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Insécurité dans la région de Tillabéri: principales victimes, un rapport du Wanep-Niger et de l’ISS donne la parole aux femmes pour contribuer à la résolution des conflits

Publié le mercredi 1 mars 2023  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
Trois gendarmes et un militaire tués dans deux attaques islamistes au Niger
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L'hôtel Noom de Niamey a abrité, jeudi 23 février 2023, un atelier de dissémination du rapport intitulé "Niger : regards de femmes sur l’insécurité dans la région de Tillabéri". La rencontre a été l'occasion de partager avec les acteurs décisionnels et autres parties prenantes, les conclusions majeures du rapport et les leçons tirées de l'expérience de la recherche participative en tant qu'approche de la mise en œuvre de l'Agenda "Femmes, paix et sécurité" (Résolution 1325) par le biais du projet "Boogu Gayya" ou "Contribution locale des femmes à l'analyse des conflits", mis en œuvre par le Réseau Ouest Africain pour l’Édification de la Paix (WANEP Niger) en collaboration avec l'Institut d’Etudes de Sécurité (ISS), sous le financement du ministère des affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas. Durant une journée, les participants ont eu à prendre connaissance de l'impact sur les communautés de la crise sécuritaire qui affecte la région de Tillabéri, et particulièrement les femmes qui ont peu d’occasions de s’exprimer. Le rapport qui s'appuie sur le témoignage de 52 femmes décrit les impacts de l’insécurité telle qu’elle est vécue et met en évidence les problèmes liés au départ des filles de l’école aux mariages précoces ou forcés, à la violence domestique et au veuvage. Les recommandations formulées rendent compte des préoccupations et des priorités des femmes consultées.

C'est par une cérémonie solennelle que s'est ouvert l'atelier qui a été rehaussé par la présence de plusieurs personnalités de marque parmi lesquelles Mme Yagana Boukar, Secrétaire générale adjointe de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), SEM. Paul Tholen, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas auprès de la République Niger, le Gouverneur de la Région de Tillabéri M. Yaya Arouna ainsi que M. Clément Kokou Gbedey, Coordonnateur national du Wanep-Niger et M. Fahiraman Rodrigue Koné, Chercheur principal au Programme Sahel Institute for Security Studies.

Une initiative qui donne la parole aux femmes, principales victimes et parfois actrices des conflits

Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie d'ouverture dont celle de bienvenue du Coordinateur national du WANEP-Niger qui a rappelé les principaux objectifs de l'atelier, celui de partager avec les acteurs décisionnels et autres parties prenantes, les conclusions majeures du rapport, ainsi que les leçons apprises de l'expérience de recherche participative en tant qu'approche de mise en œuvre de l'agenda Femmes, Paix et Sécurité. "Cette rencontre permettra aussi de recueillir l'avis de l'ensemble des parties prenantes sur leur participation, les bonnes pratiques du projet, les aspects à améliorer mais aussi d'apprécier la collaboration nouée avec les institutions étatiques et non-étatiques durant tout le processus", a indiqué M. Clément Kokou Gbedey.

Pour sa part, M. Fahiraman Rodrigue Koné, Chercheur principal et Représentant la Directrice régionale de l’Institut d’étude de sécurité pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du lac Tchad, Dr Lori-Anne Théroux-Bénoni, il a rappelé le processus d'élaboration du rapport qui est le fruit d’un partenariat fructueux entre l’ISS et Wanep-Niger qui ont identifié dix-huit (18) femmes de la région de Tillabéri, sur la base de leurs capacités et de leur engagement, les ont formés puis accompagnés dans l’élaboration d’une analyse de conflits centrée sur leurs perspectives au niveau local, dans le cadre d’un projet intitulé « Boogu/Gayya : Contribution locale des femmes à l’analyse des conflits dans la région de Tillabéri ». Selon ses explications, dix (10) de ces femmes qui, s’étant portées volontaires, ont mené en binômes une série d’entretiens dans les communes cibles d’Abala, Ayorou, Banibangou, Ouallam et Tillabéri, à partir des guides élaborés à cet effet. C'est ainsi qu'entre avril et mai 2022, 34 entretiens ciblant trois profils spécifiques ont été réalisés dont 11 avec des veuves du conflit, 11 avec des femmes dont l’activité économique a souffert de l’insécurité et 12 avec des femmes déplacées internes ou réfugiées. "Les données recueillies auprès des 34 femmes sondées, ainsi que les expériences partagées par les 18 participantes au projet, ont été analysées, permettant l’élaboration du rapport objet de la dissémination à laquelle vous prenez part aujourd’hui", a indiqué M. Fahiraman Rodrigue Koné avant d'ajouter que "ce rapport reflète dans les faits, l’expérience et les perceptions de cet ensemble de 52 femmes de la région de Tillabéri". Il n'a pas manqué d'adresser la gratitude de l'ISS et du WANEP Niger au gouvernement du Royaume des Pays-Bas pour leur précieux soutien financier pour la mise en œuvre de ce projet important ainsi que la reconnaissance des deux institutions aux autorités de la République du Niger qui ont autorisé et permis le déroulement de ce projet dans cette zone sensible.

