Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Lettre au Président B. Mohamed : Monsieur le Président si la France prétend être là pour accompagner le Niger, le soutenir et apporter son expertise, ses armes et ses hommes dans la lutte contre le terrorisme, elle doit admettre que nous le fassions de co

Publié le samedi 18 mars 2023  |  nigerdiaspora.net
Coopération
© Présidence par DR
Coopération Niger -Bénin: Visite d’amitié et de travail du Président de la République au Bénin
Le Président de la République, Chef de l`État, SEM Mohamed Bazoum, est arrivé lundi 13 mars 2023 à Cotonou, pour une visite d`amitié et de travail de 48 heures, à l`invitation de son homologue béninois SEM Patrice Talon
Comment


Lettre au Président B. Mohamed : Monsieur le Président si la France prétend être là pour accompagner le Niger, le soutenir et apporter son expertise, ses armes et ses hommes dans la lutte contre le terrorisme, elle doit admettre que nous le fassions de concert avec le Mali frère et voisin avec lequel nous partageons bien plus qu’un simple tracé de frontière.

J’ai appris à quel point les discours désobligeants de vos hôtes militaires français – j’allais être tenté de dire “hôtes incongrus” — vous ont affligés. Je comprends fort bien ce chagrin car vous voulez à la fois sortir votre peuple de cette situation d’insécurité et garder vos amis français. Votre préoccupation, malheureusement, réunit deux intérêts que vous souhaiteriez, autant que possible, concilier mais qui, dans la logique française qui prévaut actuellement, s’excluent catégoriquement. Vos amis français, en vérité, ne comprennent pas et n’admettent pas, croyez-moi, qu’un chef d’État d’une ancienne colonie de la France veuille mettre en avant les intérêts de son pays. Leurs discours, toujours empreints de paternalisme et de condescendance, traduisent leurs pensées véritables, leurs intentions et la nature des rapports qu’ils croient devoir régir nos relations. Ne l’acceptez pas. Si, pour des raisons qui vous sont propres, vous avez des relations privilégiées avec les autorités françaises au point de parler et de prendre des positions alignées sur leurs desideratas, la visite du chef d’Etat-major des armées du Niger, le général Salifou Modi, est pour vos compatriotes un signe probant que vous en souffrez terriblement. Cette visite, attendue et saluée par vos compatriotes de tous bords politiques, est plus qu’un signe de votre volonté de changer de paradigmes en matière de sécurité. C’est une signature, une belle signature de ce que vous endurez dans cette coopération militaire encombrante et sans lendemain avec des pays qui, dans le meilleur des cas, sont là, les bras croisés et armes aux pieds, à regarder nous faire massacrer au quotidien. Je dis bien dans le meilleur des cas, car j’ai mon opinion personnelle et elle n’est pas certainement pour plaire à vos amis qui, au lieu de se remettre humblement en cause, cherchent des explications et des justifications alambiquées à leurs propres turpitudes.

Monsieur le Président,

Vos amis ne changeront pas et ce n’est pas parce que, jusqu’au sommet de l’État, il est établi que leur présence militaire ne nous est d’aucun intérêt qu’ils vont se résoudre à changer et à accepter de traiter avec nous d’égal à égal dans une coopération gagnantgagnant. Vous avez lucidement et courageusement posé un acte qui vous honore en envoyant le général Modi prendre langue avec l’armée malienne soeur. Si la France prétend être là pour accompagner le Niger, le soutenir et apporter son expertise, ses armes et ses hommes dans la lutte contre le terrorisme, elle doit admettre que nous le fassions de concert avec le Mali frère et voisin avec lequel nous partageons bien plus qu’un simple tracé de frontière.

La France n’a pas à considérer notre amitié comme une faiblesse à prendre de nouvelles directions pour le salut de notre peuple, de sa sécurité et de sa défense, source de paix et de développement. Elle n’a pas à nous manquer de respecter au point de penser que ces révoltes sourdes au sein des populations, des villes comme des campagnes, à l’encontre de cette coopération “unijambiste” et unidirectionnelle. Vos amis ne comprennent pas, car ils ne connaissent pas assez bien le niveau de maturation de notre peuple qui, malgré l’analphabétisme, a compris bien des choses dans les relations qui nous lient en général avec l’Occident. Pourtant, ils doivent comprendre en ouvrant les yeux, cela leur permettra de voir mieux que par le passé. Ils doivent également tendre l’oreille afin d’écouter et d’entendre mieux ces voix de la colère qui sonnent le glas de gouvernants qui écoutent plus et mieux d’autres voix que celle du peuple.

