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Interdiction de la manifestation du M62 : Les faucons du régime reprennent le dessus sur les colombes !

Publié le vendredi 14 octobre 2022  |  nigerdiaspora.net
M62
© Autre presse par DR
M62 : la manifestation prévue ce dimanche 09 octobre interdite par les autorités de la ville de Niamey
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C’est dans l’air du temps, ces organisations de la société civile qui essaiment, aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, anti-occidentales et anti-impérialistes à mort, qui rêvent de l’avènement d’un ordre international plus juste et plus égalitaire. Dans certains pays de la région, elles ont largement ouvert la voie à la remise en cause de l’ordre constitutionnel qu’ils trouvaient illégitime et miné par la corruption généralisée et le clientélisme politique. C’était déjà le cas de l’organisation de la société civile malienne, dénommée Mouvement (M5), ayant constitué de prélude à l’irruption de l’Armée sur la scène politique nationale de ce pays. Pareil au ‘’Pays des hommes intègres’’, le Burkina-Faso, avec le renversement du régime politique démocratiquement installé de Jean-Marc Christian Kabore ! En fait, ces mouvements civils trouvent leur terrain de prédilection dans la géopolitique mondiale, pour ne pas dire le chaos géopolitique actuel de la planète, dominé par de multiples enjeux et défis, à la fois sécuritaires, stratégiques, économiques, sociaux, environnementaux ou autres. Ces organisations de la société civile de ces pays, aux équilibres géostratégiques et économiques très fragiles, profitent largement de ces situations de désordre mondial pour tenter d’influer sur le cours des choses dans leurs pays respectifs. Au Niger, de nos jours, après les mouvements ‘’Sauvons le Niger’’, ‘’Débout Niger’’, ‘’ONG Gandin Beyra’’ ou autres, un nouveau rassemblement citoyen est apparu, appelé ‘’Mouvement 62’’, né à la veille de la commémoration du soixante-deuxième anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger, afin de protester contre le redéploiement de la Force Barkhane au Niger après son départ du Mali. Pour l’instant, l’on n’en sait pas grand-chose sur ce mouvement, à part la sensibilité patriotique et la fibre nationaliste qui sous-tendent son action, qui le fait passer pour un mouvement révolutionnaire, insurrectionnel, parfois. En moins de trois mois d’existence, il aura réussi l’exploit d’arracher l’autorisation de la seule manifestation citoyenne pacifique depuis près d’une décennie, au Niger. En effet, curieusement, on ne sait quelle mouche aurait piqué le régime de la renaissance Acte III pour autoriser une manifestation publique, de la part d’un pouvoir politique qui s’origine d’un système politique profondément liberticide installé par Issoufou Mahamadou et son clan politique ? Il est vrai, Mohamed Bazoum est, quelque fois, imprévisible et c’est justement c’est ce côté qui inquiète le plus la galaxie ‘’Guri’’. Pourquoi diable avait-il donné le feu vert à cette manif du M 62, dans un moment pareil, dans un contexte particulier de vives tensions nationales, régionales, continentales et internationales ? Pire, de New York où ilse trouvait au moment de la manif, à l’occasion de l’Assemblée Générale annuelle des Nations-Unies, il s’était réfugié, comme d’habitude, dans son déni des réalités. Sinon, il fallait seulement être, soit un aveugle, soit porter des lunettes en bois, soit, être simplement de mauvaise foi lamentable pour déclarer que ladite manif n’avait drainé que quelques individus, au mépris, sans doute des images vraies des télévisions privées présentes sur place !

