Notre pays a commémoré mercredi dernier à l'unisson, dans la paix des cœurs et des esprits, la 18ème édition de la Journée de la Concorde nationale, en souvenir de la signature des accords de paix entre le gouvernement et les fronts de l'ex-rébellion touarègue armée.
Il faut rappeler que cette Journée a été décrétée le 24 avril 1995, c'est-à-dire un an après la signature de l'accord de paix de Ouagadougou, le 9 octobre 1994, marquant ainsi la fin de plusieurs années d'insécurité dans le nord du pays.
Aussi, ce 18ème anniversaire est pour nous, Nigériens de toutes les régions et contrées, une occasion pour féliciter tous ceux qui, d'une manière ou une autre, ont inlassablement œuvré à la pose des jalons de cette concorde nationale. Ces hommes, ce sont les autorités politiques et administratives, les médiateurs dans les conflits de tous genres, les leaders d'opinion, les acteurs de la société civile, mais aussi et surtout, nos vaillants éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Cette dernière catégorie, la grande muette, unie dans la cohésion et la discipline qui la caractérisent, est l'exemple même du dévouement pour la cause de l'unité nationale. C'est donc le lieu d'encourager et de féliciter ces hommes qui, parfois au péril de leur vie, œuvrent pour garantir un sommeil paisible aux citoyens. Rendons grâce à Allah, le Tout Puissant, pour nous avoir donné une armée citoyenne et responsable et d'avoir préservé notre cohésion sociale.
Que de chemins, parfois semés d'embûches, parcourus en 18 ans ! Que d'obstacles surmontés pour permettre aux filles et aux fils de ce pays de se donner la main pour consolider l'unité nationale et la paix retrouvée.
La paix est en effet ce que nous avons de plus cher, et rien, absolument rien, ne peut se concevoir sans l'instauration de la sécurité et de la quiétude pour nos laborieuses populations. La paix patiemment retrouvée doit être entretenue et maintenue.
C'est pourquoi le Premier ministre, Chef du Gouvernement, indiquait, dans le message à la Nation qu'il a délivré au nom du Chef de l'Etat, le 23 avril 2012, que ''la célébration de cette journée, devenue journée de la Concorde nationale, est un devoir de mémoire auquel j'invite chaque Nigérienne et chaque Nigérien pour que, plus jamais le Niger, notre chère patrie, ne retombe dans les démons de la guerre et de la destruction qui ravagent beaucoup de pays dans notre sous-région. J'invite donc tous les Nigériens à consacrer quelques minutes à une méditation profonde, à la lumière de ce qui se passe dans les pays frères aujourd'hui déchirés, sur le sens de la paix, de la quiétude sociale, de l'unité nationale et du respect du prochain. Cet exercice individuel auquel je vous convie vise à stimuler, en chacun de vous, les valeurs de paix et l'amour de la patrie. C'est dans ce même élan qu'il faut inscrire les différents fora sur la paix et la sécurité organisés dans différentes régions du pays, souvent sous la présidence de SEM. Issoufou Mahamadou en personne.
Paix, sécurité et démocratie, voilà le socle politique sur lequel nous devons écrire désormais les nouvelles pages de l'histoire, non seulement du Niger, mais aussi celle de l'ensemble du Sahel et du Sahara. Ce socle politique doit être combiné au socle économique et social. En effet, la question de la paix, nous l'avons toujours dit, a une dimension à la fois sécuritaire, démocratique, économique et sociale''.
En fait, en signant le 24 avril 1995, l'accord de paix, après un conflit armé fratricide qui a duré près de cinq ans, les autorités nigériennes et les dirigeants de la rébellion armée exprimaient ainsi leur attachement à la paix et manifestaient leur volonté de bâtir, ensemble et dans l'unité, un avenir de paix, de concorde et de progrès.
Depuis lors, les populations vaquent normalement à leurs occupations, les voyageurs circulent librement en toute quiétude sur les axes du Nord, les éleveurs sillonnent le pays, paisiblement avec leurs bétails, l'Etat et les partenaires au développement s'activent en mettant les moyens pour le redressement national et le bien-être de tous.
Ici au Niger, rendons grâce à Dieu, notre volonté de vivre ensemble dans l'harmonie, a su nous faire triompher de beaucoup d'écueils.
Notre pays a certes connu des tourments, particulièrement dans les années 1990, avec la naissance d'une rébellion armée qui a endeuillé bien des familles.
Mais si ces événements nous ont sévèrement secoués, ils n'ont pas pour autant ébranlé notre détermination à rester unis. Nous sommes parvenus à une forme d'entente préservant notre pays d'une déchirure irrémédiable.
Et c'est en cela que cette paix si difficilement acquise nous est précieuse et c'est pourquoi nous nous devons de déployer tous les efforts pour la sauvegarder et la cultiver.
Ne plus recourir aux armes pour résoudre nos divergences et conflits, privilégier les voies de la démocratie et du droit pour prévenir et résoudre pacifiquement tout conflit, développer la culture de la paix, tels sont les principes qui doivent sous-tendre la gouvernance de notre pays.
D'ailleurs, le Président de la République a réaffirmé cette conviction lors du forum international sur la sécurité et la paix tenu à Arlit en déclarant que ''l'insécurité et les conflits, tout particulièrement les conflits fratricides, tuent non seulement l'économie d'un pays, mais le pays lui-même. Cessons donc de nous tirer des balles dans les pieds ; cessons de nous auto-poignarder. Cessons de nous diviser, de nous replier sur nos ethnies, sur nos régions. N'encourageons plus l'irrédentisme et unissons-nous. Evitons les vaines querelles comme nous le commande notre hymne national. Musulman dans son écrasante majorité, le peuple nigérien doit s'élever au-dessus des bas instincts, car l'Islam ne dit-il pas que nous sommes tous des frères ? L'unité et la paix sont à un pays ce que la bonne santé est à un homme. Voilà pourquoi le programme de la Renaissance fait de la sécurité et de l'unité nationale la première des priorités''.
Il nous faut donc mener une lutte implacable contre les maux qui ruinent toute action de paix et qui ont pour noms : pauvreté, injustice et mal gouvernance.
''Pour assurer la sécurité du Niger et contribuer à la sécurité commune, j'envisage une solution globale, à la fois sécuritaire, administrative, économique et sociale. Il s'agira de concevoir et de mettre en œuvre un meilleur encadrement administratif et un vaste programme de développement économique et social des zones pastorales. Il s'agira aussi de rétablir le monopole de la violence de l'Etat, seul censé détenir des armes de guerre sur l'ensemble du territoire national.
Il s'agira, enfin, de doter nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de ressources humaines bien formées et bien entraînées, ainsi que d'équipements en quantité et en qualité suffisantes. Je veillerai personnellement, en tant que chef des armées, à la consolidation de l'unité et de la cohésion ainsi qu'au renforcement du moral de ceux qui ont la lourde mission d'assurer la sécurité des Nigériens et de leurs biens, de protéger nos frontières, et au-delà, de contribuer à la sécurité internationale'', avait dit le Président Issoufou lors de son discours d'investiture. Tout un programme.