S’ils avaient un tant soit peu le sens de la compréhension mutuelle, ils n’auraient pas envoyé ces officiers d’armée auprès du président de la République que vous êtes. Que veulent-ils ? Que vous sacrifiez votre peuple sur l’autel de leurs intérêts aveugles et de leurs politiques machiavéliques ? Votre option de vous ouvrir au Mali est une sage décision, car vous avez écouté la voix de votre peuple, pas celle de la perdition qu’on veut vous inspirer. Vous avez une si grande culture générale et savez bien que l’Histoire du monde recèle d’exemples qui montrent qu’il n’y a nul avenir pour ceux qui trompent et trahissent leur peuple. Malgré votre vaste culture, je vous suggérerais de lire ou de relire l’Histoire secrète de la guerre du Golfe. Cet ouvrage vous permettra de sortir de la glace dans laquelle on veut vous enfermer et de solidifier la position courageuse que vous avez prise à travers cette visite du chef d’Etat-major des armées. Vos compatriotes, je puis vous l’assurer, ont hautement apprécié cet acte politique qui parle plus que tout. Bref, c’est pour vous dire que vous êtes sur la bonne voie et le Niger tout entier, à l’exclusion bien sûr de ceux qui privilégient la danse du ventre, vous en saura gré de poursuivre la dynamique ainsi entamée.

Monsieur le Président,

L’amitié est-elle synonyme de reniement de soi et de ses valeurs ? Je ne le pense pas. Ce pays est le nôtre et votre génération, bien plus que celle qui vous précède, n’a aucune excuse pour un échec. Vous avez été formé à grands frais par l’État, vous avez un bagage intellectuel digne d’intérêt et vous comprenez parfaitement, bien avant d’arriver à la tête de l’État, les enjeux et défis auxquels nous sommes confrontés. Si vous refusez d’agir dans le sens des intérêts de votre peuple, c’est parce que vous avez décidé de vous débiner face à une problématique plus que claire : c’est le Niger qui compte. Agissez pour rendre service à ce peuple qui vous a tout fourni et qui, au regard de tous les discours que vous avez tenus, hier et aujourd’hui, méritent que vous lui retourniez l’ascenseur. En un mot comme en mille, votre devoir, l’unique, est de faire preuve d’ingratitude vis-à-vis de ceux qui vous ont aidé uniquement ne pensant pouvoir vous instrumentaliser. Je ne peux pas comprendre et admettre la politique militaire française chez nous, pas plus que je ne comprends pas l’utilité de toute présence militaire étrangère sur notre sol. Si des individus ont pris de l’argent pour autoriser l’installation des armées étrangères sur notre sol, il est grand temps d’y mettre un terme. La souveraineté ne se sous-traite pas. Nous pouvons être pauvres, oui. Nous pouvons également nous révéler incapables de défendre cette souveraineté qui nous est chère, c’est possible. Cependant, nous n’aurons pas la vilenie d’avoir les meilleures armées sur nos terres et de nous faire massacrer par des criminels sortis, chaque fois, on ne sait d’où.

Si, comme vous le dites et comme l’a témoigné de la plus belle manière l’autre, votre prédécesseur, ceux qui nous attaquent viennent du Mali, quelle idée plus lumineuse pouvez-vous avoir en décidant de dynamiser la coopération militaire avec ce pays frère et voisin ? En mutualisant leurs informations, leurs ressources et leurs moyens, nos armées, auxquelles se joindront probablement celle du Burkina Faso, pourront à terme créer les conditions d’une politique sécuritaire raisonnable, appropriée et fructueuse pour nos peuples. En tout état de cause, songez au syndrome du ver dans le fruit, ne cédez pas au chantage, soyez partisan de cette sentence de Martin Luther King : « un homme meurt lorsqu’il refuse de défendre ce qui est juste. Un homme meurt lorsqu’il refuse de se battre pour la justice. Un homme meurt lorsqu’il refuse de prendre position pour ce qui est vrai ». Vous connaissez mieux que moi ce qui se passe, la tragédie que vit notre peuple du seul fait de la volonté d’individus sans foi ni loi ; vous connaissez surtout ce qui s’est passé à Karamga, à Inatès par deux fois, à Chinegoder et récemment à Intagamey. Prenez vos responsabilités de chef suprême des armées et déterminez- vous pour la sécurité et la défense du Niger et de son peuple. Pas pour faire plaisir à un tierspays.

Mallami Boucar
Commentaires