Le forum international de Dakar sur la paix et la sécurité a vécu... La conférence de clôture a été prononcée par la ministre sénégalaise des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur, Mme Aïssata Tall Sall et l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou. Revenant sur les défis sécuritaires, économiques et de souveraineté du continent noir, le Président Mohamadou Issoufou n’a pas fait dans la langue de bois pour passer en revue les défis pour ne pas dire les obstacles que le continent noir doit surmonter pour aspirer à son développement économique et assumer sa souveraineté.
« La communauté internationale a des responsabilités dans ce qui nous arrive! »
Pour le Président Mahamadou Issoufou, il ne faut pas aller très loin pour chercher les véritables causes de ce qui arrive à l’Afrique. L’ancien chef d’État Nigérien pointe un doigt accusateur vers la communauté internationale qui, selon lui, a une responsabilité entière dans ce qui arrive au continent noir en terme de défi sécuritaire. « La déstabilisation du Sahel vient de l’intervention en Libye. S’il n’y avait pas eu cette intervention en Libye, le Sahel n’aurait pas connu la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui. Certes les défis existaient, mais ils ont été amplifiés par cette intervention en Libye. Quant à l’État Islamique, il vient de l’effondrement de l’Irak. Donc la communauté internationale a des responsabilités dans ce qui nous arrive et par conséquent, elle doit nous soutenir pour faire face à ces défis sécuritaires auxquels nos peuples sont confrontés », a renseigné le président Mahamadou Issoufou.
« On n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces! »
Rappelant les obstacles qui plombent encore l’Afrique, le Président Issoufou reste catégorique pour protéger le continent africain contre l’extrémisme violent ainsi que le terrorisme et le banditisme transfrontalier, chaque pays doit assurer une montée en puissance de son armée. Sinon, il sera difficile pour le continent de saisir les autres maillons de la chaîne des défis. « Il faut qu'au niveau de chaque État, la montée en puissance des armées continue. Si on n’arrive pas à consolider les États, il sera extrêmement difficile de saisir les autres maillons de la chaîne des défis. Il faut commencer par la constitution d’armées dignes de ce nom. Parce que l’armée, c’est la colonne vertébrale de l’État. S’il n’y a pas d’armées, il n’y a pas d’État.
Or, malheureusement, ces défis sont survenus dans notre espace à un moment où en réalité on n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces. Donc, je suis convaincu que le niveau national ne suffit pas. Il faut mutualiser nos capacités entre les pays pour faire face à cet ennemi commun. Aujourd’hui ça fait mal à tous les africains de voir que nous sommes divisés. Nous n’avons pas su mettre en place un front uni contre l’ennemi commun, contre le terrorisme. Ce spectacle de division qu’on constate au niveau de notre région, il faut assez rapidement le surmonter », a diagnostiqué l’ancien chef d’État Nigérien.
La prise en compte des revendications africaines s’impose
Face à une telle situation encore plus compliquée pour le continent, le Président Mahamadou Issoufou trouve qu’il y a une multitude d’initiatives, mais qui sont peu concertées pour aider à rendre les capacités plus efficaces. En plus de cela, Issoufou a invité la communauté internationale à prendre en compte les revendications des peuples africains. Car si le continent est arrivé à cette situation, c’est parce que la communauté internationale a des responsabilités dans ce qui nous arrive aujourd'hui. « Il y a une multitude d’initiatives, mais il va falloir aussi réfléchir pour mettre de l’ordre, pour la mutualisation de nos capacités les plus efficaces. Nous avons besoin de cela pour faire face à ces défis. Dans ce cas , il faut donc non seulement agir au niveau national, mais agir au niveau régional. Car la sécurité est un défi mondial. Dans ce cadre, la communauté internationale doit trouver sa responsabilité par rapport à ce qui nous est arrivé. Les Nations Unies et les autres institutions de Bretton Woods ont été mises en place au lendemain de la seconde guerre mondiale à un moment où la plupart de nos États étaient colonisés. Donc l’organisation actuelle des Nations Unies ne tient pas compte de certains aspects de nos pays.
Que ça soit en Afrique où ailleurs, les réalités géopolitiques ne sont plus celles des lendemains de la seconde guerre mondiale. Donc, il faut répondre positivement aux revendications de l’Afrique en ce qui concerne non seulement la réforme de l’ONU au niveau du conseil de sécurité, de l’assemblée générale, mais aussi la réforme des autres institutions de Bretton Woods. Parce que quand on parle de la gouvernance en Afrique, on ne voit que la gouvernance au niveau des États. Alors qu’il y a beaucoup de problèmes entaillés en Afrique et qui sont causés par le contexte international, notamment la gouvernance politique et économique mondiale. Il est important que les revendications des peuples africains soient prises essentiellement en compte. C'est une question de justice, une question d’équité et ça sera une occasion de prendre en compte les nouvelles réalités mondiales et la nouvelle géopolitique mondiale », posera Mahamadou Issoufou, en guise de solution face aux multiples défis qui interpellent le continent noir...