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Bazoum/Issoufou : Est-ce le début du clash ?

Publié le jeudi 23 fevrier 2023  |  nigerdiaspora.net
Hamazari,
© Autre presse par dr
Hamazari, campagne de débauchage… Issoufou arrête net les deux mouvements
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Un grand poète arabe de la période préislamique, Imru Al-Qays, écrivait dans ses vers sublimes que le « Vrai chef n’a ni femme, ni enfants, il n’y a que son trône qui compte » ! Aujourd’hui encore, une telle assertion reste largement justifiée et fondée, car l’essence même du pouvoir est la singularité de l’objet sur lequel porte celui-ci, à savoir le commandement sur les hommes. Or, pour prétendre à cette haute fonction, l’autorité du chef doit être reconnue par tous, en tous lieux de sa sphère de compétence et à tous instants. Qu’il s’agisse des sociétés monarchiques du passé ou des Etats démocratiques contemporains, l’exercice du pouvoir suprême emprunte forcément les sentiers tourmentés de l’orgueil et de l’ambition personnels des souverains ou des dirigeants qui président aux destinées de leurs peuples.

Toute cette digression liminaire pour aborder, du moins, ré-aborder, la question des relations entre le Président de la république, Mohamed Bazoum, et son ancien mentor politique et prédécesseur, Issoufou Mahamadou. En effet, tout et son contraire auront été dits sur de telles relations, au cours des vingt (20) derniers mois de gestion du pouvoir par l’enfant de Tesker. Invariablement, les gens s’accordaient sur un fait constant que la réalité du pouvoir serait plus ailleurs qu’au Palais de la Présidence, plus précisément, au quartier château I de Plateau, plus exactement dans l’immeuble dénommé ‘’MIM’’ abritant la fameuse Fondation Issoufou Mahamadou (FIM). D’après des témoignages sérieux, on voit plus de mouvements au niveau de la FIM qu’au Palais de la Présidence, car même des ministres en exercice s’y rendent pour réitérer leur allégeance au propriétaire de la Fondation qui jouerait, à cet égard, en quelque sorte, le rôle de ‘’parrain’’ qui ne déplairait sans doute pas à un certain génial Robert De Niro, dans une tonalité sahélienne ! Même le plus sceptique des Nigériens était d’avis, à un moment donné, que Mohamed Bazoum ne gouvernait pas le Niger, mais assurait seulement une sorte de régence qui ne disait pas son nom. Du reste, les conditions dans lesquelles la candidature de Mohamed Bazoum avait éclos, notamment la précocité de la tenue du congrès d’investiture du candidat du PNDS/Tarayya, à deux (2) ans de l’élection présidentielle, afin de mettre fin aux velléités pouvoiristes d’un certain Hassoumi Massaoudou, ainsi que les différentes péripéties ayant émaillé l’évolution ultérieure de cette candidature, montrent assez éloquemment toute la dette énorme de Mohamed Bazoum vis-à-vis d’Issoufou Mahamadou dans le destin présidentiel du premier. Pour cela, Bazoum devrait rester, éternellement, redevable et reconnaissant vis-à-vis de celui qui s’était battu auparavant pour éliminer, un à un, tous les obstacles qui se dressaient sur cette candidature fragile, pour l’imposer, d’abord à son parti, ensuite pour créer les conditions de son sacre suprême en inféodant toutes les institutions nationales parties prenantes du processus électoral. Cela allait du fichier électoral, en passant par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et ses représentations régionales, pour aboutir à la Cour Constitutionnelle pour rejeter toutes les requêtes déposées par les autres candidats contre la régularité du candidat du PNDS/Tarayya. Au regard de tout cela, les observateurs s’accordaient à prévoir, au Niger, un bicéphalisme dans la source du pouvoir suprême, avec l’existence d’un pouvoir formel qui s’incarnerait en la personne de Bazoum, un pouvoir qui se réduirait aux manifestations purement protocolaires, comme celles de présider les Conseils des Ministres hebdomadaires, d’inaugurer des chrysanthèmes, de prendre le ‘’Mont Gréboum’’ ; et de l’autre côté, l’on pourrait noter la présence d’un pouvoir réel toujours aux mains de l’exprésident de la république et de l’appareil du parti. De la prestation de serment de Mohamed Bazoum, le 02 avril 2021, à aujourd’hui, les Nigériens auront eu ce sentiment confus dans la gouvernance du pays, c’est-à-dire cette impression de deux commandants de bord dans un cockpit.

