Au Niger, «La production rizicole 2022 est estimée à 149 626 tonnes, près de 150 000 tonnes de paddy », a indiqué à l’ANP, Mme Amina Abass, Directrice de la promotion des chaines de valeurs agricoles au Ministère de l’agriculture.
« Les rendements moyens obtenus sont de 2,5 tonnes par hectare sur les sites hors aménagés et près de 6 tonnes à l’hectare sur les aménagements hydroagricoles », explique la spécialiste, selon qui, l’année 2022 est aussi marquée par des inondations « surtout à Diffa ».
A la croire, ces inondations sont « dues au débordement de la Komadougou suite aux fortes précipitations enregistrées au Niger et au Nigeria, à Gaya (AHA Tara), Magaria (wacha....) », ayant même touché « des bureaux et magasins de stockage du RINI [société en charge de transformation du riz au Niger]».
Le Niger, note-t-on, devient de plus en plus, un grand producteur et consommateur du Niger. C’est pourquoi, il existe une importante chaine de valeurs de cette denrée, avec trois (3) maillons.
Selon la Directrice de la promotion de la chaine des valeurs agricole le premier maillon de la chaine est la production du paddy.
Il consiste, explique-t-elle, à l’approvisionnement en intrants, des opérations culturales jusqu’à la récolte, le séchage, le battage et le conditionnement dans les sacs.
Le second maillon, fait-elle savoir, est celui de la transformation constitué de trois (3) niveaux principaux : la transformation industrielle avec les usines du RINI ; la transformation semi-industrielle avec quelques privés tels que SSL, SOTRAGRI, mini-rizeries installées par les organisations professionnelles agricoles et la transformation artisanale : étuvage, décorticage du riz avec des moulins villageois (un faible capital et le produit obtenu est souvent de faible qualité).
Le dernier maillon de la chaine des valeurs riz est la commercialisation, qui comprend la vente en gros et la vente au détail.
« La commercialisation sera abordée sous deux angles à savoir : celle du riz paddy et du riz blanchi », explique Amina Abass, ajoutant que « le riz local est commercialisé sous forme de paddy collecté par les coopératives, lesquelles vendent via leur organisation faîtière au RINI ».
La même source informe que « compte tenu des coûts d’usinage particulièrement élevés, le riz est produit par ce circuit à un coût non compétitif par rapport aux riz importés, et doit donc être lourdement subventionné par l’État ».
« De façon générale, la commercialisation du riz est largement dominée par les importations, ce qui ne favorise pas le développement de la filière locale », regrette l’officielle nigérienne.
Expliquant le rôle que joue sa direction dans le cadre de la transformation du riz au Niger, Mme Amina Abass d’informer que « notre structure intervient surtout au niveau des renforcements de capacités des étuveuses et des meuniers villageois sur l’entretien des matériels et sur les bonnes pratiques d’étuvage, de décorticage et de transformation du riz en divers produits (semoules, farines enfantines, bouillies...) ».
Pour booster la production et la consommation du riz local, le Gouvernement a adopté, le 11 février 2022, la stratégie nationale de développement de la riziculture au Niger qui va de 2021 à 2030.
Cette stratégie à deux (2) étapes, a-t-on appris, vise à créer une autosuffisance en riz au Niger entre 2021 et 2025, mais aussi faire du pays, un pays exportateur du riz grâce au surplus de la production réalisé entre 2026 et 2030
Pour garantir cette autosuffisance en riz au Niger entre 2021 et 2025, la stratégie ambitionne de consolider les acquis en matière de production par l’appui de la production du riz local sur 198 507 ha (soit 41% en production irriguée et 59 % en production hors irriguée).
Concrètement, elle ambitionne de produire 886.056 tonnes de riz paddy en 2025, soit un équivalent en riz blanc de 575. 936 tonnes.
Estimant que les besoins à la même date seront de 569. 611 tonnes, la stratégie prévoie un surplus de 6. 326 tonnes.
De 2026 à 2030, la stratégie nationale de développement de la riziculture veut mettre en œuvre plus de 252. 507 ha (soit 33% en culture irriguée et 67% en culture sous pluies).
La stratégie présage que la production du riz atteindra près de 1.458.059 tonnes de paddy en 2030, soit 947. 738 tonnes de riz nettes, alors que le besoin est estimé à 689.693 tonnes. Cela correspond à une production supplémentaire de 258. 045 tonnes de riz blanc.
Pour se faire, confie Mme Amina Abass, plusieurs actions et initiatives sont en cours.
Il s’agit entre autres de l’appui à la structuration des acteurs de la filière riz par la mise en place d’une Interprofession de la filière riz au Niger, de la mise en place de la task force riz au sein du Ministère de l’Agriculture, de la subvention d’engrais en appui aux petits producteurs pendant la campagne agricole 2022 qui vient de s’écouler, de l’élaboration de plusieurs documents de projets en recherche de financement ou encore de la promotion du riz du basfond, de plusieurs sessions de formation des groupements des producteurs sur le paquet technologique.
« Dans le cadre du Programme de développement des chaines de valeurs du Riz au Niger (RRVCD/P) il y a en cours d’acquisition de 80 moissonneuses batteuses, 70 motoculteurs, 5 mini rizeries, 10 magasins de stockage de riz, mise en place d’une ligne de crédit de 1,5 milliard et d’un fonds de garantie de 1milliard pour faciliter l’accès au financement des acteurs de la chaine de valeur », ajoute-t-elle.