L’Hôpital National de Niamey (HNN) a servi de cadre, lundi 23 janvier 2023, à la cérémonie officielle de lancement du projet «Développement du Programme National de Santé Mentale" au Niger. Financé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS) et mis en œuvre par l’ONG Medici per Diritti Umani (MEDU), en collaboration avec l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC), le Projet vise à soutenir le Programme National de Santé Mentale (PNSM) du Ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales avec comme objectif général, de contribuer à l’amélioration du bien-être et de la santé mentale de la population et à réduire les mortalités prématurées de maladies non transmissibles au Niger à travers notamment, un appui au PNSM pour l’amélioration des infrastructures et leurs équipements, la formation du personnel ainsi que la sensibilisation de la population.
C’est le Secrétaire général adjoint du ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales qui a présidé la cérémonie officielle de lancement qui s’est déroulée en présence de la conseillère du Ministre ainsi que des Directeurs centraux et nationaux du département de la Santé publique et de l’Education nationale, de la Représentante de l’AICS, du coordinateur du PNSM ainsi que celui de l’ONG MEDU, du Directeur général de l’Hôpital National de Niamey (HNN), du représentant d’AEC ainsi que de plusieurs invités.
Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie dont celle de bienvenue du Directeur national de l’Hôpital National de Niamey qui a tenu à souhaiter la bienvenue à tous les participants ainsi qu’à exprimer sa gratitude pour le Ministère de la Santé, l’ONG MEDU et ses partenaires pour l’honneur fait à son institution d’abriter l’évènement. "L’Hôpital national de Niamey, malgré les difficultés de tout ordre, s’acquitte honorablement depuis 100 ans de ses missions : soigner, éduquer, innover et protéger", a indiqué Pr Soumana Halidou, qui a tenu à assurer le Ministère ainsi que les partenaires financiers et de mise en œuvre du projet de la disponibilité et de l’engagement de tout le personnel de l’Hôpital national de Niamey à accompagner cette louable initiative pour le bien-être des populations nigériennes.
La santé mentale, un droit fondamental assez souvent négligé
Dans son intervention, la Chargée de Programme de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS) a indiqué que l’Agence accorde une grande importance au secteur de la santé dans tous les pays de son intervention et notamment au Niger, qui est pays prioritaire pour la coopération italienne. "La santé mentale touche la vie de chacun et, en ce sens, représente une responsabilité collective. Malgré cela, au niveau mondial, le montant de l’aide au développement consacré à la santé mentale reste faible. Dans ce contexte, l’AICS s’est fermement engagée à investir dans des soins de santé mentale de qualité et abordables pour tous", a souligné Laura Pala, qui n’a pas manqué de relever qu’aujourd’hui, les services de santé mentale au Niger ne répondent pas suffisamment aux besoins de la population en raison d’un manque de ressources financières, matérielles et humaines. "La santé mentale est un domaine qui souffre de l’écart entre les besoins émergents et l’accès réel aux services de prévention et de traitement. Cela est dû aussi au fait qu’il existe encore une stigmatisation des personnes souffrant de troubles mentaux", a-t-elle ajouté. C’est du reste pour toutes ces raisons, selon Laura Paula, que l’Agence de coopération italienne salue le démarrage du Projet « Développement du programma nationale de santé mentale au Niger » promu par l’ONG italienne MEDU et réalisé en partenariat avec le Programme National de Santé Mentale (PNSM) du Ministère de la Santé Publique e de la population (MSP) du Niger, et l’association nigérienne Alternative Espaces Citoyens (AEC).
"A travers le financement du projet, l’AICS reconnait l’importance d’investir dans les infrastructures de soins de santé mentale, dans le renforcement de l’offre des services aux personnes qui souffrent des troubles psychiatriques, ainsi que dans la sensibilisation de la société, afin que la santé mentale ne soit plus perçue comme un tabou. Nous estimons qu’il est essentiel d’assurer un meilleur accès aux services de soins de santé mentale préventifs et curatifs, car nous reconnaissons leur impact incontestable sur le bien-être des communautés. Nous sommes fermement convaincus que la priorité accordée à la prévention et à la promotion est essentielle pour diminuer le fardeau des troubles mentaux et pour améliorer les capacités d’adaptation des individus qui sont affecté par des troubles psychiatriques". Laura Pala, Chargée de Programme de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS).
