Amères vérités : Bazoum Mohamed n’est assurément pas l’homme qu’il faut pour enclencher les changements de paradigmes auxquels s’attendent les Nigériens
Publié le vendredi 9 decembre 2022 | nigerdiaspora.net
Le Président Bazoum Mohamed a séjourné, le 2 décembre 2022 en Italie, précisément à Rome, dans le cadre de la conférence « Italie-Niger, Europe-Afrique, deux continents, un même destin » organisée par la Fondation Med-Or, dont il était l’invité. A l’occasion, le président nigérien a accordé une interview au journal « la republica ». Une interview dans laquelle il a claqué la langue, exactement comme veulent l’entendre les pays occidentaux, en particulier la France, l’Italie et l’Union européenne. Il a claqué la langue si bien pour ces pays qu’on le prendrait pour un de ces grands commis français. En tout cas, c’était le «Molo» pour l’Occident, le blâme pour l’Afrique.
1. Pourquoi est-ce le Niger qui comprend le mieux l’Europe ?
Le Niger, sur bien des aspects, est au sous-sol des pays qui exigent d’être respectés pour ce qu’ils sont, des pays qui exigent respect et considération pour leurs concitoyens et dont les premiers responsables ne tremblent pas lorsqu(il faut cracher les quatre vérités à leurs partenaires. Bazoum Mohamed, pas plus d’ailleurs que son prédécesseur, n’est pas de cette catégorie de chefs d’Etat que le Niger a connus. Sa préoccupation,c’est de dire les choses telles que veulent l’entendre les pays européens, au grand dam de pays comme le Niger qui doivent 80% de leurs misères à des relations partenariales fortement déséquilibrées.
Bazoum Mohamed n’est pas du genre briser la glace et à mettre les Emmanuel Macron et autres face à leur image, non pas telles qu’ils la perçoivent euxmême, sous le prisme d’un néocolonialisme et d’un paternalisme de mauvais aloi, mais bien celle, réelle et sans peinture, que renvoient les rapports qu’ils ont tissé dans le moule frauduleux de la colonisation et qu’ils veulent à tout prix ^préserver. Des rapports qui font qu’aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle d’exploitation de l’uranium nigérien, la Somaïr (Société des mines de l’aïr), une société française, se permette de laisser derrière elle des tonnes de déchets toxiques et sans avoir construit le moindre hôpital dans la région. Des rapports qui font que le franc CFA, une monnaie qui n’est même pas reconnue en France, l’éditrice, continue d’être, en 2022, celle de nos pays.
2. Qu’est-ce que le Niger gagne dans ce zèle frelaté de ses autorités actuelles, comme dirait Hassoumi Massoudou, à servir la France ? Rien, sinon, du mépris, la misère, l’insécurité, avec à la clé des milliers de morts, des milliers de blessés, des milliers de déplacés qui ont dû quitter leurs villages, des centaines d’écoles fermées et des milliers d’enfants qui ont dû abandonner l’école, etc.
Dans les communes de Torodi et de Makalondi uniquement, ce sont 16 193 personnes, soit 2 602 ménages, qui ont été forcées de se déplacer ; 890 écoles fermés pour cause d’insécurité dans la région de Tillabéry, 77 919 enfants, dont 38 394 filles, qui sont affectés par la fermeture de ces écoles ; les besoins sont énormes dans les secteurs de l’eau, de la sécurité alimentaire, de la santé, de la protection, des abris et de l’éducation. Ajoutez- y la situation de la région de Diffa et vous aurez le tableau du Niger, le meilleur serviteur de l’Europe en général, de la France en particulier. Cela va durablement affecter l’économie nationale, sans compter les conséquences sociales et culturelles désastreuses. Mais Bazoum Mohamed et les siens trouvent dans cette coopération avec l’Europe de quoi s’énorgueillir au point de trouver que le départ de l’armée française a aggravé la situation sécuritaire au Mali, précisément à Gao et à Menaka.
3. Qu’est-ce qui se passe de si nouveau que les Maliens n’aient pas vécu pendant que l’armée française est là ? Absolument, rien. Au contraire, le départ de l’armée française a permis à l’Etat malien de franchir la frontière que la France a tracée et imposée à l’armée malienne et qui a fait de Kidal un no man’s land, un refuge poiur les terroristes et trafiquants de tous acabits. C’est Issoufou Mahamadou qui en a fait la révélation, en déclarant que ceux qui attaquent le Niger se replient dans cette localité malienne que la France a placée sous sa protection en interdisant formellement à l’armée malienne d’y entrer.
4. Bazoum Mohamed parle d’accord avec les pays européens pour leur permettre de disposer exactement d’une main d’oeuvre correspondant à leurs besoins, dans les secteurs, « où les Africains peuvent travailler », comme il dit. Il faut, précise-t-il, faut « Un accord basé sur le nombre d’Africains dont chaque pays européen a besoin pour son marché du travail ». Bazoum Mohamed n’est assurément pas l’homme qu’il faut pour enclencher les changements de paradigmes auxquels s’attendent les Nigériens. Que Dieu veille sur le Niger.