La capitale économique de l’Afrique du Sud, Johannesburg, a abrité du 07 septembre au 08 septembre 2022, le premier forum régional Notre Futur - Dialogues Afrique-Europe : « Les chemins de la démocratie ». Organisé en Afrique du Sud, par l’Institut français, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de nombreux partenaires africains, ce forum qui est le premier d’une série de neuf (9) qui auront lieu sur trois (3) ans, dont le 2ème et le 3ème se tiendront respectivement en Novembre 2022 au Cameroun, et en 2023 en Algérie, a entre autres pour objectif de poursuivre le dialogue et poser les fondations d’une nouvelle relation entre l’Afrique, la France et l’Europe à la suite du Sommet Afrique-France de Montpellier.
Les sessions de ce premier forum régional ouvertes le vendredi 07 septembre 2022, ont été clôturées le samedi 08 Septembre 2022, après deux jours d’intenses échanges et débats entre des sommités africaines et européennes de tous les secteurs (science, politiques publiques, arts et lettres, éducation etc...). Ces forums qui sont la concrétisation des recommandations faite par Achille Mbembé à l’issue du sommet de Montpellier, visent à jeter les bases d’un nouveau cadre de partenariat entre l’Afrique, la France et l’Europe en intensifiant le dialogue entre les sociétés civiles africaines et européennes pour inventer des solutions aux multiples défis communs, créer les conditions d’échanges libres, transparents et apaisés entre les deux continents et d’œuvrer au développement partagé de nouveaux outils de coopération.
Ils sont près des 150 intervenants/ participants à avoir pris part aux différentes assises de ce forum à travers 19 panels qui ont permis entre autres de confronter les points de vue sur des questions telles que la démocratie participative, la justice inclusive, les opportunités et les dangers du numérique pour la démocratie, les nouvelles formes d’engagement citoyen, ou encore la liberté de presse et qualité de l'information.
Ces évènements parallèles (panels, visites de lieux historiques, performances artistiques) se sont tous déroulés sur des sites reconnus comme historiques et même des symboles de la lutte démocratique de la nation arc en ciel. Parmi ces sites, figurent entre autres : Constitution Hill qui est un musée vivant, lieu de mémoire qui retrace le chemin de l’Afrique du Sud vers la démocratie. Le site est une ancienne prison et un fort militaire qui témoigne du passé tumultueux de l’Afrique du Sud et abrite aujourd’hui la Cour Constitutionnelle du pays, qui défend les droits de tous les citoyens. Nelson Mandela, Mahatma Gandhi, Joe Slovo, Albertine Sisulu, Winnie Madikizela-Mandela, Fatima Meer ont tous purgé leurs peines dans ce lieu.
Un 1er forum qui fait l’unanimité
Venant d’horizons divers, les participants ont relevé, à l’unanimité, l’importance du forum de Johannesburg. Une rencontre qui, selon eux, a permis d’avoir des « discussions franches et intéressantes ». « Le dialogue n’est jamais inutile. Nulle part, il n’a été inutile, le dialogue permet de s’écouter, d’échanger des points de vue. Et si on s’inscrit dans la logique de l’intelligence collective qui permet de dépasser les divisions pour essayer de construire des consensus autour des problèmes qui nous concernent, c’est le point de départ d’une reconstruction durable de notre relation avec l’Europe et le reste du monde », a indiqué Richard Makon, professeur de droit, à l’université de Yaoundé. Pour l’universitaire, les thématiques abordés à l’occasion des 48 heures qu’a duré le forum de Johannesburg, « sont importantes car touchant la vie de nos concitoyens ».
Pour sa part, Alyssa Ahrabare, porte-parole de l’association " Oser le féminisme ", », il est « extrêmement important que, quand on parle de démocratie et de gouvernance, que les femmes soient partie prenante des discussions car nos besoins, nos expériences spécifiques doivent être représentés ». Pour madame Alissa, être à Johannesburg, le jeu en vaut la chandelle : « je crois qu’en invitant des dignitaires européens, des personnes qui représentent des institutions européennes, dans des espaces où des personnes des différents pays d’Afrique portent autant d’expertises, autant de sujets, on a des femmes activistes, des avocates, des chercheurs , des chercheuses, des auteurs de la société civile, des journalistes, ça ne peut qu’effectivement changer certains stéréotypes en tout cas, qui existent malheureusement encore en Europe, qui sont extrêmement présents qui doivent être combattus ».
Avocate et maire adjointe d’une ville française, Maimouna Haidara d’apprécier le forum " les chemins de la démocratie ", à sa juste valeur : « c’est important d’être dans l’échange, parce qu’on apprend les uns des autres. Moi je suis aujourd’hui très contente de ces deux jours de forum, des personnes qui viennent de Tanzanie, du Soudan, de l’Afrique du Sud, du Botswana, du Niger. Alors pour moi, il n’y a pas de souci, on apprend les uns des autres et l’Europe, et la France surtout a beaucoup à apprendre de l’Afrique et notamment de l’Afrique du Sud », a-t-elle martelée.
De la nécessité d’un nouveau départ
Les participants au forum de Johannesburg ont tous insister sur l’impérieuse nécessité de revoir les choses entre la France et l’Afrique et aussi entre l’Afrique et l’Europe. Ils réclament tous, un nouveau départ dans les relations Europe-Afrique, c’est-à-dire, moins de paternalisme et plus d’égalité, en gros : le changement de paradigme dans les relations entre les deux continents. « Les temps ont changé et les mentalités aussi, donc l’heure est à une communication horizontale entre l’Europe et l’Afrique » ont suggéré les acteurs de la société civile.
« Cette relation a trop souffert d’une communication unidirectionnelle et il faut que ça soit dans les deux sens maintenant, aujourd’hui la jeunesse africaine a beaucoup évolué », a indiqué Mahamat Mamadou Djimtebaye, membre de la société civile tchadienne, Fondateur du média en ligne TchadInfos.
La démarche entreprise par les occidentaux dans leurs rapports avec le continent africain doit aussi changer suggère Maimouna Haidara : « si on vient en tant qu’occidentaux et qu’on souhaite donner de leçon à l’Afrique ou à certains pays africains, en tant qu’ancien colonisateur, évidemment, que je suis contre ça et que je ne participerai pas à ça. Maintenant, à partir du moment où on a besoin de cet échange, j’espère sincèrement, un échange au même pied d’égalité, alors pour moi, il n’y a pas de souci. Tout par de la démarche, si elle n’est pas sincère, ça n’amène à rien du tout, mais si on a réellement une démarche qui est sincère au changement et pour changer, il faut dire que des années ça été une communication verticale, dominante par l’Europe de façon brutale et effroyable ».
En attendent les rendez-vous de Yaoundé au Cameroun du 1er au 3 décembre 2022 et d’Alger en février 2023, le forum de Johannesburg a posé les jalons des échanges qui vont désormais tracer les nouvelles lignes de conduite dans les relations entre l’Afrique et l’Europe.