Du 17 au 20 janvier, Niamey a abrité la réunion globale du Regional Leadership Team de l'ONG Plan International en Afrique de l'Ouest et du Centre avec la participation des Directeurs pays de la région, des représentants d’organisations de jeunes ainsi que les membres de l’équipe globale de Plan International. Durant toute la semaine, d'intenses activités et d'échanges menés dans ce cadre ont permis aux participants d'approfondir leur compréhension de la région ; de proposer des solutions aux obstacles rencontrés par les bureaux pays et de renforcer la collaboration. A l'issue de la rencontre, Plan International et ses partenaires notamment World Vision se sont engagés à intensifier leurs interventions afin de renforcer les réponses aux crise multidimensionnelles au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad. Ils ont également exhorté les bailleurs de fonds, les gouvernements nationaux et la communauté internationale à agir de toute urgence, à augmenter les investissements et à trouver des solutions durables aux crises humanitaires dans la région.
C'est sur une note de satisfaction qu'ont pris les travaux de la réunion trimestrielle du "Regional Leadership Team"(#RLT) de Plan International en Afrique de l'Ouest et du Centre que la capitale nigérienne a eu l'honneur d'abriter du 17 au 20 janvier 2023. "Des échanges excellents, créer des liens plus profonds à travers l’organisation", s'est par exemple félicitée Anika Krstic, Directrice Pays de Plan International Burkina Faso, à l'issue de la rencontre. Lors de la conférence de presse qui a été organisée vendredi 20 janvier, le Directeur Pays Plan International Niger, M. Mohamed Bah, s'est tout aussi réjouit de la qualité des travaux auxquels ont pris part des jeunes et filles leaders venues des différentes régions du Niger notamment Diffa et Tillabéri mais également d'autres contrées. La réunion a également été consacré à des échanges avec les représentants des services déconcentrés de l'État, des ONG partenaires ainsi que l'ensemble des Directeurs pays de Plan international dans 13 pays de l'Afrique de l'Ouest et deux pays de l'Afrique du centre, des directeurs nationaux de l'ONG ainsi que des responsables de projets et ceux du siège de l'organisation internationale avec, entre autre, la PDG adjointe de Plan international qui étaient pour la circonstance accompagnée par le Directeur global des programmes et le Directeur des stratégies. "C'était une réunion très importante pour nous à Plan International et c'était pour discuter comment nous pourrons renforcer, accélérer et améliorer ce que nous sommes en train de faire pour adresser, pour confronter, pour accompagner le gouvernement, les populations surtout les jeunes, les jeunes filles, les jeunes hommes pour faire face aux crises multiples et très complexe dans la région", a indiqué M. Bah.
"Au cours de cette réunion très importante au niveau de Plan International", nous avons beaucoup discuté et échangé et nous avons fait des recommandations ainsi que pris des engagements dans le sens de mobiliser plus de ressources financières pour faire face aux crises. Nous avons pris également des engagements pour mieux travailler, mieux collaborer entre nous dans nos différents bureaux, mais aussi mieux travailler avec les populations pour que nous servons. Il y a des actions que nous sommes déjà en train de mener et sur lesquels nous avons aussi échangé avec le gouvernement du Niger. En effet, nous avons rencontré le Président de la République SEM. Bazoum Mohamed ainsi que plusieurs membres du gouvernement ainsi que des conseillers de certains ministres et institutions qui sont nos partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de ces projets de Plan International au Niger". M. Mohamed Bah, Directeur pays Plan International du Niger.
