue actuel. Selon eux, le choix de Bazoum Mohamed en tant que candidat du Pnd Tarayya à l’élection présidentielle n’était pas fortuit, Issoufou Mahamadou ayant imposé celui qu’il pense être le plus manipulable dans la réalisation de ses desseins. La propagande actuelle, alimentée par le ressentiment de plusieurs ténors roses, notamment dans le premier cercle des hommes d’affaires, vis-à-vis du Président Bazoum, ne peut être le fruit d’une mise à l’écart ou la remise en cause de leurs …et intérêts. Rien de tout ce qu’ils ont engrangé, souvent dans des conditions contestables, n’a été entamé. D’où vient alors l’animosité à l’endroit de Bazoum Mohamed, surtout lorsque ça vient de personnes dont il s’attend au soutien ferme ? « Bazoum Mohamed est un président d’un mandat », a confié un cadre du Pnds. Le rajeunissement de l’élite du parti que réclame certains leaders de la génération montante, ne l’épargnera pas. Il est déjà acté, quelque part, que le prochain congrès du Pnds va consacrer cette mutation générationnelle. Si la vieille garde ne disparaîtra pas du jour au lendemain, il reste que peu de têtes survivront. On le comptera, note un observateur avisé, parmi celles qui accepteront de composer avec Issoufou Mahamadou, l’unique maître à bord. La génération montante, qui entend prendre les manettes du pouvoir au sein du parti, a de qui tenir. Tractée par Sani Issoufou dit Abba, à qui on lui prête des intentions de projet présidentiel, la génération montante a un parrain de taille : l’ancien président, Issoufou Mahamadou dont le dessein serait de faire de son fils, le prochain président de la République.
En tournée, dans la région de Tahoua, en août dernier, Abba Issoufou s’est fait acclamer par des populations qui scandaient « Abba , président », « Abba, saï ka yi », c’est-à-dire « Abba, tu seras président, quoi qu’il advienne ». Et le sourire de l’intéressé laisse clairement entendre qu’il est sensible à ce slogan flatteur. Selon de nombreuses sources politiques, c’est désormais un secret de polichinelle que Issoufou Mahamadou cherche à aménager à son fils un boulevard pour le palais présidentiel. Le combat de la jeunesse rose pour un renouvellement générationnel profite, donc, d’abord à Abba Issoufou, considéré par de nombreux observateurs comme le candidat du Pnds à l’élection présidentielle prochaine.
Selon toute vraisemblance, le sort du Président Bazoum est déjà scellé, quelque part, dans les dédales du Pnds Tarayya. Et il n’est pas du tout beau. Les vacances présidentielles d’août n’ont pas été de tout repos, aussi bien pour le président que pour son prédécesseur, décidé à faire fléchir et marcher à sa convenance son successeur à la tête du parti et de l’État. Mettant quotidiennement Bazoum Mohamed mal à l’aise, sinon à l’étroit dans des circonstances officielles et sur des platebandes réservées exclusivement au président de la République, Issoufou Mahamadou est carrément passé à la vitesse supérieure en fin août. Prenant aussi des vacances, à la même période que le Président Bazoum, comme il le fait depuis l’accession au pouvoir de ce dernier, l’ancien président a notamment demandé aux populations de Tahoua qui l’accueillaient si leur «amana», c’est-à-dire leur fidélité à sa personne, est toujours intact. Un sondage utile pour ce qu’il veut entreprendre. Pour lui, tout tourne autour de Tahoua. Les résultats électoraux de ces dernières années dans cette région ont quelque chose de surréaliste. Et c’est son arme fatale. C’est avec ces voix, régulièrement contestées de toutes parts pour fraudes évidentes, que l’ancien président pense tenir son successeur en otage. Son attitude vis-à-vis de Bazoum Mohamed et du pouvoir qu’il incarne fait dire à beaucoup de Nigériens qu’Issoufou avait un agenda caché en l’imposant comme candidat du Pnds. Très tôt, des observateurs nigériens ont qualifié le président actuel de président «kama-mini» qui veut dire président par procuration ou vulgairement « tiens-moi ça » en langue haoussa.
L’attitude de l’ancien président a quelque chose de déconcertant. Bazoum Mohamed n’a pas encore deux ans au pouvoir. Lui, a fait dix ans sans partage. Leur conflit, explique un jeune leader politique d’un parti non-affilié, c’est que Bazoum est devenu un obstacle à l’agenda politique d’Issoufou qui veut se donner les moyens de parvenir à ses fins, quitte à broyer tout sur son passage. Comme à ses habitudes, il ne fera sans doute pas dans la dentelle. Seulement, dans son obsession à faire plier Bazoum Mohamed, il oublie ce que représente le pouvoir d’État. Son adversaire dispose d’atouts considérables. S’il les met en jeu, il ne fera de l’ancien président qu’une bouchée. D’autres, avant lui et ailleurs, ont dû se résoudre, face à la folie de leurs prédécesseurs, à appuyer sur la pédale de frein. À moins de vouloir attendre le dernier train, quitte à rester sur le quai, le Président Bazoum n’a pas, peutêtre, une solution alternative.