A la barre depuis des jours, ceux qui étaient entendus par le tribunal, ont passé pour dire leur part de vérité dans une affaire à laquelle, certaines d’entre eux disent ne rien comprendre. Ceux qui seraient les cerveaux de l’affaire, presque troublés souvent, dans leurs propos, donnaient des informations précieuses, souvent contradictoire, qui permettent de délier les fils de ce puzzle conçu par les intrigues d’hommes qui s’en servent à discréditer des militaires et des acteurs politiques dans le but de légitimer leur persécution qui ne vise qu’à les anéantir et à se débarrasser de voix discordantes. Ainsi que beaucoup d’observateurs le soupçonnaient, l’on apprend de certains accusés, qu’ils avaient été contactés par le régime d’Issoufou Mahamadou qui manigancerait alors ces faux coups d’Etat. Ils auraient été contactés pour le sale boulot notamment par la DGSE de l’époque, et le Général Tiani, Chef de corps de la garde présidentielle, pour fomenter – pardon, pour simuler – un semblant de coup d’Etat afin de faire avorter, semble-t-il, la cérémonie d’investiture du Président Bazoum, et saborder la présidence du nouveau chef d’Etat qui s’apprêtait à prendre fonction à la suite d’une élection que le même système, par machiavélisme, avait pourtant arrangé pour un homme qu’il faisait croire être son choix assumé. Tout le monde pouvait comprendre, depuis que certains voyaient la source de ce débat autour de la nationalité d’origine du candidat du parti venir de l’intérieur même du PNDS, que derrière l’entêtement d’Issoufou à imposer Bazoum, l’homme pouvait avoir d’autres calculs, d’autres espoirs pour récupérer la situation à son profit. Peut-être que le Philosophe fait semblant de ne rien comprendre. Le dernier congrès de son parti l’a pourtant alerté à comprendre que quelque chose se trame sur son dos. Il ne peut pas manquer de flair à ne pas voir des faits aussi grossiers…
Pendant les deux mandats d’Issoufou, l’armée nigérienne avait vécu permanemment sous la psychose des dénonciations du régime pour faits de tentative de coups d’Etat que le régime prétend toujours avoir déjoués pour trouver, par de telles accusations fallacieuses, le moyen d’anéantir des hommes qui gênent. Mais, les Nigériens en étaient restés sceptiques, ne pouvant croire au récit qui est servi pour justifier et expliquer les montages grossiers que des ministres venaient expliquer, racontant – vraiment – que certains des accusés auraient « plongé » pour corroborer la thèse du coup d’Etat que défendait le pouvoir nigérien esseulé par son incompétence à gouverner un Etat. Pour autant, les Nigériens qui connaissent bien leurs socialistes, restaient méfiants, doutant de ce qui se dit autour de ce qui ne peut être pour eux que de vrais faux coups d’Etat. Combien de coups d’Etat le régime avait d’ailleurs révélés à l’opinion et combien d’hommes, civils et militaires, avaient été trainés dans ces affaires pour finir en prison, souvent sans jugement, sans aucun procès ?
Sous Issoufou Mahamadou, presque chaque année avait, dans son Livre de Guinness, sa fameuse tentative avortée qui occupe souvent de larges plages de ses messages à la nation. En quittant le pouvoir, avant que le nouveau régime ne s’installe et quelques jours avant la prestation de serment du nouveau président, Mohamed Bazoum, il fit sa dernière annonce d’un autre coup d’Etat, avec, les populations de Niamey pouvant se le rappeler, des tirs nourris dans les profondeurs de la nuit, du côté de la présidence, mais sans que le matin l’on y voie quelques impacts des assauts des putschistes imaginaires ou imaginés – c’est selon. Même là, les Nigériens, malgré toute la mise en scène nocturne orchestrée, doutèrent et prirent sur des pincettes les informations données autour de ce qui serait une atteinte à la sureté de l’Etat. Du reste, certaines chancelleries étrangères basées à Niamey en savent quelque chose. Depuis quelques jours, cette affaire est en procès car ceux qui avaient été accusés, à tort ou à raison dans le dossier, ne peuvent pas rester sans jugement.
Questions…
Le tribunal, dès lors, aura-t-il à interpeller, aux fins de confrontation et de citation à comparution, ceux qui, désignés par certains accusés, pourraient être les véritables « ingénieurs » des faux coups d’Etat et qui, pour les avoir pensés et conçus, tout en restant invisibles loin de la scène, sont quand même les metteurs en scènes, eux qui ne se servent que d’hommes à tout faire, mais dont certains en vérité, avides d’argent facile, joueraient pour les comploteurs-bénéficiaires, le rôle de mercenaires.
Issoufou, aurait-il donc gouverné dans le complot permanent ?
S’il faut faire foi à ces révélations croustillantes, l’on ne peut que s’interroger sur la perception que l’ancien président se fait du pouvoir. Croit-il, conscient de son déficit de légitimité, que de telles accusations périodiques pouvaient, seules, lui permettre de gouverner sans rien craindre de la part de l’armée lorsqu’il peut s’en servir à mettre hors d’état de nuire tous les potentiels soldats de valeur qui pourraient être tentés de le renverser, le Niger étant connu pour être lui aussi un pays qui a une certaine tradition de coup d’Etat ?
Ces troublantes révélations qui discréditent l’ancien régime…
Faut-il alors croire, comme le disaient déjà certains analystes, que le choix de l’ancien président pour la présidentielle n’était pas sincère dès au départ parce qu’il pourrait avoir misé sur une probable chienlit provoquée par des contestations escomptées pour espérer récupérer la situation, car en vérité, l’homme, et tout le monde le sait, pourrait ne pas avoir envie de quitter le pouvoir mais que le pays, par ce qu’il a connu, donnait à ne pas se rassurer d’une telle aventure. On comprend donc qu’il craigne ce que d’autres, dans les mêmes entêtements, avaient connu dans le pays. Il temporisait ses ambitions démesurées par lesquelles, les Nigériens l’ont aussi compris, l’homme pourrait plus aimer que son enfant lui succède plutôt qu’un autre, oubliant que le Niger reste le Niger, ce pays où personne ne peut dicter sa loi. Trompé par sa toute-puissance dont il se prévaut, l’ancien président, est ainsi arrivé par ses excès à croire qu’il est le surhomme qui a dompté le peuple du Niger pour être capable de lui imposer tout : jusqu’au choix des hommes.
Cette volonté déraisonnée d’écraser tout le monde pour être seul à exister dans la démocratie en y imposant ses règles ont fini par discréditer l’ancien président au point de faire de lui l’homme politique le plus impopulaire de l’Histoire du pays. Comment peut-on imaginer, si ces révélations sont vraies, que des hommes, pour se maintenir au pouvoir, puissent tout au long de deux mandats, périodiquement organiser de faux coups d’Etat pour accuser des adversaires et des militaires craints qui ont refusé de se rapprocher du pouvoir et notamment du parti, pour rester dans la neutralité que leur impose leur métier ?
Des questions graves s’imposent. Faut-il croire que pendant tous ses discours, presque chaque année avec ces révélations de coups d’Etat déjoués qui impliqueraient des militaires et des hommes politiques alors arrêtés et incarcérés, Issoufou ourdit des complots contre la nation ? Ces révélations sont donc graves en ce qu’elles invitent à poser, d’emblée, les autres cas de coups d’Etat que le même avait souvent annoncés avec des pères de familles, et des officiers valeureux qui avaient été éloignés de leurs familles, brisant leur carrière et leur vie. Chacun, un jour ou l’autre, répondra de ses actes. Forcément.