Cela fait des années, alors que les Nigériens se plaignent de leur démocratie, la France, la décrit, elle, comme un modèle de réussite, flattant une démocratie qui n’en était plus une depuis que les socialistes l’ont traquée et domptée pour en faire ce qu’ils veulent : une démocratie de façade. Tout le monde sait comment la démocratie est gérée dans le pays depuis qu’Issoufou accédait au pouvoir, étouffant toutes les opinions pour être seul à s’y pavaner en gentleman, vivant d’un culte de personnalité qui a fini par révéler aux Nigériens les suffisances et les vanités qui l’animent. Qui ne sait pas comment les élections, disons les processus électoraux, depuis que les socialistes dirigent le pays, sont conduites ? Les socialistes n’ont eu que du mépris pour les acteurs politiques qui refusent l’unanimisme vers lequel le PNDS voudrait pousser le pays pour faire croire que son champion serait incomparable. On savait, malgré tout le beau discours que la France, pour ses intérêts, peut tenir pour faire croire que tout serait merveilleux dans le pays, alors que tout va mal dans le pays. Il y a quelques jours, the Economist Intelligence Unit (EIU) a publié son rapport dans lequel il classait les pays du monde selon la qualité de la démocratie qu’ils promeuvent. Et, contrairement à ce que la France et l’Union Européenne peuvent dire de leur meilleur client – la Renaissance et sa démocratie – l’on peut enfin apprendre qu’au Niger il n’y a plus de démocratie. Le document nous apprend que Maurice est la première démocratie avec un score de 8.14 pendant qu’il classe le Benin à la 104ème place avec un score de 4.28, faisant de ce pays une démocratie hybride tout comme le Sénégal qui a dans ce classement un score de 5.72, qui lui donne la place de 79ème. Ce classement qui s’est basé sur des considérations objectives rend compte de la santé des démocraties sur le continent. La place du Sénégal n’est d’ailleurs plus étonnante quand on voit comment depuis des mois, sinon des années, des opposants sont persécutés pour trouver le moyen de les exclure des compétitions électorales. Ces attitudes liberticides, qu’on a d’abord observées pour faire école chez d’autres voisins de la sous-région ouest-africaine, ne peuvent qu’impacter la qualité de la démocratie et même la détruire.
Le Niger qui était devenu le laboratoire de cette médiocratie ne peut qu’occuper une place très piètre, déshonorante. Le pays est classé par l’EIU, avec un score de 3.75, à la 112ème place et est qualifié, comme il fallait s’y attendre, comme un pays autoritaire. Ce n’est d’ailleurs pas pour la première fois que cela arrive au pays. Il y a déjà des années où, faisant le même classement, sous Issoufou, le pays était considéré comme « autoritaire ». Il ne peut en être autrement quand, dans le pays, on n’autorise plus des manifestations tant de la part des syndicats que des partis politiques et de la société civile. Dans un pays où, en plus, la Justice est en panne et ce parce que ne peut aller en prison qu’une catégorie de Nigériens, les autres, parce qu’étant d’un certain cercle du pouvoir et quand même les plus condamnables par leurs actes et souvent par leurs paroles, sont soustraits de la justice, ne pouvant jamais répondre de leurs fautes. Aujourd’hui, pour n’avoir pas été capable de faire bouger les lignes, en s’affranchissant d’un tutorat forcé et en s’éloignant de pratiques héritées de l’ancien système, Bazoum laisse la démocratie nigérienne sous les même regards dépréciatifs. Comme quoi, au Niger, il n’y a pas de démocratie : le PNDS l’a vidée de son essence. Il l’a tuée.