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Lutte contre la corruption et l’impunité : Le SAMAN a prêché dans un désert !

Publié le samedi 28 janvier 2023  |  nigerdiaspora.net
Justice
© Autre presse par DR
Justice : le SAMAN revient à la charge et accuse le ministre Marou de banaliser le pouvoir judiciaire
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Les magistrats ont indiqué au président Bazoum Mohamed les actions à mener s’il veut réellement lutter contre la corruption et l’impunité qui ont pris des proportions alarmantes ces dernières années. Ce n’est pas que Bazoum ne le sait pas, mais ils ont tenu quand même à le faire pour qu’il cesse ses remontrances à leur endroit chaque fois qu’il aborde le sujet sur la corruption et l’impunité. Ne pouvant plus continuer à supporter le doigt accusateur implicite du président de la République vis-à-vis de ses militants, le syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) a décidé de rompre le silence pour lui signifier clairement, à travers une déclaration rendue publique le 18 janvier 2022, qu’il détient les clés de la lutte contre les fléaux entre les mains. La corporation des juges est aussi minée, c’est vrai, par la corruption et cela constitue un véritable danger pour la société. De nombreux cas peuvent être cités pour attester de la véracité de la pratique dans cette corporation. Récemment encore, un confrère de la place a mis sur la place publique celui d’un juge indélicat ayant fait main basse sur l’héritage d’une veuve et ses enfants, lequel magistrat a d’ailleurs aggravé son cas en posant d’autres actes d’escroquerie similaires grâce notamment à la toge noire qu’il porte. Le Saman n’a jamais nié le fait, il le reconnaît volontiers. Mais comment faire pour y mettre fin définitivement ou -à tout le moinsréduire son ampleur dans notre société ? Les mesures que les magistrats ont préconisées à Bazoum de prendre constituent le seul remède véritablement efficace contre le mal. Elles ne sont pas difficiles à appliquer mais il faut une volonté politique d’acier pour le faire. Cette volonté politique passe par un certain nombre de préalables parmi lesquels l’adoption sans délai de la nouvelle loi sur le Conseil supérieur de la magistrature dans le sens d’extirper de sa composition les représentants des pouvoirs exécutif et législatif, l’adoption d’un plan de carrière des magistrats définissant des critères objectifs et transparents de nomination, d’affectation et de promotion des magistrats, la réforme du statut des magistrats du parquet pour qu’ils soient plus indépendants vis-à-vis de l’exécutif dans l’exercice de leur fonction.

Autres conditionnalités, s’il tient réellement à combattre la corruption et l’impunité dans le pays, le Saman a exigé du président Bazoum :

-La transmission sans délai aux juridictions compétentes des rapports de la Cour des comptes, de la Halcia, des inspections d’Etat et des finances faisant cas de diverses malversations financières et de détournement de deniers publics ;

-La levée de tous les obstacles juridiques et judiciaires liées à la poursuite contre les parlementaires et membres du gouvernement.

Ces deux exigences sont fondamentales dans le cadre de la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics parce qu’elles constituent le socle même de l’impunité dont jouissent les acteurs politiques de façon générale et ceux proches du pouvoir particulièrement. Nombre de nos concitoyens qui s’investissent dans la politique ne le font pas parce qu’ils ont des valeurs et des idéaux qu’ils veulent mettre au service du pays, ils le font parce qu’ils considèrent la politique comme étant la voie de l’enrichissement facile et rapide sans grand risque. Il suffit d’appartenir au camp du pouvoir pour bénéficier de l’impunité, quelle que soit par ailleurs la gravité des impairs de gestion qu’on aura commis à son poste de responsabilité. C’est aussi cela la principale cause du nomadisme politique auquel l’on assiste d’un régime à un autre du début du processus démocratique à ce jour dans notre pays. Sauf par contrainte, ils sont constituent de plus en plus une espèce en voie de disparition, les hommes politiques qui acceptent d’assumer le statut d’opposants dans notre pays. Comment est-il possible de construire un système démocratique viable dans ces conditions ? Cette digression sur l’inconstance déconcertante des animateurs de notre arène politique est nécessaire pour éclairer la malgouvernance des renaissants caractérisée par la corruption et l’impunité que le président Bazoum dit chercher à combattre. Mais où est l’engagement et la détermination quand Bazoum, quand lui-même peut continuer à prendre la défense des opérateurs économiques impliqués dans l’affaire des marchés d’armes surfacturés au ministère de la Défense nationale (MDN) ? Il revenu sur l’affaire dans un entretien accordé à un confrère étranger, entretien qui a circulé sur les réseaux sociaux. Voici sa réponse à la question que lui a posée le confrère : ‘’Ce qui s’est passé au ministère de la Défense, ce n’est pas exactement ce que vous avez pu en avoir comme échos. Le document qui avait circulé était un document qui n’avait pas subi les preuves de la confrontation de tous les acteurs, entre ceux qui ont fait cette espèce d’audit et les personnes qu’ils incriminaient. Mais après qu’on a fait ce travail, le montant s’est réduit. Je ne nie pas qu’il y a de la corruption au ministère de la Défense, il y en a eue. La preuve, c’est que nous avons fait payer 12 milliards par des commerçants que nous avons considérés comme procédant de la surfacturation. Mais le ministère de la Défense n’est pas le seul endroit où il y a la corruption au Niger, il y en a dans toutes nos administrations, nous avons décidé de combattre ça, mais c’est un combat très difficile, je le savais et je m’en rends encore plus compte maintenant que je suis engagé. Mais c’est un combat que nous allons continuer et nous auront des résultats’’. La suite réservée au dossier est connue de tous. Aucun des opérateurs économiques impliqués dans l’affaire n’a été inquiété sur le plan pénal et le gouvernement a même décidé de ne pas se constituer partie civile. Ce dire que Bazoum ne va jamais donner suite à la requête des magistrats relative à la transmission des rapports de la Cour des comptes et des rapports d’inspection aux juridictions compétentes afin qu’ils puissent faire l’objet d’un traitement judiciaire approprié. Ces rapports constituent, en somme, une arme de chantage entre ses mains. Les Nigériens doivent juste se contenter de ses discours sur les fléaux.

O.I
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