La situation que traverse le Niger est des plus préoccupantes. Depuis dix ans, elle ne fait qu’aller de mal en pis, nous traînant à l’intenable enfer que le socialisme, par son amateurisme politique, est venu lui installer dans le pays mais chantant partout un bonheur invisible pour les Nigériens las de ses discours creux. Qui sait depuis des années comment vivent les Nigériens, le chaos qui est le lot de leur quotidien ? Peut-on comprendre qu’avec le socialisme, ils n’ont plus droit à aucun rêve, à aucun espoir, déchirés par les cauchemars qui les tenaillent ? Où allons- nous ? Où sommes-nous d’ailleurs ? Terrible socialisme. Pourtant, des voix avisées avaient alerté sur l’incertitude des chemins que notre démocratie empruntait, disant que nous devrions nous perdre si nous ne faisons pas attention à nous-mêmes. Hama Amadou, inlassablement avait prêché ; mais il ne savait pas qu’il le faisait dans un immense désert. L’Histoire lui donne raison. Comme d’autres leaders, il était en avance sur son époque et sur son peuple. Le mal qu’il redoutait pour le pays et bien là, grave, et gravé sur les consciences des hommes. Mais nos analyses partisanes, légères et subjectives de nos problèmes ne nous permirent pas de comprendre ses alertes, de regarder lucidement notre condition de peuple pris en otage par un socialisme qui venaient pour un agenda qui n’est ni celui de la démocratie encore moins de la nation dont nous avons fait le choix et pour laquelle, peut-être sans en être convaincus, nous rejetions à la conférence nationale la fédération que proposaient d’autres Nigériens. Comment peuton y croire aujourd’hui quand, ceux qui, à ce grand forum national, avaient les gueules les plus puissantes pour vouloir incarner et symboliser dans la démocratie naissante l’intelligentsia du pays, aujourd’hui au pouvoir veuillent imposer dans la démocratie un clanisme ordurier, abject, inacceptable ? Enfin, beaucoup de Nigériens peuvent comprendre que le combat de Hama Amadou n’était pas un combat égoïste, personnelle, mais un combat pour le pays et pour sa dignité, pour la démocratie et la vraie, pour la justice et la juste possible pour les enfants du pays. C’est triste ce qui arrive à ce pays.
Désenchantement…
Les Nigériens, peu à peu, sortent de leurs illusions et comprennent qu’ils ont été trompés sur toute la ligne car, en vérité, ce PNDS-là, fait de vanité, n’avait aucune conviction politique pour gérer un Etat si ce n’est de prendre en otage l’Etat, de le domestiquer, et de s’ériger en puissante monarchie pour gérer ce pays qu’ils croient avoir gagné en conquérant. Aujourd’hui, déçus d’une telle politique rétrograde, les Nigériens, y compris de leurs rangs, commencent à comprendre et à se détacher de cette aventure périlleuse dans laquelle des hommes et des femmes, avides de conforts et de fortune, poussent dangereusement le pays qui doit aujourd’hui faire trop attention à sa désagrégation programmée par l’insouciance d’hommes que le hasard de l’histoire leur aura imposés comme dirigeants. Et on entend partout aujourd’hui, essayant sans succès notables depuis deux ans bientôt, que Bazoum ne réussit pas à pacifier le pays, la menace gagnant du terrain dans, pas moins de quatre régions, touchées par le phénomène. Le Niger est notre plus grand bien et tout le monde comprend aujourd’hui que nous avons intérêt à le préserver pour notre survie entant que peuple, et pour la survie même de l’Etat menacé dans son intégrité par une horde de criminels sans foi ni loi, que l’on croit manipulés pour servir un intérêt des forces impériales venues nous assaillir. Le problème, dans le pays, et surtout quand on a l’impression que le nouveau président ne peut se détacher de l’ancien qui est là à le phagocyter, et à s’accrocher à lui comme sangsue, ne pouvant jamais être libre à gouverner par lui-même. Lorsque ces socialistes ne viennent que pour leur promotion et celle de leurs familles, de leurs épouses adorées et de leurs enfants gâtés, positionnés dans le système pour la perpétuation de «l’espèce», tous les Nigériens sont arrivés à comprendre que c’en est fini pour notre démocratie. Et ceux qui, depuis des années de militantisme, se battaient dans le PNDS, ont fini par comprendre qu’ils n’ont aucune chance d’émerger par la vision aristocratique de ses fondateurs. Quand il n’y a plus rien à espérer, les Nigériens ont compris qu’il ne leur reste plus qu’à prendre leurs responsabilités, toutes leurs responsabilités face à l’Histoire. Alors que tout le pays pleure de misère et de deuil, les nantis gavés de bonne vie et de rêves surréalistes, continuent à voir le Niger comme cet eldorado tropical à l’élégance de Dubaï, peignant, pour leurs vanités, un Niger de rêve qui n’existe pourtant que dans leur imagination fertile. Quand on parle de trop de milliards invisibles dans le pays et que toujours les Nigériens sont clochardisés, avec ces images de jeunes qu’on trouve dans le froid et l’harmattan, dormant sur l’asphalte, au bord des carrefours et des routes de la capitale, oubliés d’une ville qui ne sait plus qu’ils existent même lorsque le pays est dirigé par un socialisme fait de milliards, l’on ne peut que se demander ce qui arrive à ce pays devenu méconnaissable.
