C’est le double sentiment qui anime les ménagères de Niamey au regard de la fluctuation des prix sur les marchés. De l’huile aux condiments en passant par les produits d’entretien, tous les prix sont à la hausse. Les commerçants eux-mêmes refusent de parler de la situation, ou semblent dépassés. La crise mondiale consécutive à la guerre en Ukraine, mais aussi la situation d’insécurité au Sahel sont autant de raisons qui sont invoquées.
Selon Mme Issoufou Zeinabou Manzo, Directrice du commerce intérieur et de la lutte contre la vie chère, la liste des produits de première nécessité au Niger est fixé par l’arrêté N°02/MCI/N/DC/SC du 22 janvier 2008 portant création, composition, attribution et fonctionnement d’un cadre permanent de concertation sur l’approvisionnement en produits de première nécessité. Cette liste comprend en l’occurrence le mil, le sorgho, le riz, le maïs, la farine de blé, le sucre, le lait, l’huile, le sel, le café, le thé, la viande, la volaille et le poisson, la farine de manioc, les fournitures scolaires, le ciment et matériaux de construction, le savon, la tomate, et les pâtes alimentaires. Cette disposition est encadrée par la loi 2019-56 du 22 novembre 2019, portant organisation de la concurrence au Niger qui définit ‘’le produit de première nécessité, comme tout bien et service de consommation courante pour la survie’’.
Pour tous les produits énumérés, les prix ne sont pas fixés par le Ministère du commerce. Ils sont assujettis à la loi du marché qui libéralise les prix selon les règles de l’offre et de la demande. Malgré tout, Mme Issoufou Zeinabou Manzo relève que la subite augmentation des prix ne s’explique autrement que par l’incidence des coûts de transport, l’insécurité ambiante, etc. Cependant, elle précise que l’Etat n’intervient que dans la fixation du prix des hydrocarbures, le transport urbain, suburbain, et interurbain, le pèlerinage, et les frais de scolarité des établissements privés de l’enseignement général.
Les préoccupation des ménages
«Les produits ne sont pas du tout abordables, cela fait un bon moment que nous souffrons de la flambée des prix. Par exemple, si aujourd’hui tu viens acheter un produit quelconque, le lendemain, il est fort probable que le prix augmente. Et dans tous les cas, c’est les démunis qui récoltent les pots cassés», confie Mme chérifatou.
Pour le président de l’Association de Défense des Droits de Consommateurs, M. Mamane Nouri, ‘’la cherté est toujours prégnante’’. Même si par ailleurs, le prix des céréales commence à dégringoler. Cela est dû pratiquement à l’approche de la période des récoltes dans certaines localités comme Gaya dans la région de Dosso. D’après lui, le prix de la mesure (tia) du mil varie de 750F CFA à 800F CFA, le sorgho de 700F à 750F, le niébé de 1000F à 1200F CFA. Le prix du niébé est à 750F CFA dans certaines localités du département de Magaria (région de Zinder).
En revanche, le prix de l’huile, de la farine de blé, est stable. Il varie de 1200F CFA à 1300FCFA voire 1400F CFA, en fonction des localités. Pour les produits importés, il y a beaucoup de raisons qui expliquent cette tendance haussière. La première raison est liée à la crise mondiale. La deuxième à l’insécurité qui a un impact sur le flux des marchandises à destination du Niger. A la date du 31 août 2022, par exemple, près de 300 camions ont été bloqués à Fada N’Gourma (Burkina Faso), pour une durée de quatre mois. Et cela a occasionné une indisponibilité de produits comme la farine de blé, l’huile etc.
Quant à la troisième raison, elle est liée à l’augmentation du prix du gasoil dont l’impact sur le prix de certains produits en particulier la pâte alimentaire, qui est montée en flèche de 6000F CFA à 7500F CFA le carton. La tendance est observée au niveau du prix du sac de 25 kg du sel de cuisine qui passe de 3750F CFA à 6000F CFA, le.
La fixation du prix des marchandises, est selon le président de l’ADDC Wadata, liée à la libéralisation du marché. D’après lui, il n’y a pas de véritable mécanisme de suivi en dehors du système d’information sur le marché (SIM). ‘’Tout ce qu’on peut faire en tant que défenseur de droit des consommateurs, c’est d’informer, d’alerter et d’avertir l’Etat, après avoir fait un constat sur la réalité de terrain. Et c’est à l’Etat de prendre des dispositions en collaboration avec les opérateurs économiques’’, a préconisé Maman Nouri.