Du 13 au 14 février 2023, la capitale nigérienne abrite les travaux du Forum International sur la Résilience Urbaine face aux Changements Climatiques, par le Ministère de l’Action humanitaire et de la Gestion des catastrophes et l’Agence de Modernisation des Villes du Niger (AMV) en collaboration avec l’Alliance Mondiale pour la Modélisation du Risque (GRMA). Durant deux jours, ce conclave va permettre aux experts nationaux et internationaux de mener des échanges et des réflexions pour comprendre et modéliser les risques encourus par les territoires urbains afin d'apporter les meilleures réponses à la gestion des effets des changements climatiques et construire des villes véritablement résilientes et durables.
C'est par une cérémonie officielle au Centre international des conférences Mahatma Gandhi de Niamey que s'est ouvert, lundi 13 février 2023, cette première édition du Forum International sur la Résilience Urbaine de Niamey. L'évènement, placé sous le haut patronage du premier ministre SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, a été présidée par M. Laouan Magagi, ministre de l'Action humanitaire et de la gestion des catastrophes, en présence du Directeur général de l'Agence de Modernisation des Villes du Niger (AMVN) M. Mouctar Mamoudou, du Secrétaire exécutif de Global Risk Modeling Alliance (GRMA), M. Nick Moody, du Ministre de l’Urbanisme et du Logement M. Maizoumbou Laoual Amadou ainsi que du Gouverneur de la Région de Niamey M. Oudou Ambouka. On notait aussi la présence pour l'occasion des Représentants des Agences du Système des Nations Unies et des Partenaires Techniques et Financiers, des experts et chercheurs, des cadres centraux, régionaux et des villes des administrations et institutions publiques, des autorités municipales et coutumières ainsi que des représentants du secteur privé, des organisations de la société civile et de plusieurs invités.
C'est le Gouverneur de la Région de Niamey qui a prononcé l'allocution de bienvenue à l'ensemble des participants à ce Forum que la capitale a l'honneur d'accueillir a déclaré M. Oudou Ambouka qui s'est également réjoui de la thématique centrale de la rencontre qui est en lien direct avec les préoccupations majeures actuelles des autorités administratives ainsi que des élus locaux.
Des réflexions et une synergie d'actions pour renforcer la résilience urbaine face aux changements climatiques
Dans le discours qu'il a prononcé à cette occasion, le Directeur général de l'AMV a présenté les objectifs visés à travers ce cadre d'échanges et de partage d'expérience sur une réalité incontestable, le changement climatique et ses effets sur le développement urbain. "Plusieurs initiatives, des politiques et des actions sont menées à l'échelle mondiale en vue de l'atténuation, la réduction et même le renversement de tendance de ses effets néfastes sur les populations et notre environnement de vie", a indiqué M. Moctar Mamoudou qui a souligné par la même occasion que le Niger, par la volonté de ses autorités, gouvernement et élus locaux, n'est pas en marge de ces réflexions et des actions sur la résilience face aux changements climatiques. "Le Président de la République, Chef de l'Etat SEM. s'est pleinement investi à faire de l'environnement, des changements climatiques, une préoccupation centrale en confiant la gestion à plusieurs départements ministériels vue la transversalité du domaine avec singulièrement un ministère spécifique en charge des risques et la gestion des catastrophes", a-t-il souligné tout en saluant au passage, l’engagement du Ministre ainsi que sa remarquable maitrise du sujet.
Selon le DG de l'AMV Niger, au cours de ce Forum, il s’agira non seulement de comprendre les phénomènes qui sont à l'origine de ces bouleversements mais aussi et surtout de mesurer les risques encourus afin d'apporter les meilleures réponses à la question des changements climatiques. "Cette rencontre qui s'ouvre vise à réunir une multitude d'intervenants sur tous les sujets majeurs ayant trait au changement climatique. Elle permettra de définir la meilleure synergie entre les acteurs tout en améliorant leur potentiel technique à travers le renforcement de capacité des agents des ministères sectoriels, des collectivités et de tous les acteurs intervenant sur les questions de l'environnement". Ainsi, a expliqué M. Moctar Mamoudou, le travail se fera en deux étapes. Dans un premier temps, il y a le Forum qui vise la rencontre des acteurs, c'est-à-dire de créer le cadre d'échanges, la mutualisation des informations, des connaissances, des savoirs à l'échelle locale, nationale, croisée les expériences d'ici et d'ailleurs. "La question de changement climatique a une dimension internationale à tout point de vue, ce qui explique la démarche de l'Agence de Modernisation des Villes du Niger à créer une rencontre des experts locaux dans le domaine avec ceux d'autres pays en Afrique et en Europe. Cela permet la construction d'un capital d'expériences au profit de nos territoires. Je salue la présence des présidents de conseil de villes, maires de communes car ce sont eux qui vivent en premier les conséquences de ces changements climatiques", a souligné le DG de l'AMV-Niger qui a également annoncé que le forum sera suivi dans les prochaines semaines, d'ateliers de formation sur la modélisation des risques, portés par les techniciens des villes, des ministères et même des privés intervenant dans le domaine.