Cependant, ces derniers temps, cette impression du départ serait sur le point de changer de forme et de contenu, laissant apercevoir un début de rupture dans ces rapports que l’on croyait, pourtant, forgés dans l’airain. En effet, l’assainissement et la moralisation de la vie publique entrevus par le régime actuel et entamé sous des chapeaux de roues pourraient constituer la matrice de gestation de cette rupture tant attendue entre les deux personnages centraux de la tragi-comédie qui se joue sur les rives du Niger. Il ne faudrait pas se méprendre sur le fait que vouloir, à tout prix, assainir les finances publiques, n’est ni plus, ni moins, que vouloir revisiter la gestion antérieure, celle de la Renaissance Acte I et II d’Issoufou Mahamadou, dans la mesure où la plupart des dossiers traités par la HALCIA et les autres institutions nationales de contrôle budgétaire et financier (Cour des Comptes, Inspection Générale d’Etat, Inspection des Finances) remontent à la période du règne de l’enfant de Dandadji. Aujourd’hui, face au déclenchement de cette opération ‘’Maï boulala’’, c’est un vent de panique générale qui semble souffler sur le PNDS/ Tarayya, la machine judiciaire étant désormais lancée comme une fusée Ariane ou une fusée américaine de Cap Canaveral. Alors, le vieux et le nouveau mondes de la ‘’Renaissance’’ sont sur le gril et en appellent, certainement, à l’intervention de leur ancien parrain, à savoir Issoufou Mahamadou, qui serait le seul, selon eux, à pouvoir arrêter la déferlante judicaire actuelle. Mais, de quelle manière, pourrait-on se demander ? Eh bien, en montrant les muscles au Président Bazoum, comme cet appel lancé par le Professeur Issoufou Katambé pour demander aux habitants de Tahoua de sortir, massivement, pour accueillir le Ministre du pétrole, Sani Mahamane Issoufou, alias Abba, ou encore de celui du Président du Conseil de ville de Tahoua, qui demandait aux habitants de sa commune de réserver un accueil des grands jours au Premier Ministre, Ouhoumoudou Mahamadou. Pourquoi une telle démonstration de force et à qui serait-elle destinée, si ce n’était, suivez mon regard… ?

En réalité, d’après certaines sources bien informées, ça ne tournerait pas rond, ces derniers temps, entre le Président Bazoum et l’exprésident de la république, Issoufou Mahamadou. La cause de la mésentente entre le prédécesseur et son successeur serait liée aux velléités du Président Bazoum de nettoyer les écuries d’Augias, sans doutes salies sous la gestion d’Issoufou Mahamadou. Pour le moment, la crise couve, chacun affûtant sans doute ses armes en attendant la déclaration officielle de la guerre. En plus de cette volonté affichée par le Président Bazoum de solder les comptes du passé, un autre événement serait aussi venu en rajouter à la gravité de la situation des relations entre les deux hommes, en l’occurrence, la parodie de procès des auteurs présumés de la tentative de coup d’Etat du 30 et 31 mars 2021, qui vient de se dérouler devant le Tribunal militaire de Niamey et mis en délibéré. En effet, au cours de ce procès, de terribles révélations ont été faites par certains présumés prévenus, des révélations abracadabrantes mettant en cause certaines personnes de l’entourage de l’exprésident de la république. Aujourd’hui, l’addition semble, peut-être, trop salée pour le Président Bazoum qui n’affiche pas, ces derniers jours, une mine sereine, mais bien contrastée, perceptible d’ailleurs, du point de vue physique. Mais, la question lancinante que tous les observateurs attentifs se posent, aujourd’hui, est celle de savoir qui des deux ‘’D’Artagnan’’ du Sahel nigérien dégainera le premier ! Une question apparemment triviale, mais qui pourrait, néanmoins, déterminer, probablement, l’issue finale de la tragédie nigérienne actuelle, comme on en voit souvent dans les ‘’Western- spaghetti’’ des années soixantesoixante- dix, ou encore dans les règlements de comptes entre bandes rivales des réseaux mafieux, la rapidité de la gâchette étant le prix de la course pour la survie ! Suspense haletant, alors, jusqu’au bout !

Vivement donc la saison II de ce mélodrame aux saveurs homériques, oedipiennes, dirait Sigmund Freud, car, à la fin, il ne restera qu’un seul vainqueur, un seul survivant tout court, et gare donc au perdant !

Adamou Maiga
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