La police continue à enquêter sur le vaste réseau d'escroquerie financière découvert la semaine dernière par la Cellule nationale d'investigations financières (Centif) au sein de la Banque agricole du Niger (Bagri). Suite à cette découverte, plusieurs cadres et employés de la banque ont été interpellés et placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire. Selon les informations disponibles, même un planton de la banque est impliqué dans cette affaire. Le montant du détournement s'élève à entre 4 et 5 milliards de francs CFA, une somme qui pourrait encore évoluer au cours de l'enquête préliminaire. Comment une telle escroquerie a-t-elle pu être perpétrée sans être découverte plus tôt? Il semble que cela nécessitait un réseau bien organisé et la participation de nombreux individus au sein de la banque. Cette opération a probablement été mise en place sur plusieurs années, compte tenu de l'ampleur du détournement. La Banque agricole du Niger, créée avec des fonds publics sous le règne du regretté président Mamadou Tandja dans le but de promouvoir le développement rural, a rapidement évolué vers le secteur commercial et offert les mêmes types de services que les banques commerciales. Malheureusement, la gestion de la Bagri a été critiquée par l'opinion publique lorsqu'elle a commencé à connaître des difficultés. Lorsque la banque a véritablement commencé à battre de l'aile, son premier Directeur général, Rabiou Abdou, a été transféré à la nouvelle banque de l'Habitat, également publique. Il y a passé un court laps de temps avant de se lancer en politique. Lorsqu'il s'agit d'une institution bancaire étatique, les critères de recrutement et de promotion du personnel sont souvent différents de ceux des banques privées. Il est donc important de s'assurer que les individus choisis pour diriger et gérer ces institutions sont compétents et intègres, afin d'éviter des scandales financiers de cette nature.
Aïssa Altiné