Le Ministère de l’Equipement est connu pour être un ministère où s’octroient généralement de gros marchés. On comprend pourquoi certains aiment y trôner, cherchant par quelques copinages à rentrer dans ce royaume pour se réaliser. C’est certainement pourquoi, au tout premier réaménagement technique du gouvernement de Bazoum, l’actuel ministre de l’Intérieur y avait été « délogé » cédant sa place pour qu’un autre vienne s’y installer car, peut-on comprendre, c’est un ministère à sous qu’on ne saurait céder à n’importe qui. Celui qui arrivait savait certainement pourquoi il avait visé cette position « juteuse » dans le gouvernement dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou. Il est dommage que depuis que le pays tombait dans les mains cupides des socialistes, l’on ne cherche des postes que pour se faire de l’argent, jamais pour être l’acteur de transformations que l’institution dirigée devrait subir au grand bonheur du peuple. Arrangement ? Le marché n°2021/009/DGRR/ DMP-DSP, lancé par appel d’offres ouvert n°2020/057/DGRR/ DMP-DSP ayant pour objet : travaux de construction/réhabilitation de 197,139km de routes rurales dans la région d’Agadez, est attribué à Issa Youssouf pour un délai d’exécution de douze (12) mois. Le montant du marché TTC est de 14.077.438.557f et est financé par le budget national. Ce marché, tel qu’il a été mis à jour et octroyé à l’entreprise citée haut, autorise un certain nombre d’interrogations. Il faut rappeler que ce marché a été annulé en 2020 par Mamadou Diop, ministre des Finances de l’époque qui trouvait le montant trop exagéré. Mais, contre toute attente, le nouveau ministre de l’Equipement de l’ère Bazoum réactive le dossier. Et, au lieu du montant récusé au départ, il le réactualise pour un montant faramineux de plus de 14 milliards, soit deux foisle montant que l’ancien ministre trouve excessif, peu sérieux. Un ministre businessman ? Le ministre de l’Equipement, en venant à ce ministère savait bien ce qu’il prépare, et donc ce pourquoi il cherchait à être logé là. En effet, il est le propriétaire d’une société dénommée MIGAS qui a gagné – et comment ? – des contrats avec une des sociétés minières d’Arlit, Cominak en l’occurrence, et même, semble-t-il, avec la société nigérienne d’électricité, Nigelec avec laquelle elle aurait pris des parts de marchés importants.
On comprend que le ministère soit gagné par une certaine démotivation des cadres et ce depuis qu’ils peuvent se rendre compte que le nouveau patron occupe tout l’espace, laissant tout graviter autour de sa personne et de ses micmacs. Il aurait d’autant personnalisé le ministère qu’il a réussi à dégoûter bien de cadres, bons techniciens reconnus qui ne peuvent pas rester dans un tel milieu où leurs compétences ne sont plus reconnues, leur valeur de techniciens royalement ignorée. Depuis, il se raconte que les marchés ne seraient attribués qu’à qui le ministre le veut et cela se dit partout. L’octroi du marché surfacturé aux établissements Issa Youssouf obéit-il donc à quelle logique ? Affairisme et clientélisme, diront bien d’observateurs. Rien en effet ne peut justifier que cette société soit la moins disante et la plus compétente pour assurer un travail de qualité. Le ministre pourra-t-il donc dire sur quelle base cette société a été préférée à tant d’autres et surtout pourquoi deux fois le montant trouvé déjà exorbitant en 2020 et pour lequel un ministre décidait d’annuler le marché en 2020 ? Un autre fait gravissime Il se raconte au ministère de l’Equipement que, dans le cadre de la reprise de l’appel d’offres pour la construction de la route de Kandadji suite à la résiliation du marché de l’Entreprise Sourabate, les experts indépendants auraient rendu leur rapport d’évaluation et proposeraient l’entreprise la moins disante comme adjudicataire. Car, son offre répond à toutes les exigences du DAO. Depuis, plus rien. Cela d’autant que, selon des sources bien informées, le directeur général des travaux publics aurait bloqué la transmission du dossier à la COPA (c’est la commission adjudicataire des marchés publics mise en place pour examiner et adopter les propositions des experts indépendants) pour avis et transmission au bailleur de fonds. Aujourd’hui, malgré l’espoir que fonde la réalisation du barrage de Kandadji, le dossier de la construction de la route serait bloqué au niveau de la direction générale des travaux publics qui aurait une préférence. Des sources crédibles indiquent que le directeur des travaux publics semble opter pour l’entreprise la plus disante. Cela en violation de toutes les dispositions du DAO et du Code des marchés publics. Une situation qui risque de compromettre dangereusement la construction de la route nécessaire pour la réalisation, à temps, du barrage de Kandadji. (Nous y reviendrons)
On est loin de la fin de l’affairisme…
Parce que Bazoum Mohamed n’a pas su frapper d’une main forte, pour dissuader d’éventuels détourneurs, faisant preuve d’une mollesse agaçante à faire face à la lutte contre la corruption, il y en a sans doute autour de lui encore à croire qu’ils sont intouchables et qu’ils peuvent continuer, en l’absence de représailles contre la mauvaise gestion, à faire prospérer leurs affaires. Quand Bazoum ne peut pas combattre le mal, en s’attaquant aux faits de mauvaise gouvernance dont il a hérité, il va sans dire que ceux avec lesquels il travaille ne peuvent qu’aller dans la même direction à perpétuer le mal et à salir sa gouvernance qu’il promettait pourtant de soigner. Ceux qui se permettent de telles pratiques sont-ils proches de lui ou du sérail de son prédécesseur qui lui a prêté un certain nombre d’hommes et de femmes qui, peut-on en convenir, ne viennent pas à sa rescousse pour l’aider à réussir sinon qu’à lui compliquer les choses pour que d’ici deux ans, des voix s’lèvent dans son parti pour se plaindre de sa gestion et trouver le moyen de le déclarer inapte pour briguer un second mandat. Du reste, il sait bien le plan machiavélique que ses « amis » pourraient mettre en oeuvre pour se débarrasser de lui car ce pouvoir, sans doute qu’il ne le voulait pas pour lui et ne servait de lui pour retarder le plan qu’ils peaufinaient depuis quelques temps pour espérer confisquer le pouvoir et s’en servir à gouverner pour le clan.