"Ce forum sera suivi dans les prochaines semaines d’ateliers de formation sur la modélisation des risques portés par les techniciens des villes, des ministères et même des privés intervenant dans le domaine. L’AMV–Niger a d’ores et déjà intégré la question de la résilience urbaine dans la mise en œuvre de ses projets pour la modernisation des villes avec entre autres, le projet « Villes Vertes » de plantation d’arbres dans toutes les villes du Niger ; le projet d’agriculture urbaine « Noma Rani » et le projet « Niamey au fil de l’eau » qui visent à placer le fleuve Niger dans le tissu urbain de la ville de Niamey. Nous avons pour ambition de généraliser ces initiatives et d’autres à l’issue de ce forum en vue de la construction adaptée d’un tissu urbain et d’une société forte, résiliente face aux aléas des changements et des évolutions de notre cadre de vie. Nos intelligences, nos savoirs, nos expériences conjuguées nous permettront de relever ces défis liés aux changements climatiques, de transformer les faiblesses en forces". M.Moctar Mamoudou, DG de l'AMV-Niger
Des efforts malgré des défis persistants et des enjeux stratégiques pour le Niger
En procédant à l'ouverture officielle du Forum, le ministre de l'Action humanitaire et de la Gestion des catastrophes a, au nom du Premier ministre SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, rappelé le contexte dans lequel se tient cette rencontre de Niamey ainsi que pour les pays de la région en particulier le Niger, pays sahélien par excellence. "Comme vous le savez, le changement et la variabilité climatique, causes principales des catastrophes, continuent à exposer le Sahel à une pluviométrie aléatoire et insuffisante, mais en même temps et paradoxalement à des inondations devenues de plus en plus récurrentes", a indiqué M. Laouan Magagi qui a fait remarquer qu'au Sahel, les températures augmentent une fois et demie plus vite que dans le reste du monde, aggravant ainsi les problèmes de sécurité alimentaire, la raréfaction de l'eau mais aussi les conflits et les crises humanitaires. En 2022 par exemple, a-t-il souligné, 4,4 millions de sahéliens et de sahéliennes les plus exposés aux effets dévastateurs de la sécheresse, des inondations et de la diminution des ressources, ont été déplacées de force. Ainsi à l'image des autres pays, "le Niger connait des séries d'inondations malgré sa position au cœur du sahel où les précipitations attendues sont généralement faibles", a aussi souligné le ministre Magagi qui a par ailleurs déploré le fait que malheureusement, ces catastrophes naturelles augmentent régulièrement en intensité et en fréquence avec des effets dévastateurs sur le plan humain et sur celui du développement. Des aléas qui ont également pour causes la démographie galopante, l'urbanisation non planifiée et la dégradation de l'environnement selon le ministre. "L'impact combiné de ces catastrophes continue à endeuiller et à fragiliser les économies domestiques des ménages, accélérant ainsi les pertes des moyens de subsistance, diminuant les capacités de réponses et favorisant le basculement des groupes vulnérables dans une précarité structurelle", a poursuivi le ministre Laouan Magagi avant d'ajouter qu'à ces aléas vient s'ajouter le phénomène de l'urbanisation rapide, car, selon le rapport de la banque mondiale, sept personnes sur dix dans le monde vivront en milieu urbain d'ici 2050.
Dans son allocution, le ministre de l'Action humanitaire et de la Gestion des catastrophes a indiqué que les autorités nigériennes se sont résolument engagées dans la recherche de solutions aux crises et catastrophes récurrentes vécues par notre pays. C'est dans ce cadre et pour faire face à ces défis, a-t-il souligné, le gouvernement, en étroite collaboration avec les collectivités territoriales, les Partenaires techniques et financiers, la société civile et les autres acteurs nationaux et internationaux, travaillent conjointement à mettre en place des mécanismes appropriés. Il s'agit des actions tendant à renforcer la gouvernance des risques de catastrophes, à savoir les investissements dans la prévention, l'alerte et le renforcement de l'état de préparation aux catastrophes en vue de développer des solutions durables qui sont au cœur des préoccupations des plus hautes autorités. Le ministre a en ce sens rappelé que le Gouvernement a renforcé le cadre juridique dans ce domaine en adoptant la Loi 2022-61 du 19 décembre 2022 déterminant les principes fondamentaux en matière de gestion des risques de catastrophes. Aussi, les planifications stratégiques et programmes de développement réservent une place de choix à la résilience des communautés et à la gestion aux catastrophes et crises climatiques.
