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Mendicité au Niger : Conséquence d’une démission collective

Publié le lundi 3 avril 2023  |  nigerdiaspora.net
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© aNiamey.com par DR
Les mendiants au Niger
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« Une première nécessité, née probablement d’une difficulté passagère, les a fait mendiants, le goût de la facilité et la cupidité les y ont maintenus »

S’il y a une seul chose qui frappe l’esprit et la vue de quiconque fait un tour dans nos villes, surtout les grandes, que l’on soit résidant ou de passage, c’est le phénomène de la mendicité et son ampleur dans notre pays.

Des mendiants partout

Les mendiants, chaque jour plus nombreux, sont partout : devant les maisons, dans la rue, au niveau des feux de stop, des ronds-points, les mosquées, aux cérémonies, devant les banques. Désormais, même les services publics ne sont pas épargnés. Jusque dans les écoles, il n’est pas rare de voir des mendiants, le plus souvent des aveugles, tirés par leurs ‘’conducteurs’’. Parmi ces mendiants, il y a des vieux, des hommes et des femmes dont certains semblent en pleine forme, et des handicapés de toutes sortes. Et aussi, de plus en plus, malheureusement, des enfants, filles et garçons, seuls ou accompagnant des personnes âgées, leurs ‘’employeurs’’. Par ailleurs, il ne serait pas faux de dire que parmi, ces jeunes qui mendient, il y a des enfants non scolarisés dont les villages ont été vidés et des élèves dont les écoles ont été contraintes de fermer par les terroristes et qui n’ont jusqu’ici pas eu d’école d’accueil. C’est un spectacle poignant et désolant de voir qu’une bonne partie de la population d’un pays ne compte que sur la mendicité. Nécessité, absence de perspective, paresse ou recherche du gain facile ? Les raisons de ce phénomène sont nombreuses mais peu sont justifiables dans une société humaine bien organisée et basée sur des valeurs. De surcroit fortement islamisée. Non contents de mendier à l’intérieur, au Niger, certains de nos compatriotes se rendent à l’extérieur, dans la sous-région, et même au-delà, pour, disent-ils, mendier.

Le Niger, pays exportateur de la mendicité

De sorte que certains n’hésitent pas à qualifier le Niger de pays exportateur de mendicité. Ce faisant, ces personnes, qui prennent le bus ou tout autre moyen pour aller dans d’autres pays, exposent leur misère aux yeux du monde entier. Pire, ils ternissent, de la plus triste manière, l’image du Niger. Dans les pays où ils vont s’adonner à cette activité qui déshumanise, il y a des personnes comme eux, avec les mêmes handicaps et qui, pourtant, gagnent leur vie autrement. Certains prennent même l’avion, selon des sources, pour l’Arabie Saoudite entre autres, dans l’unique but de mendier. Il y a trente ans, au Niger, dans nos villes et villages, il est rare, pour ne pas dire impossible, de voir un mendiant. Même les fous étaient pris en charge soit par leur propre famille ou une famille d’accueil. Les aveugles pratiquaient un métier. Il y avait des potiers, des cordiers… C’est dire que les objectifs même de la mendicité ont changé, si tant est que certains se paient un billet d’avion, à coups de millions de FCFA, pour aller à la Mecque, non pas pour faire le pèlerinage, mais pour mendier. On passe de la stricte nécessité à la professionnalisation. Pour beaucoup, la mendicité est de nos jours devenue une activité comme les autres, mieux une activité génératrice de revenus. La mendicité : une activité génératrice de revenus (AGR) Ils ne s’y adonnent plus pour manger, mais pour s’enrichir. Des mendiants se targuent d’avoir, au cours de longues années d’exercice de leur activité dégradante, construit des maisons et constitué un cheptel. Pourtant, rien n’autorise la mendicité, elle est même réprimée par la loi, considérée comme un délit. L’islam a tellement bien encadré le phénomène que peu de personnes s’y adonneraient. Aujourd’hui, le phénomène prend une ampleur inquiétante à plusieurs titres. Le nigérien est perçu comme un mendiant et le Niger un pays exportateur de mendicité. Beaucoup de ceux qui mendient peuvent exercer une autre activité. Mais, une première nécessité, née probablement d’une difficulté passagère, les a fait mendiants, le goût de la facilité et la cupidité les y ont maintenus. Car, c’est tentant de gagner de l’argent en ne faisant rien. Et comme certains veulent aller au paradis rien qu’en jetant une pièce de monnaie à un mendiant, le tour est joué, et se ferme le cercle vicieux.

L’utilisation des enfants mineurs dans la mendicité

Le pire dans la mendicité qui gangrène la société nigérienne, c’est que les enfants, filles et garçons, des mineurs, sont les plus nombreux. Il y a parmi eux des talibés, des enfants abandonnés, des enfants utilisés par leurs parents ou tuteurs pour la salle besogne et dont ils ne bénéficient pas, eux-mêmes, du honteux fruit. Mais, rien ne justifie la mendicité des enfants qui doivent être, à leur âge, dans les écoles et les ateliers pour apprendre. L’avenir de ces jeunes filles et garçons utilisés pour mendier, ou condamnés à mendier parce qu’abandonnés, est de ce fait hypothéqué. Au vu et au su de tous. Et c’est inquiétant. Parce que ces enfants, mineurs, qui n’ont pas encore le discernement, peuvent être enrôlés pour exécuter des tâches criminelles : prostitution, pédophilie, terrorisme, vol…Tout ce qui est aux antipodes des valeurs de la société humaine, de notre société. C’est donc une bombe à retardement, cette mendicité des mineurs.

La mendicité : signe d’une démission collective à éradiquer

Le fait que ce phénomène ne fait que s’amplifier de jour en jour est le fruit d’une démission collective : les parents, les leaders d’opinions qui doivent sensibiliser et rappeler chacun à sa responsabilité, l’Etat qui doit protéger les jeunes et créer les conditions pour qu’ils s’épanouissent. L’article 24 de la Constitution stipule à cet effet que « La jeunesse est protégée par l’Etat et les autres collectivités publiques contre l’exploitation et l’abandon. L’Etat veille à l’épanouissement matériel et intellectuel de la jeunesse ». Alors, pourquoi tout le monde laisse faire ? A qui profite la mendicité et, en particulier, la mendicité des filles et garçons mineurs ? Pourtant, tout le monde sait les conséquences graves d’un tel abandon collectif des enfants. Quels types de citoyens serontils dans 10 ou 20 ans? Eux que tout le monde a abandonnés, méprisés, respecteront-ils les valeurs, les lois et règlements d’une société qui, au lieu de les protéger et créer les conditions de leur épanouissement, les a négligés et les as relégués dans l’inhumanité ? Il est temps que tous les acteurs, parents, collectivités, ulémas, associations et l’Etat prennent leurs responsabilités pour mettre fin à ce phénomène dangereux, déshumanisant et qui n’a, nulle part, permis de bâtir une société digne et prospère, une pratique de surcroit interdite pour toutes ces raisons et punie par la loi.

BISSO
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