Par contre, dans l’opinion publique nationale, cette sortie citoyenne avait été bien accueillie, car, elle devrait préfigurer de meilleurs lendemains pour le droit de manifestation dans le pays. Cette autorisation devait signifier, pour les uns et pour les autres, un virage, un tournant important pour la liberté d’expression au Niger, mise à rude épreuve par le régime de la renaissance en ses Acte I et II. Cependant, il n’était rien de tout cela, c’était tout simplement, probablement, un moment d’égarement pour Bazoum que les faucons du régime, à savoir Issoufou Mahamadou et ses affidés, ont vite rattrapé en réussissant à contraindre et à forcer le régime de Bazoum à revenir à la ligne dure du parti rose en matière de gestion des libertés publiques comme le droit de manifestation. Comme on le sait, la doctrine du PNDS/Tarayya dans ce domaine est simple, c’est l’interdiction de la manifestation sur la base de motifs fallacieux et ridicules, au mieux des cas ; au pire des cas, c’est la répression sauvage qui s’abattra sur les récalcitrants qui refuseraient d’obtempérer aux décisions administratives et judiciaires prises dans ce sens. Pour comprendre la frilosité actuelle du parti rose face aux manifestations pacifiques, il faudrait admettre le proverbe Djerma qui enseigne que « l’assassin n’aime point le couteau », car il en connaît, certainement, le grand danger. En effet, Issoufou Mahamadou et ses partisans furent les plus grands manifestants politiques de l’Histoire du Niger contemporain, car, à l’origine, c’était un parti contestataire, agitateur, animé de revanchards pseudo-intellectuels qui prétendaient défendre des valeurs de Gauche, d’une gauche progressiste, mais qui, en réalité, n’étaient que d’imposteurs politiques que leur exercice du pouvoir aura permis de mettre au grand jour.

Le PNDS/Tarayya aura été de toutes les périodes troubles de l’histoire politique du Niger de ces trente dernières années. Que ce soit dans la revendication de la Conférence Nationale de juillet 91, ou avant, du combat pour le multipartisme, en avril 90 ; que ce soit pendant la période de la première transition politique de septembre 91 ; ou encore pendant la Troisième, la Quatrième, la Cinquième et la Sixième République, à toutes ces époques, le parti rose aura été un acteur de premier plan dans la survenance des événements politiques ayant marqué la vie de la nation nigérienne. La composition sociologique de ce parti lui conférait un avantage stratégique sur les autres formations politiques de la même époque, à savoir une discipline de fer et une grande capacité à s’adapter à toute nouvelle situation. Sans base populaire, au départ, formé seulement d’une partie de la couche lettrée du pays (enseignants, infirmiers, enseignants du supérieur), le PNDS/Tarayya n’avait guère réussi à convaincre les grands commis de l’Etat, c’est-à-dire ceux qui étaient en charge de la gestion politique et administrative du pays, qui étaient restés, plutôt, pour la plupart d’entre eux, fidèles au MNSD/Nassara, l’ancien parti-Etat. Aujourd’hui, la pratique du pouvoir aura démenti le vieux mythe de ‘’parti du illimi’’ (parti de l’intelligence) que l’on attribuait au parti d’Issoufou Mahamadou et de ses camarades, car jamais la médiocrité n’avait connu pareille promotion. Le Niger de la renaissance n’a que foutre des compétences, l’essentiel étant seulement d’être des siens, de partager les mêmes égarements politiques et de rester unis et solidaires même devant l’injustice.

Le PNDS/Tarayya sait donc, pertinemment, ce qu’il fait, en interdisant, systématiquement, les manifestations publiques pacifiques, le chemin alambiqué par lequel il était passé, naguère, pour conquérir le pouvoir suprême. Même quand la situation sociopolitique de la sous/région ne connaissait pas une telle fragilité, le régime de la renaissance ne s’était pas hasardé à autoriser ce genre de manifestation publique, car chez les ‘’Guriste’’, c’est le principe du risque zéro qui est de règle. Pourquoi, alors, ferait-il ce qu’il avait toujours refusé de faire ou de ne faire seulement qu’à sa façon ? Ce serait, sans doute, suicidaire pour lui, conscient de son impopularité actuelle et craignant l’effet boule de neige des situations politiques prévalant dans certains pays voisins, car, en règle générale, les peuples suivent le même destin, mais chacun à son rythme sans doute ! Les faucons du régime de la renaissance reprennent, progressivement, le dessus sur les colombes du parti, peut-être trop naïves et angéliques pour croire que l’on peut faire du neuf avec du vieux. Quelle incrédulité politique ! Ils réinvestissent ainsi, petit à petit, tous les terrains desquels l’on avait pensé les chasser. « Chasser le naturel, il revient toujours au galop’’, professe un proverbe français, car c’est dans l’ADN même du PNDS/Tarayya de ne pas être un fervent adepte de la liberté de manifestation, puisque son dessein ultime réside dans le maintien du peuple dans l’obscurantisme le plus total afin de se livrer à son dada favori de dictature politique. C’est très regrettable de la part d’un parti politique qui prétendait avoir grandi dans la libre expression démocratique dont, il est, hélas, le premier fossoyeur !
Omarou Moustapha
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