Ce jeudi 2 mars marque l’anniversaire de la date de création de l’un des mouvements terroristes les plus actifs au Sahel : le JNIM (Rassemblement pour la Victoire de l’Islam et des Musulmans). Né de la fusion de quatre groupes djihadistes que sont Al-Mourabitoun, la branche Saharienne d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Dine et la Katiba Macina, le JNIM connaît une expansion inquiétante depuis sa création.
Acteur majeur de l’instabilité régionale !
Le JNIM était principalement actif au Burkina Faso, au Mali et au Niger où il a causé d’innombrables attaques ciblant généralement les populations les plus vulnérables ainsi que les forces armées locales et onusiennes.
Le mardi 21 février dernier, 3 Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont été tués et cinq autres grièvement blessés lorsque leur convoi a heurté un engin explosif posé par le JNIM dans le centre du Mali. Deux jours plus tard, le 23 février, une attaque du JNIM a causé la mort d’au moins 12 personnes dans le village de Kani-Bonzon. En outre, le village a été incendié et pilé et du bétail a également été volé par les djihadistes. « Le village de Kani-Bonzon a été victime hier soir d'une attaque terroriste faisant 12 morts. Nous avons rassemblé les corps ce matin qui étaient éparpillés un peu partout. Trois blessés graves ont été évacués au centre de santé de référence de Bankass », ont déclaré à Anadolu, Amadou Yaro Président du Conseil du cercle de Bankass.
Si, malheureusement, des scènes comme celle-ci sont devenues moins rares dans les pays dits du G5 Sahel, le constat est qu’aujourd’hui, le JNIM tente de déborder dans les États côtiers voisins de l'Afrique de l'Ouest et devient un acteur majeur de l’instabilité régionale.
Ainsi, en juin 2020, le groupe commet sa première attaque en Côte d’ivoire où 12 militaires et gendarmes ont péri à Kafolo. D’autres pays de la sous-région sont également sous la menace des terroristes du JNIM.
Au Ghana, une tentative de destruction d’un pond près Bawku à la frontière avec le Burkina et le Togo a causé 10 morts les 5 premiers jours de février. Suite à cet événement, le ministre de la défense ghanéenne a annoncé l’augmentation du nombre de soldats de 50 à 900 dans cette zone.
Le Togo a été ciblé, dans sa frontière nord avec le Burkina-Faso et le Niger : 4 paysans ont été égorgés à Tarou le 16 février et, le lendemain, 3 terroristes, tentant de faire un repérage pour poser des IED à Borgou, ont été arrêtés et lynchés par la population.
Le 21 février, les forces armées béninoises ont procédé à une opération visant à déloger des terroristes du JNIM dans le village de Daloga, commune de Matéri, à la frontière nord-ouest avec le Togo et le Burkina. Celle-ci a coûté la vie à 1 militaire tandis que 2 terroristes ont été neutralisés au cours de l’opération.
Wagner face au JNIM !
Si l’arrivée des mercenaires dans la région, notamment au Mali, a été soutenue par une partie de la population malienne et sahélienne, force est de constater que les résultats dans la lutte face au terrorisme se font attendre. Au contraire, les mercenaires semblent en très grande difficulté face aux terroristes. Selon un communiqué du JNIM en date du 22 février, des mercenaires de Wagner ont subi de lourdes pertes le 20 février dernier en tentant de traverser le fleuve par le village de Koa dans la région de Mopti. Si le communiqué ne donne pas de chiffre, il affirme qu’il y a eu des morts et des blessés acheminés par hélicoptère. Ce n’est pas la première fois que le JNIM avance avoir mis à mal les mercenaires de Wagner toujours dans la région de Mopti. Ils ont revendiqué une attaque ayant eu lieu le 10 janvier dernier visant Wagner. Au cours de celui-ci, toujours selon le communiqué, cinq mercenaires ont été tués et de l’armement et des munitions récupérés ainsi que des véhicules.
Loin de répondre efficacement aux défis sécuritaires qui pèsent sur toute la région, et sur le Mali plus particulièrement, la présence de Wagner semble davantage participer à la détérioration de la situation. Les accusations d’exactions et de pillages visant la société militaire privée se multiplient et le Droit International Humanitaire (DIH), également appelé « droit de la guerre » ou « droit des conflits armés », est bafoué. Ce sont ces accusations des populations, entre autres, qui ont valu à Wagner d’être classé « organisation criminelle transnationale » par les États-Unis le vendredi 20 janvier dernier.
Si certains mettent les mercenaires de Wagner et le JNIM dans le même panier, c’est parce que sur le terrain les deux s’en prennent aux populations vulnérables à chaque fois que l’occasion se présente.
Ce 2 mars, marquant les six ans du JNIM pose une question des plus actuelles : à quel avenir sécuritaire le continent doit-il s’attendre avec des djihadistes qui continuent de gagner du terrain ?! En attendant plus d’éléments de réponse, il est évident que les politiques sécuritaires qui sont en train d’être menées ainsi que les mesures futures se devront d’être efficaces. Le cas échéant, le pessimisme risque de gagner du terrain dans le continent pour une durée qu’il sera difficile de deviner à l’avance.