Le Niger, pays d’élevage, plus de 40 millions de têtes de bétail, dispose d’un important potentiel dans la filière ‘’ cuir/peau’’ et autres sous-produits, mais il reste sous exploité, expliquent les opérateurs du secteur.
En raison de la vétusté des infrastructures (cas de l’abattoir de Niamey) et de l’exploitation archaïque des tanneries ou du sous-équipement des artisans, le pays n’arrive pas à tirer profit des avantages comparatifs de ses ressources animales.
La tannerie de Gamkallé, Niamey, illustre l’état de dénouement de ces installations où y travaillent 147 artisans.
Les conditions de travail dans cet environnement insalubre – fortes odeurs, produits chimiques- sont à la limite du tolérable : 23 équipes d’artisans travaillent 24h sur 24h, soit individuellement ou par équipes.
Le président de l’association inter professionnelle de la filière cuir et peau (AIPCP), M. Aminou Habou, explique le processus de la transformation de la peau animale (Bœuf, mouton, chèvre) en cuir par divers procédés chimiques et mécaniques passant du tannage au chrome au tannage végétal à travers le chaulage ; le confitage ; l’écharnage jusqu'au lissage du cuir.
Les tanneries sont approvisionnées par des peaux provenant des abattoirs ou collectées dans les marchés ruraux : les prix du premier choix est 2500f, celui du deuxième choix a 1750f et la dernière gamme revient à 1000f.
Sont mis sur le marché les produits issus de la transformation de la peau notamment les ceintures ; portefeuilles ; chaussures et sacs, respectivement vendus à environs 2500f ; 2500f ; 3000f ; et de 15000f à 20000f.
Quant aux cornes, elles sont utilisées pour faire des bijoux, des bracelets, des bagues et autres objets d’art.
Selon M. Abdoulaye Idrissa, Secrétaire général de la coopérative du musée national Boubou Hama de Niamey, l’artisanat du Niger est l’un des plus dynamiques et productifs dans le domaine de la valorisation des sous-produits de l’abattoir. De par sa richesse et sa diversité, il contribue non seulement au rayonnent de l’art et de la culture du Niger, mais également à l’accroissement de la richesse nationale.
M. Abdoulaye Idrissa a indiqué que la matière première, comme la peau de mouton, de chèvre, et de vache, se trouve localement, par contre certains font l’objet d’importation, à l’image de la peau de crocodile, de serpent ou d’iguane.
Après avoir noté le processus de traitement de la peau acquise en couleur ou non, jusqu’au découpage des produits fabriqués, leurs assemblages et aux collages afin d’avoir un produit fini, le responsable de cette coopérative de faire savoir que ‘’les acheteurs de nos matières premières de la peau et du cuir sont des cordonniers du musée National Boubou Hama qui est un centre de formation aux métiers du cuir, de la peau et de l’artisanat de Niamey’’.
S’agissant du nombre des produits fabriqués par jour, M. Abdoulaye Idrissa a annoncé qu’ils peuvent fabriquer cinq (5) Sacs Dame ou Cartables par jour. Quinze (15) ceintures par jour ; vingt (20) chaussures en cas de grande rencontre.
Il a par ailleurs noté que pour l’amélioration de la rentabilité des secteurs du sous-produit d’abattoir, les artisans bénéficient de multiples formations suivies d’autres actions.
M. Abdoulaye Idrissa de faire savoir que le métier nourrit son homme, et que c’est grâce à ça qu’ils arrivent à subvenir à leurs besoins, fonder une famille, avoir une maison et parfois voyager hors du Niger.
Pour sa part, M. Ider Idé Noukoubo, artisan au rond-point cité Fayçal de Niamey, exerce le métier depuis 1994, trouve un peu cher le prix de la peau des vaches parce qu’elle est consommée au niveau de certains pays voisins du Niger.
Il pointe en plus le faible écoulement de leurs produits, le manque de matériels modernes de transformation et une faible consommation locale, plaidant pour un accompagnement de l’Etat dans la création et la modernisation des tanneries existantes.