Il ne fait l’ombre d’aucun doute, de nombreux camarades roses sont exaspérés par certains agissements du président Bazoum Mohamed, qui a, dès les premiers mois de sa prise de fonction, initié une série de rencontres avec les partenaires sociaux sectoriels pour leur signifier son intention de créer un climat de dialogue et de franche collaboration durant son quinquennat. Une façon de leur dire qu’il compte mettre fin à la politique de division et d’exclusion basée sur la coloration politique comme a eu à le faire son mentor et prédécesseur Issoufou Mahamadou. Les grincements de dents au sein du parti rose ont commencé à se faire sentir avec cette volonté d’ouverture de Bazoum, certains percevant cela d’un mauvais oeil, comme une volonté d’émancipation subtile vis-à-vis du parti. Les partenaires sociaux ont accueilli cet élan d’ouverture de Bazoum avec satisfaction, promettant même de l’aider à réussir sa mission. Mais c’est sans compter avec la présence de l’ancien président Issoufou Mahamadou, qui est resté à côté du palais présidentiel pour continuer à tirer les ficelles, à contrôler -pour ne pas carrément dire décider- des nominations aux hautes fonctions de l’Etat et imprimer sa marque sur certaines grandes décisions engageant la vie de la nation. Frustrés par l’attitude envahissante du mentor Issoufou et des caciques du bureau du comité exécutif national (CEN), lon se rappelle que des partisans de Bazoum ont tenté de lancer un mouvement de soutien aux actions de ce dernier, à travers une structure dénommée Hamzari qui a vite été étouffée dans l’oeuf par l’ancien président en personne, avant la tenue du 8 congrès ordinaire du parti en fin décembre 2022 à Niamey. Pour autant, les choses ne sont pas totalement rentrées dans l’ordre. Le président Bazoum continue d’être écartelé entre une volonté clairement affichée de tenir ses promesses à l’endroit du peuple et la contrainte de devoir consulter les caciques du parti par rapport à des orientations et décisions. Sur la lutte contre la corruption et l’impunité, un de ses engagements phares, il peine encore à convaincre les Nigériens sur sa véritable détermination à sévir contre les indélicats tapis dans la prairie rose sans discernement aucun. Les quelques arrestations et emprisonnements auxquelles l’on a assisté de sa prise de fonction à aujourd’hui n’ont concerné jusqu’ici que des cadres à la périphérie du parti. Les grosses pointures roses qui traînent des casseroles bruyantes, eux, sont épargnés. Est-il capable seulement de les inquiéter dans les mois à venir ? Ce n’est pas évident ! Surtout lorsqu’on apprend que les emprisonnements opérés par la justice de ces derniers temps pour détournements de deniers publics et corruptions présumés à la Bagri, à la Douane, aux Impôts et à l’ENA n’ont pas manqué de susciter des frustrations au sein du gotha du parti.
Pour eux, le président Bazoum devait juste continuer à abreuver l’opinion nationale de discours lénifiants sur sa volonté de lutter contre la corruption et les pratiques assimilées sans véritablement passer à l’acte. Comme l’a fait du reste l’ancien président Issoufou qui a d’ailleurs créé la Halcia sur laquelle il veut s’appuyer aujourd’hui pour inquiéter les camarades trempés dans des affaires scabreuses. C’est la base de rapports d’investigations de la Cellule national de traitement des informations financières (Centif) et de la Halcia transmis à justice que Bazoum a engagé son travail d’assainissement de la vie publique. Les Nigériens attendent qu’il transmette aussi les rapports d’inspection d’Etat qui sont empilés sur son bureau. Et il doit nécessairement le faire s’il tient véritablement à crédibiliser son discours politique au sein de l’opinion qui tient beaucoup à cet assainissement impératif de l’Etat. Ce travail qu’il a décidé d’entreprendre constitue, hélas, une source d’incompréhension avec de nombreux caciques du parti rose qui ne l’entendent pas de cette oreille. A cela vient s’ajouter les velléités d’émancipation du président Bazoum vis-à-vis de son mentor et de l’appareil directoire du parti relativement à certaines nominations aux hautes fonctions de l’Etat. L’on apprend que la consultation à laquelle il s’adonnait auparavant n’est plus systématiquement de mise depuis un certain temps. Et ce comportement n’est pas du tout du goût des caciques, qui considèrent qu’il est en train de dépasser les bornes. Faute de disposer de moyens de pression pour le ramener à l’ordre, la stratégie qu’ils ont décidé d’adopter est celle de son isolement. Saura-til tenir à cette forme de pression ? Le temps nous le dira. La seule certitude, c’est que le malaise est en tout cas réel, profond au sein du PNDS. Mais pour l’heure, le gros problème auquel se trouve confronté le président Bazoum, c’est cette fronde sociale des travailleurs, qui n’entendent plus continuer à se laisser mener en bateau par un régime qui ne respecte pas ses engagements. Pour preuve, las d’attendre la concrétisation d’une série d’engagements pris pour certains depuis 2012 par le gouvernement, 14 centrales syndicales et le collectifs des syndicats des commerçants et agents des transits regroupés au sein de l’Unité d’Actions Syndicales (UAS) ont décidé d’engager le bras de fer avec le régime. Après une grève de 48 heures observée en janvier dernier par l’Intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN), c’est aujourd’hui le regroupement en entier qui a pris la lutte en main. Le président Bazoum a véritablement des gros soucis à se faire.