De nouveaux engagements pour amplifier l'impact des réponses aux crises
Face aux médias et abordant également la réunion de Niamey, le Directeur exécutif du Bureau régional de Plan International pour l'Afrique de l'Ouest, Rotimy Djosaya, a mis l'accent sur le contexte particulier dans lequel se tient cette réunion et son importance pour le Bureau régional de l'ONG. "Le Niger comme nous le savons et au cœur du Sahel. C'est important pour nous lorsque nous faisons des discussions autour de notre réponse aux crises humanitaires en Afrique de l'Ouest et du Centre, et particulièrement au Niger, au Sahel, que nous puissions être au Niger. Nous avons eu au cours de cette semaine l'occasion de rencontrer différents acteurs en particulier les jeunes qui ont raconté leur histoire et la façon dont les crises multidimensionnelles qui s'amplifient au Sahel les affectent notamment les jeunes filles", a-t-elle souligné avant d'exprimer sa gratitude ainsi que celle de l'ONG et des populations bénéficiaires à tous les partenaires qui accompagnent Plan International dans ses activités. "Lorsque nous parlons de l'ampleur de la situation au niveau du Sahel, c'est seulement ensemble que nous pouvons réussir, avec les jeunes, avec les gouvernants, avec les partenaires et avec tous les acteurs", a déclaré Rotimy Djossaya qui a tenu à rappeler que Plan International vient de lancer sa stratégie globale et, en ce sens, la rencontre de Niamey a permis de mener des réflexions approfondies et enrichissantes pour une parfaite, efficace et efficience mise en œuvre de cette stratégie qui cible les milieux fragiles qui subissent beaucoup de vulnérabilité.
"Cette semaine a été émouvante pour chacun de nous parce que, nous avons touché du doigt les réalités, nous avons touché du doigt comment est-ce que cette crise impacte des vies, des jeunes, des jeunes filles, des partenaires, des acteurs qui interviennent au premier plan au niveau de ces communautés. Et ce dont nous avons discuté cette semaine, c'est qu'est-ce que nous pouvons faire au niveau de Plan international, pour amplifier notre impact au niveau du Sahel et au niveau du Niger et c'est en ce sens que nous avons pris un certain nombre de résolutions pour faire davantage. Je tiens à rassurer les populations du Sahel, et particulièrement celles du Niger, de l'engagement de Plan International à continuer d'amplifier notre impact afin de renforcer notre légitimité. C'est pour cette raison d'ailleurs que nous investissons dans le travail avec les jeunes et nous continuerons aussi de faire en sorte que les jeune puissent avoir l'espace qu'il faut pour pouvoir conduire les actions de développement. Des jeunes comme nous l'avons vu, qui font preuve d'initiatives portées par leur groupe pour répondre aux situations humanitaires. Si j'ai un appel à lancer à tous les acteurs, au gouvernement et aux acteurs dans le sens des réponses aux crises que ce soit au niveau du Niger, du Sahel Niger et ailleurs en Afrique de l'Ouest et du Centre, c'est d'écouter davantage les jeunes et d'investir davantage dans leurs initiatives. Nous sommes debout et nous restons toujours debout avec les jeunes pour faire en sorte que nous puissions continuer de créer un monde égalité, un monde ou chacun de nous nous sera traité avec respect et dignité pour que chacun puisse s'épanouir". M. Rotimy Djossaya. Directeur Exécutif pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de Plan International
Se servir des leçons du Sahel pour anticiper la crise au niveau des pays du Golfe
Au cours de la session de Niamey, les échanges ont également porté sur la situation qui prévaut au-delà du Sahel central avec la crise multidimensionnelle qui est en train de s'étendre vers certains pays de la côte notamment au Bénin, au Togo et au Ghana. Selon Hawa Ba, Directrice Pays Plan International Togo, qui a tenu à exprimer sa gratitude à ses collègues de Plan International Niger et à tous les partenaires ainsi qu'aux jeunes leaders, les échanges tenus tout au long de la semaine ont donné l'occasion de mieux comprendre et de mieux toucher du doigt les réalités des populations du Niger qui est au cœur du Sahel et au cœur des préoccupations de plan international Togo en particulier lorsqu'il s'agit des droits des enfants et de l'égalité pour les filles. "Je voudrais réaffirmer toute notre solidarité et notre engagement auprès des communautés des jeunes filles, des filles et des enfants qui souffrent aujourd'hui d'une crise complexe, multidimensionnelle qui ont des impacts énormes sur leur vie et sur l'avenir de ce pays", a ajouté la Directrice pays de Plan International Togo, membre de ce qui appelé "Golfe de Guinée". "Nous avons vraiment partagé la préoccupation et l'expérience très riche de nos collègues et partenaire du Niger. Nous sommes dans une zone, La zone du Golfe de Guinée qui est aujourd'hui assez inquiétante au regard de l'évolution de la situation. Car comme vous le savez la crise du Sahel ne s'arrête pas seulement au Sahel et la tendance qu'o observe, c'est qu'elle s'étend vers les pays côtiers avec, malheureusement, une recrudescence d'attaques et de l'extrémisme violent au Bénin, au Togo et au Ghana", a ajouté Hawa Ba qui a également souligné que la rencontre de Niamey a aussi servi de tremplin pour tirer les leçons de ce qui s'est passé au Sahel et ainsi avoir une réponse anticipative pour les pays du Golfe. "Nous sommes donc sur le terrain avec nos partenaires locaux notamment les jeunes qui nous montrent qu'ils font partis de la solution et que nous devons les mettre en avant pour avoir cette anticipation", a-t-elle ajouté. En ce sens, la Directrice pays de Plan International pour le Togo a fait savoir que les activités de l'ONG dans ces pays portent sur la cohésion sociale et sur les opportunités économiques pour les jeunes avec des initiatives telles que le "Youth Challenge Fund" qui mettent en avant les filles et les jeunes avec l'objectif que ça soit une contribution pour contenir la crise dans les pays du Grand Sahel, mais également empêcher tout débordement envers les pays côtier et maintenir plus de sérénité, "ce qui est une obligation si nous voulons avoir un développement durable et inclusif dans l'intérêt de nos enfants et de nos filles", a estimé Hawa Ba.