Abordant, le présent Forum International sur la Résilience Urbaine face aux changements climatiques, le ministre a indiqué qu'il tire sa substance du Programme de Renaissance III de SEM Bazoum Mohamed, Président de la République, Chef de l'Etat, en son chapitre 5 consacré au « renforcement de la résilience des populations face aux crises et aux chocs », du Plan de Développement Economique et Social (PDES 2022-2026) en son axe 3, consacré au « Renforcement de la résilience à l'insécurité alimentaire des plus vulnérables face aux chocs et crises » et de l'Initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens», dans son axe 3 qui est relatif à l' « Amélioration de la résilience des groupes vulnérables face aux changements climatiques, aux crises et aux catastrophes ». Il traduit également le Programme opérationnel 3 de « Prévention et transfert des risques » du Document de Planification Pluriannuel de Dépenses (DPPD 2023- 2025) du Ministère de l'Action humanitaire et de la gestion des catastrophes dont il a la charge. "Une urbanisation accélérée s'accompagne de nombreux défis. Il faut notamment répondre à l'accroissement de la demande de logements abordables, de réseaux de transport et autres infrastructures vitales, de services de base et d'emplois, en particulier pour les plus vulnérables", a estimé le ministre Laouan Magagi qui a souligné qu'au cours de ce cadre d'échanges, il sera question de discuter de la formation de nos experts dans les dernières techniques de modélisation climatique pour identifier et déployer les projets d'adaptation nécessaires à faire face à ces risques. Il a en ce sens mis l'accent sur le programme qui vise en particulier à diminuer les risques d'inondation en aménageant des bassins de rétention dans les points bas des villes et développer l'agriculture urbaine dans les environs soulignant que la modélisation des risques d'inondation pourrait ainsi permettre d'identifier les zones où construire ces bassins de rétention et mieux définir les foncions du sol pour son utilisation rationnelle.
Selon le ministre, le Niger a déjà franchi quelques pas pour ce qui est du processus de la Résilience Urbaine face aux changements climatiques. Il a cité, entre autre, le programme de « villes vertes » lancé par l'AMV en partenariat avec les municipalités des principales villes du pays et qui pourrait fournir des cas d'étude pertinents pour le projet; la souscription par le Niger d'une police d'assurance annuelle d'environ 1,5 milliards de FCFA à la mutuelle panafricaine African Risk Capacity (ARC) créée en 2021 par l'UA, en vue d'assister les populations affectées par les effets de la sécheresse et, enfin, l'installation en cours du processus de création de la micro assurance agricole en vue de partager les risques. "Chers partenaires, je sais compter sur vous pour qu'ensemble nous réussissions ce Forum International sur la Résilience Urbaine face aux changements climatiques, car comme je le disais plus haut, les opportunités existent et les conditions semblent réunies", a déclaré le ministre qui n'a pas manqué de souligner qu'une feuille de route devrait sortir de ce forum pour recentrer l'agenda urbain, déterminer le qui fait quoi et où tout en proposant des instruments concrets afin de renforcer la résilience dans nos villes notamment à travers les finances urbaines, la fourniture de logements sûrs et l'action climatique. "Ce forum vise à servir de plateforme de partage d'expérience et leçons apprises et permettra d'explorer les innovations basées sur les tendances pour lutter contre la fragilité et renforcer la résilience durable au niveau de nos villes", a enfin conclu le ministre Laouan Magagi.
Point sur la sinistralité, politiques de gestion et modélisation des risques
Durant les deux journées de travaux du Forum, les réflexions seront focalisées sur quatre thèmes permettront de recentrer toutes les préoccupations enregistrées sur les changements climatiques. Pour ce faire, le premier thème concernera la sinistralité historique au Niger et ses impacts avec comme principal objectif d'inventorier les principaux risques auxquels le pays est confronté ces dernières années ainsi que leur impact infrastructures, les populations et l'économie. Le deuxième thème abordera quant à lui la question des politiques de gestion des risques naturels au Niger. Il s'agira, en substances, d'identifier les projets et politiques de gestion de risques mis en œuvre en vue de faire face aux risques de catastrophes, leur efficacité et les mesures à entreprendre en vue de leur efficacité. Le troisième thème, de son coté, traitera de la gestion financière des risques naturels au Niger avec en ligne de mire, la détermination des méthodes déployées pour le financement des risques de catastrophe dans le pays. Enfin, le quatrième thème portera sur la modélisation des risques naturels au Niger et permettra d'identifier les projets de recherche existants en matière de risques climatiques et de gestion de catastrophe.
Il convient de noter qu'en prélude aux travaux du Forum sur la Résilience urbaine, l’équipe technique composée des experts nationaux et internationaux ont effectué une série de visites terrains sur les sites d'illustration des effets du changement climatique et des actions d'adaptation et de résilience urbaine notamment les mares, les digues, les sites de relogement ainsi que les autres sites de Niamey et de sa périphérie.