Agriculture - Inondations au Niger : « Au niveau de la Komadougou, nous pensons que cette année il n’y aura pas grand-chose comme production » (DG OHANA)
Publié le mercredi 21 decembre 2022 | Agence Nigerienne de Presse
Suite aux inondations qui ont submergé les cultures irriguées dans plusieurs localités du Niger, le Directeur général de l’office national des aménagements hydro-agricoles (ONAHA), M. Mahaman Adamou craint une situation inquiétante pour la production du riz, notamment dans la Région de Diffa, où la Komadougou, principale cours d’eau alimentant les aménagements hydro-agricoles (AHA), a atteint un niveau alarmant.
« Au niveau de la Komadougou, nous pensons que cette année, il n’y aura même pas grand-chose comme production (…) parce que les inondations ont carrément atteint l’ensemble des périmètres rizicoles dans la région de Diffa. C’est totalement la région qui a été inondée [sur le plan de la riziculture, ndlr] », confie exclusivement à l’ANP, M. Adamou.
Selon le responsable de l’office gouvernemental « les aménagements hydro-agricoles ont été beaucoup impactés cette année, par les inondations parce que tout simplement plus de 80% des aménagements sont au bord du fleuve Niger, donc dans les 3 régions : Tillabéri, Niamey et Dosso, notamment à Gaya, et aussi une zone importante qui est la vallée de la komadougou Yobé jusqu’au Lac Tchad [Diffa]».
« Avec le changement climatique, les cours d’eaux connaissent depuis un certain moment des débordements et nos aménagements sont au bord de ces cours d’eaux, ainsi que les infrastructures réalisées pour les protéger. Donc [avec les inondations] ils ont pris le coup », informe la même source.
Niamey qui fait partie des Régions abritant de grands nombres d’aménagements hydro-agricoles, a été épargnée en 2022 par les inondations contrairement à l’an 2020, compare M. Adamou.
« Niamey n’a pas été impactée. Les aménagements n’ont pas été touchés. Ils [les producteurs] sont actuellement en période de récolte. Mais je crois que c’est en 2020 où totalement la grande partie des aménagements a été sérieusement emportée par la production dans la région », indique-t-il, avant de noter que « jusqu’à présent, les producteurs ressentent vraiment les effets ».
Revenant sur le cas spécifique de Gaya (département de la Région de Dosso, sur la frontière avec le Bénin), le Directeur général de l’OHANA précise « nous avons estimé l’impact des inondations sur nos aménagements autour d’une perte de plus de 45% ».
L’Etat répare plusieurs infrastructures endommagées
L’Etat et ses partenaires ont pris en charge la réparation des infrastructures touchées par les inondations, informe le responsable de l’ONAHA.
« Pour les infrastructures, il y a des digues qui ont été touchées, heureusement que pour Niamey, il y’a eu un appui du PGRC-DU (projet de gestion des risques et catastrophes et du développement durable, devenu aujourd’hui PIDUREM) », note-t-il avant d’ajouter « Donc on a fait un rehaussement de la digue de Lamordé, de Saguia ainsi que de Saga ».
«On a pu protéger et les habitations et les aménagements dans la région de Niamey », se réjouit-il.
A Tillabéri aussi, poursuit-il, « il y a des ponts qui ont été touchés. L’impact n’est pas trop grand parce qu’il y’a eu aussi des travaux de rehaussement à Karma, à Lata, de même que Namardé et Koutoukallé. Mais il y a aussi des travaux réalisés avec l’appui de l’agence du barrage de Kandadji. Là aussi les aménagements de la zone ont été sécurisés », note-t-il.
SNDR, pour booster la production du riz nigérien
Le Directeur général de l’ONAHA a aussi évoqué avec l’ANP, la stratégie nationale de développement du riz (SNDR).
« Avec l’appui de la coalition africaine pour le développement de la riziculture qu’on appelle CAR, sur le financement de la République japonaise, les pays africains ont commencé à élaborer des stratégies nationales de développement de la riziculture qu’on appelle la SNDR », déclare-t-il avant de préciser que le Niger a commencé à élaborer la sienne depuis 2019.
« On a fait un premier document financé par la FAO et la JICA (…) le 11 février 2022, le Gouvernement a adopté la stratégie nationale de développement de la riziculture au Niger qui va de 2021 à 2030.
Cette stratégie à deux (2) étapes, a-t-on appris, vise à créer une autosuffisance en riz du Niger entre 2021 et 2025, mais aussi de faire du pays un exportateur du riz grâce au surplus de la production qui sera réalisé entre 2026 et 2030.
Pour garantir cette autosuffisance en riz au Niger entre 2021 et 2025, la stratégie ambitionne de consolider les acquis en matière de production par l’appui de la production du riz local sur 198 507 ha (soit 41% en production irriguée et 59 % en production hors irrigation).
Concrètement, elle ambitionne de produire 886.056 tonnes de riz paddy en 2025, soit un équivalent en riz blanc de 575. 936 tonnes.
Estimant que les besoins à la même date seront de 569. 611 tonnes, la stratégie prévoie un surplus de 6. 326 tonnes.
De 2026 à 2030, la stratégie nationale de développement de la riziculture veut mettre en œuvre plus de 252. 507 ha (soit 33% en culture irrigué et 67% en culture sous pluies).
La stratégie présage que la production du riz atteindra près de 1.458.059 tonnes de paddy en 2030, soit 947. 738 tonnes de riz nettes, alors que le besoin est estimé à 689.693 tonnes. Cela correspond à une production supplémentaire de 258. 045 tonnes de riz blanc.