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Situation économique: après un rebond en 2022, la croissance de l’économie nigérienne surfe sur de perspectives reluisantes pour les prochaines années (Banque Mondiale)

Publié le mardi 20 juin 2023  |  actuniger.com
Siège
© Autre presse par DR
Siège de la Banque Mondiale
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L’économie nigérienne a fortement rebondi en 2022 à la faveur d’une bonne saison agricole et la croissance devrait suivre une tendance positive en 2023, pour atteindre un taux de 6,9 %, et pratiquement doubler à l’horizon 2024 (12,5 %) si les autorités réalisent leurs objectifs de production pétrolière. C'est la principale conclusion du dernier rapport de la mise à jour de la Situation économique du Niger dont les résultats essentiels ont été présentés lundi 19 juin 2023 au cours d'un atelier de dissémination du rapport organisé par la Représentation du Groupe de la Banque mondiale au Niger en partenariat avec le Ministère du Plan. Selon le rapport, malgré ces perspectives favorables, le Niger reste toutefois fortement exposé aux chocs climatiques, ainsi qu'au risque de détérioration de la situation sécuritaire, des facteurs qui pourraient susciter un fort mécontentement social et entraîner des dépenses publiques supplémentaires, ce qui compromettrait la réalisation des objectifs budgétaires.

L'atelier de dissémination du rapport de la mise à jour de la situation économique du Niger s'est déroulé au Radisson Blu hôtel de Niamey en présence du Secrétaire général adjoint du Ministère du Plan, M. Mamane Sama, du Représentant résidant de la Banque mondiale au Niger, M. Han Fraeters, ainsi que des représentants des instituions et structures nationales et régionales, des partenaires techniques et financiers ainsi que des cadres et experts du groupe de la Banque mondiale qui ont intervenu en visioconférence sur certains aspects majeurs du rapport.

Renforcer la résilience financière des éleveurs face à la sécheresse

Selon le rapport, après deux années marquées par une croissance terne, l'économie nigérienne s’est fortement redressée en 2022. Un rebond qui s'explique principalement par une bonne saison agricole, à la faveur de précipitations favorables et d’une expansion des terres irriguées. Cependant, ont relevé les auteurs du document, un degré élevé d’incertitude et des risques pourraient à l’avenir affecter la croissance, comme la situation sécuritaire et les chocs climatiques.

Le rapport présente une vue d’ensemble de la conjoncture économique et des niveaux de pauvreté au Niger en 2022, ainsi que les perspectives de croissance pour les trois prochaines années. Dans un dossier spécial intitulé "Renforcer la résilience financière des éleveurs face à la sécheresse", les auteurs ont également analysé l’intérêt pour les éleveurs de recourir à des instruments de financement et d'assurance des risques de catastrophe afin d'atténuer les conséquences socio-économiques néfastes des chocs climatiques. "L'élevage occupe une place prédominante dans l'économie nigérienne, avec une contribution de près de 15 % au PIB. Or, ce secteur est fortement exposé aux chocs climatiques", a expliqué M. Han Fraeters, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. En ce sens, il a indiqué que "les solutions de financement et d'assurance des risques de catastrophe peuvent contribuer de manière décisive à atténuer les effets néfastes des chocs climatiques sur les éleveurs, qui constituent l'une des populations les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. Ces communautés sont très exposées à ces chocs et peinent à les gérer et à s'en remettre".

Par ailleurs, la campagne agricole favorable de 2022 a tiré la croissance économique, entraînant une augmentation de 7,5 % du revenu moyen par habitant. Cette hausse a fait diminuer le taux de pauvreté de 6,4 points de pourcentage entre 2021 et 2022, entraînant une réduction du nombre de pauvres, un taux qui devrait continuer à baisser pour s’établir à 45,2 % en 2025.

