Bientôt, le Président Mohamed Bazoum entamera son vingt unième mois de gestion du pouvoir, depuis sa prestation de serment, le 02 avril 2021. En règle générale, il existe ce que l’on appelle, couramment, l’état de grâce, qui est cette espèce de répit que l’on donne à une autorité fraîchement investie. En fait, l’état de grâce, dans son assertion sociale, est une prime à la nouveauté d’un responsable dans ses fonctions, le temps que l’on peut lui accorder pour chercher et trouver ses marques. Pour le président Mohamed Bazoum, il venait de succéder à un autre président de la République ayant exercé deux (2) mandats de cinq (5) ans à la tête du pays. Pour la première fois de son Histoire, le Niger venait de vivre sa première expérience d’une soi-disant alternance démocratique. Voilà, un peu, le contexte dans lequel le chef de l’Etat Bazoum entamait ce quinquennat !
A sa prise de fonctions, le président Mohamed Bazoum s’était montré ouvert à la négociation avec les partenaires sociaux afin de trouver des solutions consensuelles et durables sur les préoccupations fondamentales de l’heure. Il avait réuni à son Palais de la Présidence les représentants avec qui il avait échangé sur les maux qui assaillaient les secteurs sociaux de base. Il faut dire que pendant ses premières semaines de prise de fonctions, le président Bazoum Mohamed disposait d’une grande cote de popularité pour la simplicité et la sobriété manifestées dans l’exercice du pouvoir. Une image avait, d’ailleurs, particulièrement les Nigériens, c’était celle le montrant seul, dans une gare parisienne, sur un quai pour monter dans un métro en partance pour Bruxelles. C’était un Bazoum simple, humble et sobre, qui avait substantiellement allégé les délégations officielles qui l’accompagnaient dans ses premiers déplacements, aussi ses cortèges dans la capitale. On raconte même qu’il aurait fait retarder exprès de regagner son Palais, de retour de voyage, à une heure proche de la rupture du jeûne de ramadan, de peur de perturber la paisible circulation des croyants de Niamey. Cependant, cette rupture marquée dans la pratique du pouvoir d’avec celui de son prédécesseur, Issoufou Mahamadou, n’aura pas été, certainement, du goût de tout le monde dans les milieux roses. Et très vite, une sorte de recadrage semblait avoir été décrétée pour signifier au président Bazoum qu’il n’existe pas ‘’un Président normal’’, l’expression étant de l’ancien président français, le Socialiste François Hollande. Progressivement, l’étau commençait à se resserrer sur le président Mohamed Bazoum qui n’avait d’autre choix que d’obtempérer à cette inflexion provenant, probablement, de l’entourage de l’ex-président, via le Présidium du PNDS-Tarayya aux mains de ses anciens lieutenants. Et depuis, le président Bazoum rentra dans les rangs pour ne plus en sortir, laissant ainsi les citoyens nigériens sur un sentiment inachevé de ce qu’ils avaient cru espérer, au début de son règne, dans sa façon de gouverner. La dynamique de rompre avec l’ancien régime sur bon nombre de pratiques, du départ, se sera alors brisée sur l’autel du renoncement volontaire, voire de la démission du président Bazoum Mohamed de donner sens et vie à son mandat. Les mois, les semaines et les jours passèrent sans que les choses se redressent et s’améliorent pour ce Niger d’après le règne calamiteux d’Issoufou Mahamadou. Pire, la dégradation de la situation n’a fait que d’ailleurs s’accélérer, sans aucune perspective d’améliorations possibles. Alors, les forces sociales, face à l’impéritie du pouvoir en place, n’auront eu d’autre choix que de rompre, en toute légitimité, cette trêve sociale qui n’aura que trop duré. Aujourd’hui, face à la montée vertigineuse du coût de la vie et à la gabegie dans la gestion des finances publiques. Progressivement, la température sociale monte en degrés d’intensité qui conduit les partenaires sociaux à monter au créneau pour menacer de débrayer, dans les prochains jours, si leurs légitimes revendications ne sont pas satisfaites. Apeuré, le régime en place tente de circonscrire l’incendie social en convoquant les représentants des partenaires sociaux à une réunion au sein d’un Comité Interministériel créé spécialement à ce sujet afin de constituer un cadre de négociations entre Gouvernement et partenaires sociaux. Tout cela a été fait dans la précipitation et l’on en verra, justement, après, les conséquences, car le front social en question va se déchirer sous les ricanements des membres du Gouvernement. C’est le triste spectacle auquel l’on assiste, entre l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN) et la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN), sur fond de divisions puériles qui n’honorent guère le monde syndical nigérien qui gagnerait davantage dans la cohésion revendicative et la discipline syndicale.