Il faut noter qu'en marge des travaux de la réunion globale, plusieurs autres rencontres entre la délégation de Plan International et les autorités politiques ont été tenues. Dans la soirée du vendredi 20 janvier 2023, la délégation de Plan International, conduite par le Directeur exécutif pour la Région Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Rotimy Djossaya et comprenant notamment l’Adjointe du Président Directeur Général de Plan international, a été reçu en audience au Palais de la Présidence par le Chef de l'Etat SEM. Mohamed Bazoum. "Nous avons parlé des chantiers qui sont très importants au Plan International et au Niger notamment l’éducation, domaine dans lequel nous partageons les mêmes perspectives que le Président de la République qui vise à investir davantage dans ce domaine. Plan International veut également investir davantage dans le leadership des jeunes et des filles et dans les interventions qui vont leur permettre de s’épanouir, car nous sommes dans des situations où les filles sont victimes de violences, et aussi investir dans le domaine de la lutte contre toutes sortes de mariages précoces et forcés", a déclaré M. Djossaya au sortir de la rencontre.
Le Directeur Exécutif de Plan qui a rappelé que depuis plus de 8 décennie, Plan International qui est présente au Niger depuis 1998, œuvre pour la promotion et la protection des droits des enfants et l’égalité pour les filles. Il s’est enfin dit heureux de voir que cette réunion du Niger va leur permettre de prendre des nouvelles résolutions avant de saluer leur collaboration avec le Président de la République et l’accompagnement de son Gouvernement.
Plaidoyer en faveur des actions urgentes, des investissements accrus et des solutions durables à la crise
Il convient enfin de relever qu'à la fin de cette réunion globale de Niamey, Plan International et ses partenaires, aux côtés des jeunes d'Afrique de l'Ouest et du Centre, ont fait un vibrant plaidoyer (à lire en intégralité sur actuniger.com) dans lequel ils ont exhorté les bailleurs de fonds, les gouvernements nationaux et la communauté internationale à agir de toute urgence, à augmenter les investissements et à trouver des solutions durables aux crises humanitaires dans la région. La situation est, en effet, assez alarmante et pour trouver des solutions durables, "il est essentiel d'écouter activement la voix des filles et des jeunes".
Le cas du Niger traduit à lui seul la situation qui prévaut dans la région ainsi que la nécessité d'agir en urgence pour contenir les crises multidimensionnelles. Le pays fait, en effet, fait face à des crises structurelles (inondation, sècheresse, pauvreté) et conjoncturelles (conflits armes, inter et intracommunautaires) sans précédent qui défient ses capacités de réponse. En 2022, plus de 600 000 personnes sont en situation de déplacement forcé affectant leur moyen d’existence notamment ceux des enfants et des femmes qui sont particulièrement exposés à l’insécurité alimentaire, à la malnutrition, à un risque accru de violence basée sur le genre et à l’abandon scolaire.
