Les questions de sécurité, la crise économique mondiale, née du conflit russo-ukrainien et qui n’épargne aucun pays, les questions liées à l’agricole sur le chemin du lancement de la ZLECAF, sont entre autres…, des sujets qui ont été au centre de l’entretien accordé par le Premier nigérien. Ouhoumoudou Mahamadou faisait ainsi le point après l’adoption par le Niger du Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022.
Le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou est catégorique et n’y va pas en portant des gants, quand il s’agit des questions de sécurité. Selon lui, " s’il n’y a pas de paix, s’il n y a pas de sécurité, il n’y a pas d’État ". Aussi, poursuit-il, " l’objectif général de l’action gouvernementale dans le domaine de la paix et de sécurité, c’est d’abord de protéger nos frontières, de faire en sorte qu’il ne puisse pas avoir un pan du territoire national qui ne soit contrôlé par l’État ".
Se félicitant des action menées par les Forces de défense et de sécurité, le patron de gouvernement de lancer: " aujourd’hui, il est unanime de reconnaître que cet objectif est relativement atteint, à part les actions qui se passent à nos frontières et elles sont nombreuses en provenance des pays voisins, c’est notamment le cas pour ce qui concerne la zone du Lac-Tchad avec les activistes de Boko Haram, le Nord du Nigeria avec les bandits armés qui opèrent dans la région de Maradi, l’Ouest avec ce que nous connaissons avec comme phénomènes de l’EIGS et également d’Al-Quaida dans le grand Sahara. Mais nous faisons en sorte que toutes ces actions qui se déroulent au niveau de nos frontières, ne puissent pas rentrer à l’intérieur du pays ".
DES TRÉSORS D’INGÉNIOSITÉ POUR CONTENIR L’INFLATION.
Certes, la question sécuritaire est primordiale dans la gestion, tout autant l’est celle de l’économie et du contrôle des prix pour éviter toute politique inflationniste qui risquerait de saper la stabilité sociale. A ce sujet, Ouhoumoudou Mahamadou, après avoir fait observer qu’il s’agit là d’un " phénomène mondial ", fait la corrélation avec le conflit russo-ukrainien, la hausse du dollar américain qui est équivalent à 700 francs CFA et l’augmentation des prix du pétrole. L’un dans l’autre, les économies chancellent. Aussi, le gouvernement déploie des trésors d’ingéniosité pour contenir l’inflation. A titre d’exemple, note le Premier ministre, " lorsque le litre du gazoïl est à 450 FCFA au Niger et à 700 FCFA au Nigéria, évidemment avec plus 1500 km de frontière, vous pouvez imaginer ce qui peut arriver. Donc cette différence des prix pratiqués au Niger et dans les pays voisins a entrainé des sorties massives des produits pétroliers de notre pays vers les autres pays ".
Pour faire face à cette évasion, les services douaniers, la police, la gendarmerie et autres structures de contrôle sont mis à contribution. N’empêche, cela s’est traduit par des pénuries parce que d’un seul coup, l’augmentation de la consommation interne du Niger est devenue faramineuse. En un rien de temps on a doublé les quantités qu’on consommait et on se demandait comment ça se fait, argumente le Premier ministre.
Cette inflation sur le prix du combustible, malgré tout, n’a pas induit une hausse du prix de l’électricité. C’est juste dû " aux efforts que nous avons faits dans ce domaine ", souligne le patron du gouvernement. Car aujourd’hui, le Niger est " fier de pouvoir avoir un stock de sécurité de gaz oïl ".
POLITIQUE AGRICOLE
Face au déficit enregistré lors de la champagne 2020-2021, le gouvernement nigérien a pris des mesures importantes qui vont de " l’aide aux producteurs " à la “mise à disposition de " semences et produits phytosanitaires " en passant par la riposte aux " attaques d’ennemis de cultures ", " libéralisation du marché de l’engrais " qui a rendu le produit disponible à temps.
L’autre mesure majeure est selon le Premier ministre, de “savoir comment sortir de cette situation de dépendance de la pluviométrie”. A cet effet, " Nous avons des recherches sur plusieurs variétés de cultures tant pour les céréales que pour les cultures de rente comme l’oignon, le niébé. Les chercheurs sont à pied d’œuvre pour nous trouver des variétés qui résistent à la sécheresse et des variétés plus productives. Les résultats qui nous ont été présentés à l’occasion de ces journées de la recherche agronomique sont assez impressionnants ". Ce qui rend optimiste surtout dans la perspective de la ZLECAF. Ouhoumoudou Mahamadou affirme qu’avec " la mise en œuvre de l’Initiative 3N, nous sommes sûrs que le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAF et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles ".
LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET LES DÉLITS FINANCIERS, UN COMBAT SANS RELÂCHE
Autre question au centre des préoccupations des dirigeants nigérien, c’est celle liée à la corruption et aux infractions assimilées. Le Premier ministre, souligne que « le Niger s’est doté de plusieurs organes de contrôle et de lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et les autres infractions. Ainsi, nous avons la Cour des Comptes, la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la CENTIF, qui lutte contre le blanchiment d’argent, l’Inspection Générale d’Etat, les Inspections des finances et les Inspections des services, l’Agence Judiciaire de l’Etat. Tous ces organes concourent à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées ".
Toutefois se désole Ouhoumoudou Mahamadou, « on ne voit que l’aspect judiciaire, alors que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées est une lutte multiforme. Elle comporte plusieurs aspects. Le premier aspect, c’est d’abord le cadre législatif et règlementaire, le deuxième aspect, c’est la sensibilisation et la formation des acteurs, le troisième est relatif au contrôle, en vue de détecter des fraudes et des infractions concernées et enfin le quatrième aspect est judiciaire”. Le Premier Ministre a fait remarqué qu’on a l’impression qu’on ne se focalise que sur l’aspect judiciaire, « or vous savez que la Justice est comme l’armée, c’est une grande muette », dit-t-il tout en notant que « la Justice ne parle pas et que les dossiers sont pendants à la justice mais les magistrats font leur travail et ils ne sont pas obligés de communiquer sur les dossiers qu’ils gèrent ».