Perspectives favorables malgré les défis

Selon le rapport, la croissance économique du Niger devrait suivre une tendance positive en 2023, pour atteindre un taux de 6,9 %, et pratiquement doubler à l’horizon 2024 avec une évolution à deux chiffres (12,5 %), "si les autorités réalisent leurs objectifs de production pétrolière", préviennent les auteurs du rapport. Le déficit budgétaire devrait ainsi se réduire en 2023 pour ressortir à 5,3 %. Cependant, tempère le rapport, pour ramener le déficit à 3 % du PIB, conformément au critère de convergence fixé par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), "le gouvernement devra assurer une gestion rigoureuse des revenus pétroliers attendus, mobiliser des recettes non pétrolières et gérer avec efficacité les pressions sur les dépenses dans un contexte de chocs fréquents".

"Il faut améliorer de toute urgence la gestion du secteur pétrolier et des recettes futures en adoptant une stratégie assortie d'une feuille de route précise pour la mise en place et en œuvre d’un fonds de stabilisation. Ce fonds devra être basé, entre autres, sur un prix de référence. Son objectif sera de protéger le budget contre la volatilité des prix du pétrole et de garantir une utilisation des nouvelles ressources de manière efficace pour réduire la pauvreté et renforcer la croissance à long terme", a de son coté recommandé M. Blaise Ehowe Nguem, économiste à la Banque mondiale en charge du Niger et coauteur du rapport.

Le rapport fait ressortir que le Niger est fortement exposé aux chocs climatiques, ainsi qu'au risque de détérioration de la situation sécuritaire. Des facteurs qui selon les auteurs, pourraient susciter un fort mécontentement social et entraîner des dépenses publiques supplémentaires, ce qui compromettrait la réalisation des objectifs budgétaires. "Le gouvernement du Niger déploie des efforts considérables pour mettre en œuvre des réformes pour soutenir une croissance durable", a estimé M. Paolo Di Lorenzo, économiste senior à la Banque mondiale et coauteur du rapport. Toutefois, a-t-il indiqué, "compte tenu des multiples incertitudes causées par diverses crises, dont le changement climatique, les priorités doivent être redéfinies et renforcées. Il faut notamment améliorer la mobilisation et la gestion des recettes publiques afin de tirer pleinement profit des possibilités de croissance et de progression du bien-être social, mais aussi renforcer la résilience aux chocs".

Il faut noter que dans l'allocution qu'il a prononcée à cette occasion, le Secrétaire général adjoint du Ministère du Plan a tenu à saluer la Banque Mondiale pour l’élaboration de ce rapport combien important pour le Niger. "Le Niger est un des pays les vulnérables aux changements climatiques" a rappelé M. Mamane Sama qui a saisi l'occasion pour mettre en exergue que malgré les défis, la croissance enregistre une évolution assez remarquable avec un taux de croissance qui n'a cessé de progresser sur les trois dernières années passant de 3,6% en 2020 à 6,3% en 2021 et 11, 9% en 2022, grâce notamment au bon déroulement de la campagne agricole.

"Le Niger, comme de nombreux autres pays du continent, fait face à de nombreuses crises aux impacts socio-économiques sévères. Malgré cela, le pays fait preuve d’une certaine résilience, même si la détérioration de la situation politique régionale et internationale ainsi que le durcissement des conditions financières internationales sont des sources d‘incertitudes majeures pour les perspectives économiques. La Banque mondiale reste et restera aux côtés du Niger en termes de soutien financier, mais aussi en termes d'expertise et d'analyse économique, qui sont tout aussi importantes." M. Han Fraeters, Représentant résident de la Banque mondiale au Niger.

Le Représentant résident de la Banque Mondiale a tenu à exprimer toute sa gratitude pour la parfaite collaboration avec l'ensemble des institutions nationales et autres partenaires du pays qui ont contribué à l'élaboration de ce rapport qui donne un angle de vue assez succinct de l'évolution ainsi que des perspectives de la situation économique nationale du pays. M. Han Fraeters a également saisi l'occasion pour souligner que la mise en place des solutions de financement des risques de catastrophes peuvent renforcer la résilience financière des éleveurs.

A.K. Moumouni
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