Un Projet pour accompagner le Niger dans sa stratégie
En procédant au lancement officiel du Projet, le Secrétaire général Adjoint du Ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, a rappelé que le 10 octobre dernier, le Niger a célébré à l’instar de la communauté internationale, la Journée Mondiale de la Santé Mentale (JMSM) dont le thème était “Faire de la santé mentale et du bien-être pour tous une priorité globale”. "Il y’a trois mois, vous étiez avec nous chers partenaires et aujourd’hui encore vous êtes à nos cotés parce que vous croyez tout comme nous, en ce que chacun ait accès aux soins de santé mentale dont il a besoin au moment où il en a besoin", a déclaré M. Sabo, qui n’a pas manqué de rappeler, à ce sujet, que "la santé mentale fait partie de notre bien-être en général et constitue un droit humain fondamental".
Après avoir rappelé les tristes chiffres de la situation à l’échelon mondial avec, selon l’OMS, près de 1 milliards de personnes qui vivent avec un trouble mental diagnosticable, environ une personne sur 8 dans le monde qui vit avec un trouble mental, 3 millions de personnes qui meurent chaque année des conséquences de l’usage nocif de l’alcool et ou de la drogue et une personne qui se suicide toutes les 40 secondes à travers le monde M. Sabo Hassane Adamou, a brossé la situation au niveau nationale de la santé mentale, l’un des domaines les plus négligés de la santé publique, selon l’OMS. Le SGA a en ce sens mis en exergue les efforts du gouvernement ces dernières années pour promouvoir l’accessibilité aux soins de santé mentale à travers, notamment, une stratégie d’intégration des soins de santé mentale dans les soins généraux de santé.
A travers les objectifs visés, le projet "Développement du Programme nationale de Santé mentale" (PNSM) vient donc accompagner cette stratégie du Niger a déclaré M. Sabo Adamou et c’est pour cette raison qu’il a tenu, au nom du ministre de la Santé, du chef du gouvernement ainsi que du Président de la République, tenu à adresser ses sincères remerciements à l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), principal bailleur de fonds du projet, et la fondation Tavola Valdese. Il a également tenu à féliciter les autres partenaires du Projet notamment l’Hôpital national de Niamey (HNN), l’association AEC, l’OMS ainsi que les autres organisations et toutes les personnes qui contribuent à l’amélioration du bien-être des populations nigériennes notamment pour ce qui est de la santé mentale.
Infrastructures, équipements, formation et sensibilisation
Auparavant, dans un exposé succinct, le Coordinateur de Medici per i Diritti Umani (MEDU), M. Alberto Barbieri, a présenté le contexte dans lequel s’inscrit le projet ainsi que les objectifs visés ainsi que les résultats attendus. Dans un entretien accordé par la suite aux médias, il a largement abordé les grands axes du Projet dont la mise en œuvre sera étalée sur une durée de 36 mois avec un accent sera particulièrement mis sur le développement de manière cohérente des stratégies et priorités du Plan Stratégique de Santé Mentale (PSSM) 2016-2020 élaboré par le PNSM. Cette stratégie promue par le Ministère de la Santé publique et le Projet vise à intégrer la santé mentale dans les services essentiels offerts par les unités sanitaires territoriales, en particulier les centres de santé intégrés (CSI). "Le projet permettra également de développer des services d’orientation spécialisés pour répondre à des besoins qui sont restés négligés jusqu’à présent, tels que les troubles psychiatriques et neurologiques de l’âge du développement", a expliqué M. Alberto Barbieri d’après qui, le nombre de bénéficiaires directs du projet est estimé à 80.000 dont 16.000 patients (44% de mineurs) des services de santé mentale de Niamey, Maradi et Tahoua ; 316 agents de santé et acteurs communautaires ; 60.000 jeunes âgés de 10 à 24 ans ainsi que 2.600 enseignants du primaire. "L’implication du MSP en tant que partenaire stratégique dans la conception et la mise en œuvre des activités, ainsi que la contribution d’une association de la société civile ayant une solide expérience en communication sociale comme AEC, garantissent la durabilité institutionnelle, technique, économique et sociale du projet", a estimé M. Alberto Barbieri, Coordonnateur de l’ONG MEDU qui a bien voulu répondre à nos questions pour une meilleure compréhension du Projet :
Les malades mentaux font partie intégrante de la société. A ce sujet une attention particulière leur doit être accordée. L’une des missions et des actions de votre service c’est cela. Alors, pouvez-vous partager avec nos lecteurs ce que vous faites pour le soutien au PSM/P/AS pour la prise en charge de ces cas sociaux ?
