Dans une interview accordée à RFI et diffusée vendredi soir, le chef de l'Etat du Niger, Mohamed Bazoum, a jugé "totalement absurde", l'arrestation des 49 militaires ivoiriens au Mali. A New-York où il prend part à la 77è session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, le président nigérien, Mohamed Bazoum, a passé au peigne fin, de nombreux sujets d'actualité sous-régionale ouest-africaine au micro de RFI. Sur l'arrestation des 49 militaires ivoiriens au Mali, le chef d'Etat du Niger a déploré l'attitude des autorités maliennes et estime que le président Alassane Ouattara a été trahi.
"Je déplore le fait que ses soldats de Côte d'Ivoire ont été arrêtés par les autorités du Mali. Je trouve ça totalement absurde. Les propos du président Alassane Ouattara à l'occasion de nos réunions de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), résonnent encore dans mes oreilles. Il parle du Mali avec beaucoup d'affections. Et il a été pour beaucoup dans la levée des mesures de sanctions prises par la CEDEAO", a déclaré M. Bazoum.
"Je constate aujourd'hui, qu'il est payé par l'ingratitude de ceux qui ont tiré profit de cette décision de levée de l'embargo à laquelle le président Alassane Ouattara avait grandement contribué. Il s'estime trahi ? Oui, je considère que Ouattara a été trahi", a déploré le président du Niger.
Une délégation de la CEDEAO annoncée au Mali
Au terme d'un sommet extraordinaire tenu à New-York le jeudi 22 septembre 2022, la CEDEAO a décidé de l'envoie d'un trio de chefs d'Etat de la sous-région en mission de bon office au Mali, le mardi 27 Septembre 2022.
Il s'agit de Nana Akufo-Addo du Ghana, Macky Sall du Sénégal et Faure Gnassingbé du Togo, dont la principale mission serait de trouver un terrain d'entente avec les autorités maliennes pour la libération sans conditions et immédiate, des 46 soldats ivoiriens détenus depuis début juillet à Bamako. Au cours de son sommet, « La Cédéao a fortement demandé la libération de ces soldats », selon Geoffrey Onyeama, ministre des Affaires étrangères du Nigeria.
A la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU, le mercredi 21 septembre 2021, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a appelé, à nouveau, la junte militaire au pouvoir au Mali à libérer, sans délai, les 46 soldats ivoiriens « injustement détenus depuis le 10 juillet 2022 alors qu’ils étaient en déploiement en qualité de 8ème détachement de l’Élément de soutien national (NSE) au sein de la MINUSMA au Mali ».
L'ONU et la CEDEAO contredisent le Mali
A l'opposée des déclarations des autorités maliennes qui qualifient de "mercenaires", les 49 soldats ivoiriens, la CEDEAO et l'ONU pensent le contraire.
« Moi, je pense que ce ne sont pas des mercenaires. On vient de voir, avant-hier, la déclaration du Secrétaire général de Nations Unies qui dit que ce ne sont pas des mercenaires. Moi, à la place des Maliens, j’aurais relâché ces 49 soldats », a déclaré Umaro Sissoco Embalo.
Il convient de rappeler que les quarante-neuf (49) soldats ivoiriens déployés au Mali, ont été interpellés, le 10 juillet 2022, à l’aéroport de Bamako au motif que leur arrivée sur le sol malien n’avait pas fait l’objet de notification ni d’autorisation préalables.
De la justice à la diplomatie ?
Selon certaines indiscrétions, le Mali qui a libéré les trois femmes soldats parmi les 49 militaires ivoiriens, exige en contrepartie, avant la libération du reste du contingent, que Abidjan lui livre les personnalités maliennes activement recherchées et qui se trouvent sur le sol ivoirien.
Il s'agit entre autres, de Karim Kéita, fils de l'ancien président déchu et de son ministre de la défense. Mais la Côte d'Ivoire s'y oppose et dénonce la transformation d'une affaire judicaire en un dossier diplomatique.