Aujourd’hui, les Nigériens semblent avoir surmonté leurs contradictions pour décider de se mettre ensemble et défendre ce qui reste de leur pays et de sa démocratie. En fin de semaine dernière, c’est avec ferveur que les Nigériens accueillaient la création de ce large front constitué pour l’instant de centrales syndicales et de syndicats autonomes pour se mettre en ordre de bataille et faire face à une situation potentiellement préoccupante que vit le pays.
Une coalition de lutte nouvelle : une force de trop ?
Que n’avait-on pas entendu ces derniers temps au Niger comme créations de structures pour faire face à des situations complexes auxquelles fait face le pays ? Toutes avaient été comme des feux de paille et vite elles se sont éteintes au point de n’entendre plus certaines de leurs voix aujourd’hui terrées dans le silence ou de leurs complicités ou de leurs déceptions. Récemment, c’était le M62 qui donnait des espoirs démesurés aux Nigériens. Alors que les Nigériens se mobilisaient avec lui, le mouvement se planta : comme pour démobiliser le peuple, on réussit à diviser ses leaders, sans qu’on ne comprenne rien à leurs contradictions insurmontables, et depuis, les Nigériens doutèrent de cette nouvelle force dont une des branches tenta sa résurrection pour tenir ardente la flamme que le mouvement rallumait et ce jusqu’au jour où, dans le même veine, le pouvoir réussit à coller à son coordonnateur une accusation farfelue par laquelle, comme dans d’autres cas, il réussit à l’isoler en le mettant en prison jusqu’à ce que l’on ne parle plus que peu du pauvre. Ah, les Nigériens !
Que deviendra donc «l’Alliance des Travailleurs du Niger», née il y a quelques jours, pour se vouloir comme une autre force, peut-être la bonne, et la moins perméable que des politiciens ne réussiront pas à traverser avec des valises d’argent et avec certains arguments «frelatés » pour réussir à la disloquer, elle aussi. L’objectif est pourtant noble pour que chaque Nigérien ne se retrouve pas dans ce qui mobilise ces centrales et les syndicats qui les constituent. Et il y a d’autant de quoi croire à la nécessité de ce regroupement quand on sait que le Niger n’a jamais connu une situation comme celle dans laquelle il est empêtré aujourd’hui et qui, pour moins que celle-là, avait souvent justifié les coups d’Etat que l’on connus dans le pays. Qu’y avait-il de plus grave et pour lequel Issoufou Mahamadou appelait l’armée à ne pas obéir à un ordre manifestement illégal sous le Tazartché ? N’est-ce pas Nouhou Arzika ? Zaki a pourtant fait pire quand il peut laisser ses hommes piller et voler sans jamais leur demander des comptes et qu’il peut imposer des élections à sa seule convenance.
Une Niger plus que jamais divisé…
Et le régime mis sur ces divisions et sans doute qu’il a déjà réfléchi à sa stratégie pour mettre à mal la nouvelle coalition de lutte créée par les syndicats. Il y a quelques jours signant un accord sorti de nulle part et endossé par une centrale qui ne lui posait pas du tout de problème, sentant venir des heures difficiles pour lui, le régime, ayant compris que des forces se mettaient ensemble pour faire front commun, se sert sa centrale-amie marionnette pour casser le mouvement, et comme on le dit, couper l’herbe sous les pieds de la nouvelle alliance. On apprend que les émissaires de cette centrale, sont déjà en mission de campagne pour certainement convaincre les travailleurs à ne pas suivre et à comprendre le bien-fondé de son amitié avec le pouvoir. Mais les Nigériens ne sont pas lâches. Ils ont enfin ouvert les yeux, nous fait-on croire. Mais les leaders de l’ATN, l’Alliance des Travailleurs du Niger, disent savoir toutes les stratagèmes auxquelles ils pourraient faire face et s’y seraient préparés à bon compte. Et ils ont d’autant compris la noblesse de ce nouvel engagement qu’il s’agit pour eux de consentir le sacrifice nécessaire pour sauver le pays de son écroulement. Ils appelaient d’ailleurs à cette fin que d’autres forces viennent les rejoindre dans ce combat. L’USN, entendra-t-elle cet appel, ou bien est-elle, elle aussi, dans la combine ? Et les partis politiques ?
Ce pays va mal et il faut que ses enfants, enfin, décident de lui autoriser le sourire pour voir se dissiper tant de nuages ténébreux qui viennent obscurcir la vie dans le pays. Le Niger a besoin d’une nouvelle renaissance, pas celle, trop démagogique que venaient leur proposer les socialistes. Il faut croire qu’il est encore possible de rêver dans ce pays, et mieux pour les Nigériens.