C'est pourquoi, Plan International Niger se dit extrêmement préoccupée par l’intensification de la crise humanitaire au Niger. Selon les plans de réponse humanitaire de 2019, 2020, 2021 et 2022, le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire a augmenté passant de 2,3 millions de personnes à 3,7 millions de personne (+1,4 millions). Les femmes et les enfants sont les plus affectés par la crise humanitaire. Ils représentent respectivement 50,3% et 55% des personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire.
Les chocs qui affectent la population du Niger sont d’ordre sécuritaire, climatique et économique La situation sécuritaire reste marquée par la persistance et l’amplification des activités des groupes armés non étatiques (GANE) telles que les enlèvements et les attaques sporadiques et meurtrières, souvent ciblées contre des populations dans la zone des trois frontières (Tillabéri et Tahoua) et dans le bassin du Lac Tchad (région de Diffa). A cela s’ajoutent les conflits inter et intracommunautaires contribuant à la dégradation du climat sécuritaire et entrainant des mouvements de population importants. En 2021 et en 2022, respectivement plus de 500.000 et 600.000 personnes étaient en situation de déplacement forcé selon OCHA. Ces flux aggravent les besoins humanitaires nécessitant une action urgente.
Aussi, plus de 50% des enfants de 7 à 16 ans ne sont pas scolarisés. 890 écoles primaires et secondaires fermées en juin 2022 dans les zones touchées par les conflits à Maradi (sud-ouest), Diffa (sud-est), Tahoua (nord-ouest) et Tillaberi (ouest) affectant 73 832 enfants dont 36 330 filles (source compte rendu du cluster éducation novembre 2022). L’insécurité alimentaire exacerbée par les conflits empêchent les parents d’inscrire leurs enfants à l’école.
Des perspectives assez sombres pour la sous-région à défaut d'actions urgentes
A ces chocs, s'ajoutent aussi d'autres facteurs de perturbation supplémentaires qui sont communs à tous les pays de la sous-région et accentuent la crise. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté en raison de la faible production locale et de la hausse des prix du carburant alors que la crise Ukraine s'est traduite par des pénuries de céréales car, selon les estimations de la FAO, 30% du blé consommé en Afrique provient de l’Ukraine et de la Russie. Le Mali, par exemple, dépend à plus de 50% des importations de blé de Russie pour sa consommation. En outre, jusqu’à 88% des personnes en engrais pour la saison 2022 en Afrique de l’Ouest n’ont pas été couverts, ce qui pourrait affecter significativement la production agricole et faire augmenter encore d’avantages les prix des denrées alimentaires selon une évaluation. Selon les mêmes estimations, même si elles ont été levées, les sanctions économiques prises par les institutions régionales et internationales contre les régimes militaires et les mesures de gestion de COVID 19 ont encore des effets résiduels sur les prix et la disponibilité des aliments.
Dans la région sahélienne, les projections des experts s'accordent sur le risque d'aggravation de la situation notamment du fait de l’instabilité politique et du retrait des forces étrangères au Mali et au Burkina Faso. Des baisses significatives de la production céréalière sont également attendues au Niger, au Burkina Faso et dans le centre du Mali et l’Etat nutritionnel des enfants et des femmes risque de se détériore encore plus avec la baisse des fréquentations de centres de santé et de leur fermeture du fait de l’insécurité. Par ailleurs, des projections suggèrent des augmentations de température de l’ordre 3°C à 6°C dans le sahel central, ce qui contribuera à aggraver la crise de la faim et à la rendre chronique.
Autre fait inquiétant à prendre en compte, c'est la violence et les attaques des groupes armés qui se propagent vers les pays côtiers voisins. La situation sécuritaire au Benin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo s’est considérablement détériorée en 2022 et l'insécurité dans la région risque d'être exacerbée par l’aggravation du conflit du Burkina Faso, si aucune mesure n’est prise.
Au regard de ce contexte très sombre, l'appel de Plan International et de ses partenaires vient à point nommer et avec les engagements prises lors de cette réunion globale de Niamey, l'organisation non gouvernementale entend mobiliser tous ses ressources mais aussi les gouvernements, partenaires, institutions internationales et les organes de l'ONU pour qu'ils fassent davantage preuve de solidarité et répondre de manière urgente aux crises humanitaires dans la région à travers une série d'actions urgentes contenues dans le document de plaidoyer.