Ces derniers temps, les motocyclistes de la capitale souffrent énormément des abus d’autorité de la Police Nationale. Jamais, dans l’Histoire du Niger contemporain, l’on n’avait connu une telle situation dans la capitale, même pas pendant le régime de dictature militaire. En effet, sous prétexte de contrôle de pièces administratives d’engins à deux roues, l’on assiste à une véritable chasse à la sorcière dans la ville de Niamey contre les conducteurs de motos pas toujours en règle. De jour comme de nuit, des patrouilles de Police, à bord de leurs ‘’4x4 Station’’, qui ne sont même pas d’agents de la circulation, traquent les motos prises à défaut. Ces patrouilles de police font embarquer ces motos arrêtées dans leurs véhicules pour les acheminer, dans un premier temps, au Commissariat de la circulation routière, ensuite à la Société Nigérienne de Logistique Automobile (SONILOGA), la société chargée de l’immatriculation d’engins à moteur au Niger, depuis la mise en concession, en 2017, par l’Etat du Niger de cette mission. Alors, les propriétaires des motos saisies désireux de récupérer celles-ci, sont obligés de se rendre au niveau de SONILOGA pour y effectuer toutes les formalités administratives y afférentes.
Cependant, si ces motocyclistes sont souvent en contravention vis-à-vis de la réglementation en la matière, les pratiques policières en cours présentement pourraient l’être aussi, car c’est parfois en violation flagrante de la loi que ces agents de police agissent. En effet, il est, généralement, admis que le contrôle de la circulation routière est de la seule compétence de la Police de la circulation qui place ses agents sur les différents carrefours de la ville.
Ce contrôle policier devrait concerner uniquement les engins en circulation sur les différentes artères de la ville et non ceux en stationnement, comme le font, aujourd’hui, ces patrouilles de police. De notre point de vue, cet aspect de la question n’est pas du ressort de la Police, mais bien d’autres services de l’Etat, notamment la Douane Nationale qui peut intervenir partout pour contrôler la régularité de l’engin par rapport au dédouanement. Mais, ces derniers temps, dans la capitale, ces patrouilles de police ramassent même d’engins stationnés devant leurs lieux de travail ou devant des commerces de bouchers ou autres vendeuses de nourriture. Quelle formation spécifique ces agents de patrouilles de police ont-ils reçue pour effectuer ce genre de mission ? Souvent, ce sont d’éléments de la Police Secours ou de l’Ecole de Police que l’on rencontre dans ce genre d’opérations, qui n’ont aucune notion en matière de contrôle routier qui exigent, sans doute, une formation particulière. Ainsi, il n’est guère étonnant que l’on assiste à des bavures de la part de ces agents de police étrangers au contrôle routier, comme le fait de pourchasser les motocyclistes qui refusent d’obtempérer, au risque, parfois, de provoquer d’accidents de la circulation, comme par exemple, celui provoqué, récemment, à côté de la Boulangerie Rayyane de la Cité Chinoise ayant entraîné la mort du motard. Les images de cette bavure policière ont fait d’ailleurs le tour des réseaux sociaux de la place, grâce aux caméras de surveillance placées aux alentours ayant permis de filmer la scène macabre.
Pourquoi alors tout cet acharnement contre de simples motocyclistes, souvent de jeunes personnes insouciantes par rapport à la nécessité de se munir de pièces pour leurs engins ? Parfois, ce sont des individus débrouillards de leur état qui n’ont pas souvent les moyens financiers d’accomplir de telles formalités administratives. Cependant, un constat se dégage dans le comportement actuel de la Police Nationale en ce qui concerne ce contrôle routier intempestif, car dans les autres régions du pays, les usagers routiers sont tranquilles et roulent même sans casque. Pourquoi alors, ces deux poids, deux mesure pour les habitants de la capitale ? A ce que l’on sache, la loi doit être la même partout sur le territoire national, mais diable, pourquoi c’est seulement à Niamey que le contrôle routier revêt- il cet aspect très contraignant ? La population de Niamey serait-elle, dans ces conditions, victime de son positionnement politique ?
En tout état de cause, au regard de la gravité de la situation actuelle dans la capitale, l’on est en droit de se demander s’il existe réellement un ministre de l’Intérieur dans ce pays, dans la mesure où l’actuel Directeur Général de la Police Nationale, dont émaneraient toutes ces discutables instructions, semblerait être plus fort que lui. Depuis qu’il est en poste, l’on ne sent pas la patte de celui comme l’on présente comme, probablement, le ministre de l’Intérieur le plus incompétent de toute l’Histoire du Niger contemporain. Demain, si jamais, une pluie torrentielle emportait le bâtiment abritant ce ministère régalien, nul doute que personne ne serait-là, au Niger, pour le regretter, tant ce ministre manque d’épaisseur technique pour diriger ce département ministériel.
L’on pourrait également interpeller, à ce sujet, le Maire central de la région de Niamey, le Député- maire Oumarou Dogari, de plus en plus critiqué, ces derniers temps, pour la démission qu’il semble manifester dans l’accomplissement de son mandat municipal, fréquemment en mission à l’étranger pour un élu local.
Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne, Niamey ne présente pas un visage digne d’une capitale africaine, une ville sale, encombrée. Même la ‘’Voie Express’’, censée fluidifier la circulation urbaine aux abords du Grand Marché n’est plus que l’ombre d’elle-même, car abandonnée désormais aux charretiers ambulants et autres étals de commerce qui en obstruent fortement la circulation. Mieux, pour rajouter à cette ‘’pagaille’’ organisée dans la capitale, des titres de transport viennent récemment d’être accordés aux fameux tricycles qui pullulent dans la ville de Niamey, ces dernières années avec leur cortège d’accidents graves mortels occasionnés régulièrement par la mauvaise conduite due souvent au fait que ces conducteurs sont, pour la plupart d’entre eux, non détenteurs du permis de conduire pour cette catégorie d’engins.
Face aux exactions policières subies par les motocyclistes de Niamey, les élus locaux devraient prendre toutes leurs responsabilités pour interpeller à l’Assemblée nationale le ministre de l’Intérieur pour que, soit la loi s’applique à tous les citoyens, ergonomes (A l’égard de tous), soit cette injustice cesse à l’égard des habitants de la capitale !