Dans son intervention, SE. Paul Tholen, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas a déclaré que du fait des investissements grandissants des Pays Bas dans le Sahel ces dernières années, "la question sécuritaire s'invite inévitablement dans notre réflexion et nos pratiques en matière de coopération et de développement et sécurité". Le diplomate néerlandais d'ajouter que c'est pour cette raison que l'ensemble des interventions du gouvernement des Pays-Bas qui vont de l'État de droit au développement durable, en passant par la santé de la reproduction, la convention de l'emploi des jeunes, ou encore la stabilisation sont pensés, conçus et mis en œuvre avec un esprit de la sensibilité aux conflits. "Notre engagement au Niger nous commande de regarder la question sécuritaire avec l'intelligence requise pour répondre à sa complexité, mais aussi avec un pragmatisme et aussi l'esprit de solidarité envers la population, victime de violence que nous travaillons à servir", a poursuivi l'Ambassadeur qui a particulièrement cité parmi les cibles prioritaires de ces actions, "les filles et les femmes qui attirent particulièrement notre attention". En effet, a-t-il souligné, déjà victimes d'une variété de contraintes sociales, elles doivent en plus faire face à l'insécurité affectant leur région avec des conséquences amplifiées liées à leur genre. Depuis 2017, a-t-il relevé, on compte plus de 2500 décès à cause des violences armées au Niger. En ce sens, a détaillé SE. Paul Tholen, c'est dans la région de Tillabéri qui constitue le champ géographique de l'étude et qui depuis devenue l'épicentre de cette violence avec près de 53% des victimes, que plus de 1.150 personnes ont déjà perdu la vie. L'Ambassadeur des Pays-Bas au Niger de faire ensuite remarquer que cette insécurité qui a aussi généré quelques 100.000 déplacés dont une majorité sont des filles et des femmes ne cesse de s'aggraver et subséquemment, d'amplifier les violences basées sur le genre qu'elles subissent déjà au quotidien.

"C'est une réalité que la violence touche de manière disproportionnée les filles et les femmes. Il va donc de soi qu'il est essentiel de les impliquer dans le processus visant à prévenir les conflits et rétablir la paix. Une deuxième réalité, bien que quelque peu délicate est le constat que les femmes sont elles-mêmes souvent des forces motrices dans les conflits. Ces deux constats justifient tellement l'importance d'associer tout d'abord les femmes à l'analyse des conflits afin de pouvoir les prévenir ou les résoudre. Les résultats de la recherche du Wanep Niger et de l'ISS dont je ne doute point de la qualité scientifique mérite d'être connus, compris et pris en considération à la fois par les décideurs étatiques, que par les partenaires techniques et financiers. Donc la dissémination devient dès lors importante, tout comme la passion travaille de plaidoyer de l'écoute active aux expériences des filles et des femmes dans le contexte d'insécurité, et leur implication davantage dans le processus de paix. Soyez rassurés que nous, en tant que donateurs, nous nous évertuerons a toujours prêté une attention particulière aux besoins spécifiques des filles et des femmes". SE. Paul Tholen, Ambassadeur des Pays-Bas au Niger.

Renforcer la contribution locale à l'analyse des conflits

En procédant à l'ouverture officielle de l'atelier, la Secrétaire générale adjointe de la HACP a tenu, tout d'abord, à exprimer sa joie de participer à cette rencontre avant de se féliciter de cette initiative du Projet conjointement mené par l'ISS et du WANEP Niger avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas à qui, Mme Yagana Boukar a tenu à adresser les sincères remerciements du gouvernement, des populations bénéficiaires ainsi que de la HACP dont l'ISS et le Bureau Wanep Niger sont des partenaires de longue date. Elle a ensuite souligné que le projet dont le rapport fait l'objet de cet atelier, se veut une contribution à l'Agenda "Femmes, Paix et Sécurité" auquel le Niger a souscrit et dont l'engagement s'est concrétisé par l'élaboration d'un premier plan national 2017-2019 puis un deuxième couvrant la période 2020-2024 pour la mise en œuvre de la Résolution 1325. "Pour notre institution dont la mission principale est d'entreprendre toute action ou initiative orientée vers la consolidation de la paix et la stabilité de la paix, la pertinence de cette étude n'est pas à démontrer", a déclaré Mme Yagana Boukar qui a, enfin, tenu à "réaffirmer l'entière disponibilité et l'engagement ferme de la HACP à accompagner et soutenir de telles initiatives qui mettent en avant une approche consultative et inclusive en matière de prévention et de résolution des conflits".

Après la cérémonie officielle d'ouverture, les travaux de l'atelier sont entrés dans le vif du sujet avec une première session qui a été consacrée à la présentation du Rapport suivi de la mise à jour sur la situation des filles et femmes de la région de Tillabéri quelques mois après la publication du rapport par Ornella Moderan, co-auteure du rapport et consultante à l'ISS; suivie d'une présentation des recommandations de la recherche par Fatoumatou Maiga, chercheure ISS et aussi co-auteure du rapport. S'en est suivie un panel de discussions qui a d'abord porté sur un rappel sur le contexte sécuritaire de la région de Tillaberi ainsi qu'un aperçu général de l’impact de la situation sécuritaire et un autre panel de discussions sur un aperçu général de l’impact de la situation sécuritaire sur la vie des femmes et des filles dans la région de Tillaberi. Des panels qui ont été suivis par des discussions et échanges frutueux et enrichissants et qui ont été animés par les deux co-ateures du rapport ainsi que le Gouverneur de la région de Tillaberi M.Yaya Arouna et Mme Safiatou Kindo, Femme Leader de la région de Tillaberi. L'atelier a été enfin clôturé par une session d'évaluation et c'est sur une bonne note que les participants se sont quittés avec l'espoir que cette importante contribution locale que porte la voix des femmes aura un large écho auprès des décideurs et les recommandations issues de l'étude participeront à la résolution du conflit en cours ainsi qu'à prévenir d'autres de même nature.

A.K. Moumouni
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