L’ONG Médecins pour les Droits Humains-MEDU, une organisation humanitaire à but non lucratif qui a pour objectif d’assurer l’assistance médicale aux populations les plus vulnérables en Italie et à l’étranger, est présent au Niger depuis 2019, d’abord à Agadez avec le soutien du HCR MEDU a réalisé des activités dans le cadre d’un programme de santé mentale et réhabilitation psychosociale destiné aux demandeurs d’asile et réfugies, et puis à Diffa en 2021 en partenariat avec d’autres acteurs humanitaires et le soutien de l’Agence Italienne de la Coopération au Développement, MEDU a également réalisé des activités dans la Région de Diffa dans le du projet « Femmes en première ligne » avec l’objectif de contribuer à la réduction de la vulnérabilité et au renforcement de la résilience des communautés dans la région de Diffa en particulier l’objectifs d’améliorer les conditions de vie et d’accès aux droits fondamentaux de santé et de protection pour les femmes et les filles.
A partir de 2022, dans le cadre du projet triennal 2022-2025 « Développement du programme national de santé mentale au Niger » lancé aujourd’hui, financé principalement par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement AICS, au soutien du Programme National de Santé Mentale du MSP/P/AS, MEDU et ses partenaire, en lien avec les Objectifs de développement durable (ODD 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) cherchent de contribuer à améliorer le bien-être et la santé mentale de la population et à réduire les mortalités prématurées de maladies non transmissibles au Niger. L’objectif de ce projet est appuyé le PNSM à travers l’amélioration des infrastructures, la formation du personnel et la sensibilisation de la population. Donc, on a trois volets, considérés prioritaires suite à une analyse approfondie des besoins prioritaires qui sont déjà identifié dans les documents opérationnels de référence, à savoir le Plan de Développement Sanitaire (PDS) 2017-2021, le Plan Stratégique de Santé Mentale (PSSM) 2016-2020, MSP/P/AS, et le Plan d’action en santé mentale de l’OMS.
Le premier volet est « infrastructures, équipements et médicaments » à travers la réhabilitation et l’équipement du premier service de pédopsychiatrie au Niger (au niveau de l’hôpital national de Niamey) et la fourniture adéquate en médicaments psychotropes pour toute la durée du projet ; et aussi l’amélioration des conditions d’équipement et de fourniture en médicaments psychotropes pour les CHR de Maradi et Tahoua.
Le deuxième volet est « renforcement des compétences en santé mentale des agents de santé et des agents communautaires » d’un coté à travers un programme de formation triennal :
-des agents de santé non spécialisés à Niamey, Tahoua e Maradi, avec l’objectif d’intégrer les services de santé mentale dans le Paquet Minimum d’Activités (PMA) offert par les unités opérationnelles de santé, notamment par les CSI, des agents de santé spécialisés avec l’objectif de renforcer les compétences spécialisées des TSM qui interviennent dans les centres de référence et régionaux tant au niveau des services de santé communautaires, de sensibilisation au niveau communautaire destinée aux guérisseurs traditionnels avec l’objectif de créer des systèmes de référence au niveau de coordination régionale entre les GT et les CSI dans les régions de Niamey, Maradi et Taohua et d’autre coté, face au profil démographique au Niger, émerge le besoin prioritaire de développer des programmes de formations spécialisées en pédopsychiatrie destinés aux médecins (pédiatres, neurologues, psychiatres), TSM, et kinésithérapeutes.
Le troisième volet est, d’un côté, l’appui au système national de coordination, d’évaluation et de planification de la santé mentale à travers le renforcement du système de coordination des au niveau national et régional, et d’autre coté, une large action d’information et de sensibilisation sur la santé mentale, en particulier sur la toxicomanie chez les adolescents scolarisés et non scolarisés devenu un problème social au Niger et aussi la sensibilisation des enseignants du primaire sur l’épilepsie chez les enfants afin de renforcer les services de diagnostic et de traitement pour ces pathologies.
Avez-vous des Partenaires qui vous assistent dans cette action ?
Oui, dans le cadre de projet MEDU les activités seront réalisées en étroite collaboration avec le Programme National de Santé Mentale (PNSM) du Ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, et en partenariat avec l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC), qui s’occupe principalement de création et diffusion de messages radiophoniques pour la sensibilisation sur la toxicomanie et à la santé mentale.
On peut dire que ce projet a de réelles possibilités d’affecter certaines des questions critiques les plus pertinentes concernant la santé mentale au Niger puisqu’il vise à construire des systèmes de santé plus solides, résilients, durables et de qualité ; et de renforcer les systèmes de prévention des maladies non transmissibles. Pour atteindre ces résultats, MEDU continue à faire des appels aux partenaires techniques et financiers de nous soutenir dans cette action.