A l’instar de plusieurs pays de la sous-région, les femmes journalistes au Niger font face aux violences physiques et harcèlement sexuel dans le cadre de l’exercice de leur fonction. Une étude récente menée par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) basée à Accra au Ghana a touché du doigt ce phénomène qui n’épargne presque aucun secteur d’activité.
Sur le terrain de reportage tout comme dans les rédactions, les violences sont le quotidien des femmes journalistes, qui, malheureusement n’ont d’autres choix que de prendre leur mal en patience à défaut de quitter le métier ou d’abandonner carrément une rédaction face à la fréquence des agressions.
Les catégories des violences les plus fréquentes auxquelles les femmes journalistes sont confrontées sont verbales et physiques qu’elles rencontrent sur le terrain mais aussi dans les rédactions.
A cette catégorie de violence, s’ajoute le harcèlement sexuel qui vient dans la plupart des cas au sein même des rédactions. A ce niveau, c’est surtout les avances des collègues journalistes et patrons de presse qui sont les plus fréquents.
Face à ces tentations, certaines femmes journalistes préfèrent garder le silence ou quitter la rédaction. L’enquête a démontré que malgré l’ampleur du phénomène, la quasi-totalité des femmes ont préféré garder l’anonymat en donnant leurs témoignages.
Malheureusement, la culture de la discrétion chez la femme nigérienne de manière générale et chez les femmes journalistes en particulier fait que le phénomène n’est pas connu du grand public, car, le plus souvent, ces femmes des médias préfèrent garder pour elles les violences auxquelles elles sont confrontées surtout lorsqu’il s’agit du harcèlement sexuel venant de leurs patrons ou collègues de travail. L’insuffisance des postes de responsabilité occupées par les femmes, la place qu’elles occupent dans les médias et surtout la place qui leur est accordée dans le traitement de l’information viennent prouver à suffisance la discrimination à laquelle elles font face.
Malgré les quelques mécanismes mis en place par l’institution de régulation des médias, les organisations de la corporation telles que l’Association des Professionnelles de la Communication (APAC-Niger), et l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED), il est encore plus que nécessaire de renforcer le cadre de protection des femmes journalistes.
Ce renforcement est surtout attendu des institutions étatiques telles que le Conseil Supérieur de la Communication (CSC), l’instance de régulations des médias et autres structures qui œuvrent dans la promotion des droits humains.